mercredi 8 février 2017

Les descendants d'immigrés vivent surtout en ville



INFOGRAPHIE - Origine, âge… Une étude de l'Insee dresse le portrait de la seconde génération, qui représente 7,3 millions de personnes en France.

«Né en France d'un parent immigré», c'est aujourd'hui le cas de 7,3 millions de personnes. Soit 11 % de la population en 2015. Une étude publiée mardi soir par l'Insee dresse leur portrait. «Nous avions déjà étudié les descendants d'immigrés, mais sur un champ plus restreint, explique Marie Reynaud, chef d'unité des études démographiques et sociales et auteur de cette étude. C'est la première fois que nous sortons un cadrage global sur l'année 2015.»

L'origine de ces 7,3 millions de personnes reflète l'histoire des flux migratoires qu'a connus la France depuis plus d'un siècle. La majeure partie (45 %) est d'origine européenne: enfants d'immigrés en provenance d'Espagne ou d'Italie, arrivés dans les années 1930, ou du Portugal plus tardivement, à partir des années 1970. Viennent ensuite les vagues d'immigration en provenance du Maghreb, dès l'après-guerre pour les Algériens et à la fin des années soixante pour les Marocains: leurs descendants représentent 31 % des enfants d'immigrés. À partir du milieu des années 1970, l'immigration concerne davantage d'autres pays d'Afrique ou d'Asie, avec des flux moins importants. En 2015, 11 % des descendants ont au moins un parent né en Afrique subsaharienne, tandis que 9 % ont au moins un parent né en Asie.

 

«Une certaine mixité»

Ces immigrés de la deuxième génération sont plus jeunes que le reste de la population: 47 % d'entre eux ont moins de 25  ans - contre 30 % de la population n'ayant pas de parents immigrés. Les vagues d'immigration en provenance de l'Afrique subsaharienne sont plus récentes, ce qui explique que huit descendants sur dix de cette origine ont moins de 25 ans. En ce qui concerne les descendants d'origine maghrébine, six sur dix ont moins de 25 ans.

Près de la moitié de ces descendants (3,3 millions) ont deux parents immigrés. Dans neuf cas sur dix, ces derniers sont originaires du même pays. Une proportion plus importante (3,6 millions) est issue d'un couple mixte, dont un seul des parents est immigré. Il s'agit plus fréquemment d'un père immigré et d'une mère française, que l'inverse. «Ce que l'on peut remarquer à travers cette étude, note Marie Reynaud, c'est qu'il y a une certaine mixité, qui se voit par deux indicateurs: la moitié des descendants sont issus d'un couple mixte. Et pour ceux de plus de 25 ans qui vivent en couple, deux tiers d'entre eux ont choisi un conjoint qui n'est ni immigré, ni descendant d'immigré. Ainsi la mixité du couple parental semble favoriser la mixité des couples formés par leurs enfants.» De fait, le choix d'un conjoint d'origine différente est plus fréquent parmi les descendants européens que parmi les descendants d'immigrés africains. 

Où les descendants d'immigrés choisissent-ils de s'installer? «On sait que spatialement, les immigrés sont très concentrés dans l'unité urbaine de Paris (35 %) et dans les grandes villes, précise l'auteur. Pour leurs descendants, on a également une concentration très forte, mais légèrement moindre: 30 % des descendants d'immigrés résident dans l'unité urbaine de Paris. C'est plus du double de la population sans lien direct avec les migrations.» Les immigrés européens se répartissent entre l'Île-de-France (26 %) et les régions Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur (30 %). Idem pour leurs enfants, qui sont toutefois un peu moins présents en région parisienne (21 %). Les immigrés et descendants d'origine africaine hors Maghreb sont quant à eux très présents en Île-de-France (56 %). Un tiers des immigrés maghrébins résident en région parisienne, comme leurs enfants. Ils sont 13 % en Paca et 13 % également en Auvergne-Rhône-Alpes. À l'inverse, les communes rurales concentrent 8 % des immigrés, 11 % de leurs descendants, mais 27 % de la population ni immigrée, ni descendante d'immigrés.

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