mardi 20 juin 2017

Journée internationale des réfugiés. Sept questions sur les réfugiés: qui ils sont, d’où ils viennent, où ils vont



Des réfugiés sont expulsés de l'aéroport abandonné d'Hellenikon, près d'Athènes, en Grèce, le 2 juin 2017. La Grèce est devenue une des principales portes d'entrée en Europe pour les personnes qui fuient les conflits au Moyen-Orient.


© Reuters/Costas Baltas
 

Chaque année, le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) des Nations unies publie des chiffres sur la situation des réfugiés et des migrants dans le monde. Si ces deux populations sont souvent confondues, il existe pourtant des différences légales entre l’une et l’autre. Au total, les réfugiés représentent 22,5 millions de personnes, soit moins de 1% de la population mondiale. Ils sont de plus en plus nombreux, et viennent majoritairement du Moyen-Orient, mais aussi d’Afrique. Evolution notable par rapport à 2016 : le Soudan du Sud est devenu le troisième pays le plus fui par des populations.

► Qu’est-ce qu’un réfugié ?

Le HCR définit les réfugiés comme « [des] personne[s] qui fui[en]t des conflits armés ou la persécution […] On les identifie précisément, car il est dangereux pour eux de retourner dans leur pays et qu’ils ont besoin d’un refuge ailleurs. Ne pas accorder l’asile à ces personnes aurait potentiellement des conséquences mortelles. » Le statut des réfugiés est encadré par le droit international (Convention de Genève de 1951 notamment), et tout un ensemble d’autres dispositions législatives selon lesquelles un réfugié ne peut être renvoyé dans un pays où sa vie et sa liberté seraient menacées.

Avant d’obtenir le statut de réfugié, l’individu est d’abord demandeur d’asile, et doit prouver qu’il est persécuté ou risquerait de l’être à titre individuel. « Cette notion d’individualisation est importante, explique l’universitaire Catherine Withol de Wenden au CNRS (Centre national de la recherche scientifique), car chaque demandeur d’asile doit apporter la preuve qu’il est directement menacé. En clair, il ne suffit pas de venir d’une zone de guerre pour se voir attribuer automatiquement le statut de réfugié. »

Tous les réfugiés sont des migrants, mais tous les migrants ne sont pas des réfugiés : les migrants sont définis par l’ONU comme des personnes nées dans un pays et vivant dans un autre pour une durée supérieure à un an. Les migrants peuvent choisir de quitter leur pays, que ce soit pour échapper à la mort, ou simplement pour améliorer leurs conditions de vie (on parle alors de migration économique), ou pour étudier à l’étranger par exemple.

► Combien sont-ils
Selon le HCR, les réfugiés seraient 22,5 millions à travers le monde fin 2016, contre 21,3 un an auparavant. Un quart d’entre eux (5,3 millions) sont Palestiniens et dépendent d’une branche spéciale du HCR, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (l’UNRWA en anglais).

Au total, les réfugiés représentent 0,3% de la population mondiale. La moitié d’entre eux aurait moins de 18 ans, un tiers d’entre eux seraient des enfants. Si l’on considère l’ensemble des déplacés, c’est-à-dire tous ceux qui ont fui des conflits ou des persécutions pour s’installer ailleurs dans leur propre pays ou à l’étranger, on arrive à un total supérieur à 65 millions, soit près de 1% de la population mondiale. Chaque minute, 20 personnes seraient contraintes de fuir leurs foyers.

► D’où viennent-ils ?

Pour la plupart, les réfugiés sont originaires des pays du Proche et du Moyen-Orient. Hormis la situation particulière des Palestiniens, les pays d’où partent le plus grand nombre de réfugiés sont la Syrie (5 millions) et l’Afghanistan (2,7 millions). Les conflits qui ravagent ces deux pays poussent les populations à l’exode, que ce soit dans les pays de la région ou vers d’autres zones du monde, comme l’Europe. En 2016, la moitié des Syriens vivaient déplacés, soit à l’intérieur des frontières du pays, soit à l’étranger, notamment dans les pays limitrophes.

Le Soudan du Sud arrive en troisième place de ce sombre classement, devançant la Somalie qui l’occupait en 2015. Près d’un million et demi de personnes ont fui le Soudan du Sud l’année dernière. Le HCR écrit dans son rapport qu’il s’agit de la population réfugiée qui a connu la plus forte augmentation (+64% pendant la seconde moitié de 2016), et qu’elle se compose majoritairement d’enfants.

Au total, 55% des réfugiés dans le monde viennent de ces trois pays.

Pays qui d'ù viennent le plus de réfugiés : en bleu clair le nombre de réfugiés ayant quitté le pays en 2015, en bleu foncé les chiffres fin 2016. © Rapport 2017 du HCR
► Où sont-ils ?

Plus de 8 réfugiés sur 10 sont installés dans des pays en développement. Les pays qui accueillent le plus de réfugiés sont logiquement situés au Proche et au Moyen-Orient : 2,9 millions sont installés en Turquie, 1,4 million au Pakistan, et un million au Liban. Proportionnellement à sa population, ce dernier pays accueille le plus grand nombre de réfugiés, puisqu’ils représentent environ un sixième de l’ensemble des personnes vivant sur le territoire.

En 2015, l’Union européenne avait adopté un plan de relocalisation de 160 000 demandeurs d’asile. La démarche est lente, puisque actuellement, seules 21 000 personnes arrivées en Italie et en Grèce ont été réparties dans les pays membres. La faute notamment à un manque de volonté politique des gouvernements nationaux : la Commission européenne a d’ailleurs annoncé mercredi 14 juin 2017 qu’elle allait entreprendre des procédures légales contre la Hongrie, la Pologne, et la République tchèque. L’Allemagne est le pays du monde qui reçoit le plus de demandes d’asile : 1,3 million à la fin de l’année 2016, pour une population totale de 81,41 millions.

S’ils ne sont pas considérés comme des réfugiés, on remarque toutefois que le pays qui compte le plus grand nombre de déplacés sur son propre sol est la Colombie : plus de 7 millions de personnes ont fui le conflit avec les Forces armées révolutionnaires (FARC).

Pays qui accueillent le plus de réfugiés : en bleu clair le nombre de réfugiés accueilis fin 2015, en bleu foncé les chiffres fin 2016. © Rapport 2017 du HCR
► Par où passent-ils ?

Par définition, un réfugié a dû traverser une frontière. Le plus souvent, ce passage s’effectue illégalement, ou du moins hors de tout contrôle policier, avec l’appui de passeurs qui monnaient leurs services. Certaines traversées sont plus périlleuses que d’autres : dans le Sahel, il n’est pas rare de retrouver des convois de réfugiés décédés, car perdus alors qu’ils tentaient de gagner les côtes de la Méditerranée depuis l’Afrique de l’Ouest ou l’Afrique centrale.

La Méditerranée est la route migratoire la plus empruntée. Depuis le début de l’année 2016, plus de 10 000 personnes ont perdu la vie en tentant la traversée dans des embarcations de fortune, notamment depuis les côtes libyennes vers l’Italie ou depuis la Grèce vers la Turquie.

► Où sont les plus grands camps de réfugiés ?

Au moins 4,4 millions de personnes vivent dans des camps de réfugiés selon le HCR, qui explique dans son rapport n’avoir pu collecter de données que pour les ¾ de la population réfugiée. Ces camps, souvent construits illégalement, sont gérés par des associations ou des organisations internationales, et plus ou moins encadrés par les pouvoirs publics, qui cherchent souvent à les fermer.

C’est par exemple le cas à Calais, dont la « jungle » a été détruite en 2016, ou à Dadaab au Kenya. Dadaab a été pendant plusieurs années le plus grand camp de réfugiés au monde. Il a accueilli jusqu’à un demi-million de personnes, notamment venues de la Somalie toute proche. C’est pour un motif sécuritaire que les autorités kényanes souhaitent fermer ce camp depuis plusieurs années : elles reprochent aux jihadistes shebabs de se cacher dans le camp.

La plupart des camps ne sont pas construits pour durer, mais devant l’absence de solutions, le court-terme devient permanent. Ainsi, depuis la guerre israélo-arabe de la fin des années 1940, des millions de Palestiniens sont parqués dans une cinquantaine de camps, que ce soit dans les Territoires palestiniens, en Syrie, au Liban ou en Jordanie.

► Qui les aide ?

La plupart des pays développés disposent de services ou d’administrations spécialisés pour les réfugiés : c’est par exemple le cas de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA) en France.

Au niveau international, le Haut Commissariat aux réfugiés est un office spécialisé de l’ONU. Doté d’un budget de plus de 6 milliards d’euros, financé à 90% par les dons des Etats ou de l’Union européenne, le HCR emploie plus de 10 000 personnes dans le monde.

Une part importante du travail d’aide aux migrants est cependant prise en charge par les organisations non-gouvernementales ou les associations. Qu’elles soient locales ou internationales, elles cherchent à faire pression sur les gouvernements et les pouvoirs publics en mobilisant le plus grand nombre de citoyens, via des pétitions, des hashtags, et bien sûr actions sur le terrain.

Certaines se spécialisent dans l’accueil, l’assistance et l’intégration des réfugiés, comme le BAAM à Paris, ou le réseau de La Cimade dans toute la France. D’autres vont au contraire soutenir les migrants sur le terrain, comme la Croix-Rouge qui se déplace dans les camps de réfugiés, ou SOS Méditerranée et Proactiva Open Arms, qui interviennent en Méditerranée pour secourir les bateaux en difficulté.

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