mardi 14 février 2017

Français issus de l'immigration et banlieusards, les dindons de la farce électoraliste sous François Hollande


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 Photo: Le Président Hollande au chevet de Théo à l'hôpital d'Aulnay-sous-Bois

C'est bien beau d'aller rendre visite sur son lit d'hôpital à un jeune banlieusard après une "bavure" policière, puis de se rendre à Aubervilliers pour apaiser les tensions. 

Mais quel est le bilan de François Hollande en matière de lutte contre les discriminations sociales à connotation raciale, de prévalence d'un plafond de verre du même ordre (notamment chez les hommes noirs et arabes), ou de maintien des contrôles aux faciès? J'ai bien peur que nous ne puissions poliment l'évoquer auprès de ces populations, tellement elles auront été - une fois de plus - les dindons de la farce électoraliste de 2012.

Alors autant s'abstenir d'aller les humilier à la fin d'un quinquennat qui ne leur aura été d'aucune avancée républicaine.

Joël Didier Engo, Président de NOUS PAS BOUGER



Les banlieues sous François Hollande : trois renoncements et deux échecs




Les banlieues sous François Hollande : trois renoncements et deux échecs
François Hollande en déplacement à Aubervilliers (93), mardi 14 février 2017. (NICOLAS MESSYASZ/SIPA)

Alors que des violences frappent plusieurs communes de Seine-Saint-Denis, le chef de l'Etat s'est rendu à Aubervilliers mardi matin.




Entre les banlieues et François Hollande, l'histoire avait d'abord bien commencé. En 2012, c'est dans ces quartiers populaires que celui qui n'était encore que le candidat socialiste à la présidentielle a réalisé parmi ses plus hauts scores, bien aidé par la forte impopularité de son rival Nicolas Sarkozy. Mais si sa victoire et le retour de la gauche ont pu laisser croire que la donne allait changer, cinq ans après, le bilan apparaît modeste, et la déception des habitants particulièrement forte. En octobre 2015, c'est même sous quelques huées que le président Hollande s'était rendu à La Courneuve...

Alors que le chef de l'Etat était ce mardi matin à Aubervilliers, et que des incidents violents frappent actuellement certaines communes de banlieue, retour sur 3 promesses emblématiques qui n'ont pas été tenues et deux échecs du quinquennat.
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1 - Lutte contre le délit de faciès

Cela faisait partie de ses "60 engagements" de 2012 : François Hollande avait promis la création d’une circulaire contre les "délits de faciès" lors des contrôles d'identité, censée éviter les violences policières. Elle n’a plus jamais été évoquée par la suite.

La promesse de lutte contre le délit au faciès a pris la forme, sous l'égide du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, d'un débat sur la remise de récépissés lors des contrôles. Concrètement, un coupon que le policier remet au contrôlé avec la date, le lieu et la raison du contrôle d’identité afin de pouvoir constater les discriminations. Le 16 octobre 2012, dans son "rapport relatif aux relations police-citoyens et aux contrôles d'identité", le Défenseur des droits Dominique Baudis estime que cette solution réduirait "mécaniquement le nombre de contrôles abusifs", même si elle ne réglerait pas le problème de fond des contrôles discriminatoires.

Pourtant, Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, avait écarté cette option dès août 2012 au motif qu’elle était, selon lui, "beaucoup trop bureaucratique et lourde à gérer". Il lui préférera une simple révision du code de déontologie des forces de l'ordre. Fin juin 2016, l'Assemblée nationale enterre l'expérimentation du dispositif. "Dix ans qu'on travaille sur le sujet" et "chacun sait qu'on ne trouvera pas de dispositif plus innovant", critique alors Benoît Hamon. D'autres solutions, comme la mise en place de petites caméras portées au niveau du torse et filmant les contrôles, sont envisagées. Mais il ne s'agit encore que d'expérimentations, et leur efficacité est contestée puisque ces mini-caméras sont gérées de manière unilatérale par le policier.

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2 - Droit de vote des étrangers

Autre de ses 60 engagements mis au placard : le droit de vote aux élections locales des étrangers résidant légalement en France depuis 5 ans. Véritable serpent de mer de la gauche – la proposition était déjà formulée par François Mitterrand en 1981, la mesure a toujours été bloquée par les parlementaires.

Pendant sa campagne, François Hollande précise qu'il tentera de la faire passer par une réforme constitutionnelle, mais qu'à défaut, "ce sera au peuple français d'en décider". Le référendum ne viendra jamais. Le 17 septembre 2012, Manuel Valls affirme dans "le Monde" que le droit de vote des étrangers n'est pas une revendication forte de la société. Le mois suivant, le gouvernement, qui l'avait promis pour les élections municipales de 2014, recule.

Manuel Valls, personnellement "favorable" à l'idée, rejettera à plusieurs reprises l'idée d'un référendum, selon lui perdu d'avance et de nature à alimenter la communication du Front national. Le 27 octobre 2015 : "Je vous donne le résultat, c'est-à-dire massivement contre, et en plus nous allons exacerber les tensions autour de cette question." Le 9 février 2016, il renchérit : "Je ne crois pas qu'aujourd'hui cet élément soit une priorité ou une attente."

Le 30 mars 2016, François Hollande abandonne l'idée d'une réforme constitutionnelle, enterrant du même coup les amendements relatifs au droit de vote des étrangers.
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3 - Police de proximité

Dénigrée et supprimée par Nicolas Sarkozy en 2003 alors qu'il était ministre de l'Intérieur, la police de proximité n'a pas été rétablie au cours du quinquennat. Si la promesse d'un retour de celle-ci ne figurait pas en tant que telle dans le programme du socialiste, l'engagement n°27 annonçait néanmoins "le rétablissement d'une présence régulière des services de police au contact des habitants dans les banlieues". Surtout, tout au long de sa campagne, François Hollande s'était montré favorable à ce dispositif, revendiquant à plusieurs reprises l'héritage de Lionel Jospin. "La police de proximité, ça marche", avait-il notamment clamé lors d'un déplacement à Dijon...

La promesse d'un retour de la police de proximité enterrée, le gouvernement a préféré se focaliser sur la création de zones prioritaires de sécurité (ZSP) et la création de "1.000 postes supplémentaires pour la justice, la police et la gendarmerie" chaque année. Au risque de négliger l'amélioration des relations entre la population et la police. Des relations plus que jamais tendues dans certains quartiers en dépit de l'arrivée de la gauche...

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Aujourd'hui ministre de l'Intérieur, Bruno Le Roux a pourtant longtemps été l'un des promoteurs de la police de proximité. Elu de Seine-Saint-Denis, nommé par Lionel Jospin en 1995 délégué national du PS chargé de la sécurité et la police, il fut également le rapporteur en 2001 de la loi sur la sécurité quotidienne. En 2005 enfin, en pleine crise des banlieues, il avait directement reproché à la droite la suppression de ce dispositif :
"Reconnaissez-vous aujourd'hui votre responsabilité, vous qui avez démantelé la police de proximité ?"

Les anciennes ZEP n'ont pas été transformées

En 2013, la loi de "refondation de l’école" prévoyait deux mesures-phares destinées notamment aux banlieues :

- la scolarisation des enfants de moins de 3 ans

- le principe de "plus de maîtres que de classes" (intervention de deux enseignants en classe)

Or, sur les 3.000 postes annoncés sur le quinquennat pour la scolarisation précoce, seuls 1.000 avaient été créés en 2016. Alors que l’objectif était d’atteindre 30% d’enfants de 2 ans scolarisés dans les zones défavorisées à l’horizon 2017, la proportion stagne à 20,6%. S’agissant des maîtres surnuméraires, seuls 2.300 postes (sur les 7.000 prévus) ont déjà été mis en place en 2016.

L'agenda pour l'école, présenté à l'automne 2012, entendait également mettre fin à la labellisation ZEP des établissements au profit d'"aides personnalisées aux établissements". Or si l'appellation "ZEP" a été remplacée par les REP (réseau d'éducation prioritaire) en 2014, le fonctionnement de ces établissements n'a pas été profondément reconfiguré. L'école publique française est même globalement de plus en plus inégalitaire. Les adolescents des quartiers en ZUS sont défavorisés dès leur entrée au collège : leur taux de réussite au brevet n’est que de 75,6%, contre 86,1% dans le reste du pays.

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Enfin, le gouvernement promettait de n'affecter en zone difficile que "des enseignants expérimentés sur la base du volontariat". Une mesure non réalisée, puisque des jeunes enseignants sont toujours affectés en éducation prioritaire.

Encore deux fois plus de chômage qu'ailleurs

Ce n'est pas à proprement parler un renoncement mais un échec, patent : le chômage reste en effet deux fois et demi plus élevé dans les quartiers prioritaires, selon la Cour des Comptes. Les jeunes de banlieue sont les plus touchés avec un taux de chômage de 42,1% chez les moins de 25 ans, contre 22,6% en moyenne en France.
L’Observatoire national de la politique de la ville dressait dans son dernier rapport un constat accablant de la situation dans les 1.296 quartiers classés en Zone urbaine sensible (ZUS), où vivent 4,8 millions de personnes :
"Depuis 2008, la crise y agit de façon plus brutale et plus profonde qu’ailleurs. Le chômage y a augmenté fortement, l’emploi a eu tendance à se précariser."
Depuis 2012, la création des emplois d’avenir se destine "en priorité" aux quartiers populaires. Ces contrats aidés, en CDD longs voire en CDI, concernent principalement le secteur non-marchand et s’appliquent essentiellement aux jeunes âgés de 16 à 25 ans peu ou pas qualifiés. Plus de 300.000 contrats en emploi d’avenir ont été signés depuis le début du quinquennat, soit le double des contrats promis. Mais la promesse d’assurer une formation complémentaire aux jeunes concernés est loin d’être toujours respectée. Selon une note de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) fin 2016, un an après la signature de leur contrat, seuls "3 jeunes sur 4 en emploi d’avenir ont bénéficié d’une formation et 1 jeune sur 2 d’une formation certifiante".

Sébastien Billard et Timothée Vilars

 

Comment François Hollande a perdu les banlieues

Le candidat François Hollande acclamé à Aulnay-sous-Bois lors d'un meeting le 7 avril 2012.
INFOGRAPHIE - Le candidat de la gauche avait, en 2012, multiplié les promesses à l'égard de l'électorat des quartiers populaires, qui avaient massivement voté pour lui. Il provoque aujourd'hui une déception à la hauteur de l'espérance suscitée.

«Alors, ils nous diront: “Mais de quel changement parlez-vous, que peut-on espérer?” Il y a eu tant de promesses, il y a cinq ans, du candidat qui fut élu, tant de désillusions, tant de déceptions, tant de trahisons. Pourquoi, ils nous interrogent, faudrait-il nous croire nous, quand lui a tout manqué, et d'abord manqué à ses promesses? Je suis conscient que la parole politique a été abîmée, a été abaissée. Je veux convaincre ces électeurs que le changement c'est maintenant, et que le changement c'est possible!» Ces mots, prononcés par François Hollande lors d'un meeting à Aulnay-sous-Bois, le 7 avril 2012, deux semaines avant le premier tour de la présidentielle, prennent aujourd'hui une tout autre saveur, alors que des émeutes viennent couronner un quinquennat marqué notamment par la désillusion des quartiers populaires envers la gauche.

Le moteur de l'antisarkozysme

Pourtant, tout avait bien commencé. Dans son discours d'Aulnay, le candidat du PS exhortait «ce qu'on appelle la “banlieue” et qui est tout simplement la France!» à se déplacer aux urnes et à voter pour lui. «Vous êtes une chance pour la France», martelait-il. Dans un clip surréaliste, réalisé par le collectif 2H12CREW, exhumé sur les réseaux sociaux par le journaliste Axel Roux, on voyait le futur président de la République sillonner pendant 48 heures la banlieue parisienne (Creil, Les Ulis, Clichy Sous-Bois , Aubervilliers, Aulnay-sous-Bois) au son de Niggas in Paris, une chanson de Jay-Z et Kanye West. Le candidat de la gauche enchaînait les selfies au milieu de jeunes banlieusards qui brandissaient leur carte électorale en clamant «Big-up François Hollande!», «François président Inch'Allah», ou encore «J'ai jamais voté de ma vie mais là je vais voter François Hollande».

«Dehors Sarko!» criait alors l'un des habitants. Et Hollande de répondre: «Il ne suffit pas de mettre quelqu'un dehors, il faut mettre quelqu'un dedans.» Phrase révélatrice sur le moteur principal du vote des banlieues en faveur de Hollande: l'antisarkozysme. Dans son discours d'Aulnay, il n'hésitait pas à faire huer le candidat de la droite: «Ce sont les Français qui vont bientôt lui adresser la lettre de licenciement, mais d'ici là, il faut les convaincre, ce n'est pas fait, ce n'est pas acquis!»
Cette stratégie de séduction avait fonctionné. Au deuxième tour, le candidat avait fait ses meilleurs scores au-delà du périphérique, réalisant par exemple 65% en moyenne en Seine-Saint-Denis (avec un pic de 72.07% à Aubervilliers), des taux beaucoup plus élevés que ceux de Ségolène Royal en 2007.

Promesses non tenues

Lutte contre le contrôle au faciès, emplois, éducation, politique de la ville: les promesses de François Hollande avaient été nombreuses envers ces «ghettos» qu'il voulait voir disparaître. Comme le montre le site Luiprésident.fr, qui surveille la réalisation des promesses du candidat, beaucoup n'ont pas été tenues

Ainsi, si le président a lancé en 2014 un énième plan banlieue au coût de 5 milliards d'euros pour, selon les
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mots de Manuel Valls, «lutter contre un apartheid territorial, social, ethnique», s'il a créé 300.000 emplois d'avenir, et augmenté les moyens destinés à l'éducation prioritaire, il n'a pas réussi à endiguer le chômage de masse, qui demeure, selon le dernier rapport de l'Observatoire national de la politique de la ville, à 26,7 % dans ces quartiers, contre un taux global de près de 10 % pour les agglomérations dont ils font partie.

D'autres promesses, comme la lutte contre le délit de faciès lors des contrôles d'identités, le CV anonyme ou le droit de vote des étrangers aux élections locales, ont été tout bonnement abandonnées. La promesse du rétablissement de la police de proximité, supprimée par Nicolas Sarkozy en 2003, a été enterrée, même si le gouvernement a mis en place des Zones prioritaires de sécurité (ZPS) et créé des postes de policiers.

» Lire aussi - Fin du délit de faciès: la promesse oubliée de François Hollande

Mariage pour tous et état d'urgence

Si de nombreux moyens financiers ont été octroyés à la banlieue, le ressentiment vient d'ailleurs. Le mariage pour tous, peu apprécié par un électorat musulman conservateur, ainsi que l'état d'urgence, que certaines associations communautaristes comme le CCIF décrivent comme une attaque contre les musulmans, ont conduit à une désaffection envers le parti socialiste. La figure autoritaire du premier ministre Manuel Valls et son soutien aux Juifs de France ont pu braquer une population très sensible à la cause palestinienne. Ainsi, à l'été 2014, une explosion de violence avait eu lieu après des manifestations en faveur de Gaza.

Pour Benoît Hamon, qui essaie de séduire l'électorat des quartiers populaires, les banlieues auraient été carrément stigmatisées sous le quinquennat Hollande. «Tout au long du quinquennat, les habitants des banlieues ont été visés. Un jour sur le port du burkini, un autre sur la laïcité avec le Premier ministre qui parle d'interdire le voile à l'université. Il y a eu très peu de messages positifs en direction des quartiers», affirmait-il à Libération en septembre 2015. «Du coup, malgré les efforts financiers, les blessures sont grandes chez les habitants. Et pour beaucoup, au niveau de la stigmatisation et de la mise à l'écart, Hollande et Sarko, c'est pareil.»

Le candidat du PS pour 2017 parviendra-t-il à séduire à nouveau les quartiers populaires? Rien n'est moins sûr. En guise d'avertissement, de nombreuses villes de banlieue ont basculé à droite aux municipales, en 2014.

 

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