"Tous Français jusqu'à la déchéance"...Indépendamment ou avant
celle-ci, prévaudra désormais une rupture constitutionnelle d'égalité
entre les Français de souche et les Français d'origine étrangère.
Il sera de la sorte ô combien difficile de convaincre nombre de jeunes
français de parents ou grands parents étrangers - notamment dans les
quartiers dits difficiles - qu'ils ne sont pas uniquement des "Français
sur papiers"' comme ils ont coutume de dire...
Car à l'instar de
ce qui prévaut dans les sociétés ségréguées, cette mesure a le mérite
(pour peu qu'on lui en trouve un) de la clarté discriminante.
Puisqu'elle vient officiellement replacer chaque citoyen Français à la
place que lui assigne la constitution.
Il y aura ainsi désormais des
Français à part entière et des demi-Français.
Et gare à celles et
ceux qui ne l'auront pas entériné et continueraient - sans nourrir la
moindre haine de la France, ni le moindre complot terroriste contre elle
- de se bercer d'illusions fraternelles. Mesdames et Messieurs les Français binationaux, la Liberté peut-être,
mais l'Égalité et la Fraternité ne vous ont en réalité jamais
concernées. C'est ce qui vient solennellement de vous être signifié.
En effet comment comprendre qu'on puisse de fait considérer une catégorie de citoyens d'un pays comme des terroristes potentiels? Si derrière cette annonce, ne remonte pas à la surface sur fond d'émotion collective ce bon vieux tropisme racialo-civilisationnel, auquel nombre de dirigeants politiques de la Patrie des Droits de l'Homme semblent avoir du mal à se départir.
Et j'arrête-là, précisément pour ne pas être assimilé à un naïf gauchiste, voire à un sympathisant du terrorisme...parce qu'on ne sait jamais. Au moins les initiateurs de cette révision constitutionnelle auront-ils été suffisamment avertis dans cette "déchéance" du danger représenté par ce "symbole" réactionnaire et identitaire pour la cohésion nationale française. Car elle pourrait davantage aggraver ce "mal être français" qu'ils disent vouloir traiter avec la stigmatisation bi-nationale et ethnique d'une catégorie de Français.
Il appartient à ces Français de seconde zone de veiller à ce que la déchéance brandie comme une menace républicaine contre eux, ne soit précisément jamais la leur, ni celle des autres.
À l’évidence nous assistons ici à l'une des plus graves entorses au droit du sol en France...entreprise
par un Président élu majoritairement par des personnes de sensibilité
progressiste. Il faudra parfois avoir survécu les attentats
du 13 novembre 2015 à Paris pour voir cela: la vraie apothéose des obscurantistes qui ont ôté les vies innocentes.
Quelle infamie!
Car poser la double nationalité comme le problème majeur, à l'origine notamment des attentats du 13 février 2015 qui ont endeuillé des Français (de toutes les origines), dont certains originaires d'autres zones géographiques de la planète ...relève ou de l'enfermement identitaire, ou de la bêtise crasse d'une classe politique qui ne veut plus penser, rivée qu'elle est aux slogans populistes d'une extrême droite conçue comme l'adversaire de choix pour un second tour de l’élection présidentielle.
À ce petit jeu, l'actuel exécutif Français perdra dans tous les cas de figures, parce que les électeurs du FN préféreront toujours l'original à la copie.
Mais il faut être particulièrement cynique pour laisser entendre à une certaine opinion publique française transie de peur, que des gosses nés en France de parents ou de grands parents étrangers se sont égarés dans le terrorisme fondamentaliste parce qu'ils jouissaient d'une double nationalité. Alors même que nombre d'entre-eux n'ont jamais mis un pied dans ces pays dits d'origine, qui pour certains comme en Afrique du Nord ne reconnaissent d’ailleurs pas souvent la double nationalité, et s'opposeront inévitablement à toute extradition sur leur sol de terroristes français.
À moins alors que l'apatridie non assumée soit en réalité l'impasse dans laquelle la Patrie dite des Droits de l'Homme veut désormais assigner certains de ses "bi-nationaux", en contravention avec sa propre loi fondamentale et le droit international.
Quelle grande avancée!
Car poser la double nationalité comme le problème majeur, à l'origine notamment des attentats du 13 février 2015 qui ont endeuillé des Français (de toutes les origines), dont certains originaires d'autres zones géographiques de la planète ...relève ou de l'enfermement identitaire, ou de la bêtise crasse d'une classe politique qui ne veut plus penser, rivée qu'elle est aux slogans populistes d'une extrême droite conçue comme l'adversaire de choix pour un second tour de l’élection présidentielle.
À ce petit jeu, l'actuel exécutif Français perdra dans tous les cas de figures, parce que les électeurs du FN préféreront toujours l'original à la copie.
Mais il faut être particulièrement cynique pour laisser entendre à une certaine opinion publique française transie de peur, que des gosses nés en France de parents ou de grands parents étrangers se sont égarés dans le terrorisme fondamentaliste parce qu'ils jouissaient d'une double nationalité. Alors même que nombre d'entre-eux n'ont jamais mis un pied dans ces pays dits d'origine, qui pour certains comme en Afrique du Nord ne reconnaissent d’ailleurs pas souvent la double nationalité, et s'opposeront inévitablement à toute extradition sur leur sol de terroristes français.
À moins alors que l'apatridie non assumée soit en réalité l'impasse dans laquelle la Patrie dite des Droits de l'Homme veut désormais assigner certains de ses "bi-nationaux", en contravention avec sa propre loi fondamentale et le droit international.
Quelle grande avancée!
Joël Didier Engo
C'était il y a cinq (05) ans:
«La Nation, c'est un traitement digne et égal pour tous»
— 13 septembre 2010
La révision constitutionnelle présentée par le gouvernement vise à étendre la déchéance aux «binationaux nés Français» auteurs de «crimes contre la vie de la nation».
En 2010, «Libération», SOS Racisme et La Règle du jeu lançaient un appel contre l'extension des possibilités de déchéance de la nationalité française, qu'avaient signé entre autres François Hollande et Manuel Valls. Nous le republions ici.
«La Nation, c'est un traitement digne et égal pour tous»
Libération, SOS Racisme et La Règle du jeu lancent un appel contre l'extension des possibilités de déchéance de la nationalité française.
«En proposant d’étendre les possibilités de déchéance de la nationalité française à de nouvelles catégories de citoyens, Nicolas Sarkozy a franchi, avec le discours de Grenoble, un cap dangereux.
En effet, pour la première fois au plus haut de niveau de l’Etat, il aura été publiquement affirmé qu’il existe des «Français de souche» et des «Français de papier», comme le clame le Front National depuis sa création et au risque de crédibiliser ce dernier. Allant jusqu’à remettre en cause le droit du sol, le Président de la République voudrait en outre que les jeunes «d’origine étrangère» ne deviennent plus automatiquement français à leur majorité s’ils ont été délinquants!
Sous le faux prétexte d’assurer la sécurité des Français, le pouvoir tend en fait à imposer une idée aussi simple que malhonnête: les problèmes de notre société seraient le fait des étrangers et des Français d’origine étrangère.
De tels propos, relayés et amplifiés jusqu’à la nausée par nombre de responsables politiques poursuivent une lente mais sure dérive illustrée aussi bien par le débat sur l’identité nationale que par l’ignoble stigmatisation dont les Roms et les Gens du voyages sont depuis quelques semaines les victimes.
Ces propos constituent une atteinte intolérable aux principes constitutifs de la Nation.
Pour nous, la Nation, ce n’est pas la recherche frénétique de la mise au ban de citoyens. C’est tout au contraire l’affirmation de la légitimité de tous à participer en pleine égalité aux choix publics.
Pour nous, la Nation, ce n’est pas l’utilisation des étrangers comme boucs émissaires afin de masquer le marasme économique et social de notre pays.
C’est tout au contraire l’attachement à un traitement digne et égal de tous.
Malheureusement, cette atteinte aux valeurs d’égalité et de dignité s'apprête aujourd’hui à trouver une concrétisation à travers le projet de loi Besson relatif à l’immigration et la batterie d’amendements d'ores et déjà annoncés pour durcir un texte qui tournait déjà le dos aux principes humanistes les plus élémentaires.
Face à cette offensive, nous prononçons un triple «non»:
Non à l’extension des possibilités de déchéance de nationalité !
Non à la stigmatisation des Roms et des Gens du voyages!
Non au recul des droits des étrangers contenu dans le projet de loi Besson !»
Cliquez ici pour signer la pétition.
Premiers signataires:
ABDAT Ameziane Président de Zyva
ABELANSKI Lionel Comédien
ABERDAM Edith Président du Cercle Bernard Lazare
AIDENBAUM Pierre Maire du 3eme arrondissement de Paris
AMADIEU Jean-François Professeur d'Université (Paris I)
AMSALEM Bernard Président de la FFA
AOUNIT Mouloud co-président du MRAP
AREFI Armin Journaliste
ASSASSI Eliane Sénatrice de Seine-Saint-Denis
ASSOULINE David Sénateur de Paris
ATTAL Yvan Comédien
AUBRY Martine PremiËre Secrétaire du Parti Socialiste
BALASKO Josiane Comédienne
BALITRAN Céline Comédienne
BARADJI Massira Président de la FIDL
BARTOLONE Claude Député - Président du Conseil général de Seine-Saint Denis
BASSE Pierre-Louis Journaliste et écrivain
BAYLET Jean-Michel Président du Parti Radical de Gauche
BENABAR Auteur compositeur
BENGUIGUI Jean Comédien
BENGUIGUI Yamina Réalisatrice, Adjointe au Maire de Paris
BENNAHMIAS Jean-luc Député européen - Vice Président du Modem
BENSALAH Djamel Cinéaste
BERGE Pierre Président de la Fondation Pierre Bergé Yves Saint Laurent
BERLING Charles Comédien
BERROCHE Eric Adjoint au Maire de Rennes
BIANCO Jean-Louis Président du Conseil Général de Haute-Provence, député
BILLARD Martine Députée de Paris, Porte parole du Parti de Gauche
BIRKIN Jane Chanteuse
BITTON Avi Membre du Conseil de l'Ordre des avocats de Paris
BOHRINGER Romane Comédienne
BORIE Jean-Louis Président du Syndicat des avocat de France
BORVO COHEN-SEAT Nicole Sénatrice de Paris
BOUGHEBARA Ali Humoriste
BOUILLON Christophe Député de Seine-Maritime
BOUJENAH Michel Humoriste
BOVE José Député européen
BROSSEL Colombe Adjointe au Maire de Paris, chargée de la Vie scolaire et de la Réussite éducative
CALI Artiste
CAMARA Moussa AGPR
CAMUS Jean-Yves Politologue
CARTOUCHE Humoriste
CELARIE Clémentine Comédienne
CESSIEUX Maxime Secrétaire général du SAF
CHARB Directeur de la publication de Charlie Hebdo
CHARRIERE BOURNAZEL Christian Ancien Batonnier de l'Ordre des avocats de Paris
CHAUMONT Franck Auteur d'Homo ghetto
CHEB SUN Marc Directeur de la rédaction de Respect Mag
CHERKI Pascal Maire du 14eme arrondissement de Paris
CHOURAQUI Elie Cinéaste
COHN-BENDIT Daniel Député européen
COLOMBANI Marie-Françoise Editorialiste che ELLE, Ecrivaine
CROZON Pascale Député du RhÙne
De FONTENAY GeneviËve Ancienne présidente des comités miss France
DELANOE Bertrand Maire de Paris
DELCROS VARAUD Magloire Présentateur
DELPECH Michel Artiste
DENIAUD Laurianne Présidente du MJS
DESIR Harlem Député européen
DEVARIEUX Jacob Musicien
DIALLO ROKHAYA Porte-parole des Indivisibles
DIDIER-WEILL Alain Psychanalyste
DJELLAL Abderahmane Adjoint au Maire de Grenoble
DJURA Artiste
DOLTO Catherine Psychanalyste
DONNELLY Edouard Président de Hors la rue
DOUCET Philippe Maire d'Argenteuil
DUBOIS Jean-Pierre Président de la Ligue des droits de l'Homme
DURPAIRE François Président du mouvement Pluricitoyen
EL GHOZI Laurent Président de la FNASAT
EL KHOMRI Myriam Adjointe au Maire de Paris Chargée de la protection de l'enfance et de la prévention spécialisée
EMEYE Eglantine Animatrice
ENCEL Frédéric Geolitologue
FABIUS Laurent Ancien Premier ministre, député de Seine-Maritime
FAKOLY TIKEN JAH Auteur compositeur interprËte
FASSIN Eric Sociologue co-auteur de "Cette France l‡"
FEHER Michel Président de Cette France la
FERRADJ Nasser Maire-adjoint de Noisy-le-Sec
FILIPPETTI Aurélie Député de la Moselle
FORSTER Lef Avocat
FOUREST Caroline Rédactrice en chef de la revue Pro-Choix
FRANCK Dan Ecrivain
GIDOIN Arnaud Humoriste
GIRARD Christophe Adjoint au Maire de Paris chargé de la Culture
GODART Mathieu Président de Autremonde
GOLDBERG Daniel Député de Seine-Saint-Denis
GONTHIER Patrick Secrétaire général de l'UNSA Education
GOUPIL Sophie Productrice
GRABARCZYK JoÎl B‚tonnier de l'Ordre des avocats de Vienne
GROISON Bernadette Secretaire générale de la FSU
GUENAOUI Djamel Président de Changeons de Regard
GUIGOU Elisabeth Ancienne Garde des Sceaux
GUILLAUME Sylvie Députée européen
GUILLOT Didier Adjoint au maire de Paris ‡ la vie étudiante
GUSTAVE Steevy Adjoint au Maire de Bretigny sur Orge
HABCHI Sihem Présidente de NPNS
HENRY Pierre Directeur général de France Terre d'Asile
HETIER Bernadette Coprésidente du MRAP
HIDALGO Anne PremiËre adjointe au Maire de Paris
HIMEUR Angélique Agent d'artistes
HOLLANDE François Député-Maire de Tulle
HUE Robert Président du Mouvement unitaire Progressiste, sénateur
HUREL Sandrine Député de Seine-Maritime
JAKUBOWICZ Alain Président de la LICRA
JARRAUD François le Café pédagogique
JEAN Thierry Vice-président de METZ Métropole
JOFFRIN Laurent Directeur de la Publication de Libération
JOSPIN Lionel Ancien Premier ministre
JOUARY Jean-Paul Philosophe
JULLIARD Bruno Adjoint au Maire de Paris ‡ la Jeunesse
KABANDA Marcel Président d'Ibuka France
KACHOURI Abdelhak Vice-président du Conseil régional d'Ile de France
KEITA SOREL Ibrahim Président de Banlieue Diversité Média
KETTANE Nacer Président de Beur FM
KHALIL Rachida Humoriste
KINTZLER Catherine Philosophe
KLUGMAN Patrick Conseiller de Paris, Avocat
LAFFONT Axel Humoriste
LANG Valérie Comédienne
LANTERNIER Ugo Adjoint au Maire d'Aubervilliers en charge du logement
LAURENT Pierre Secrétaire National du Parti Communiste
LE VERN Alain Président du Conseil régional de Haute-Normandie
LENOIR Jean-Claude Président de Salam
LEPAGE Corinne Présidente de CAP 21
LEROUX Bruno Président de la fédération LEO LAGRANGE Député de Seine-Saint-Denis
LEROY Claude EntraÓneur sportif
LESPERT Jalil Comédien
LEVAI Ivan Journaliste
LEVAI Catherine
LEVY Bernard-Henri Philosophe
LEVY Justine Ecrivain
LOISEAU Vincent Président de l'Inter-LGBT
LOZES Patrick Président du CRAN
MAISONNEUVE Patrick Avocat
MALZIEU Matthias Chanteur (Dyonisos)
MAMERE NoÍl Député Maire de BËgle
MAMOU Jacky Président du Collectif Urgence Darfour
MANDROUX HélËne Maire de Montpellier
MARIE Didier Président du Conseil général de Seine Maritime
MASTA Doudou Comédien et musicien
MAZETIER Sandrine Députée de Paris
MELENCHON Jean-luc Président du Parti de Gauche, Député européen
MENNUCCI Patrick
MESSAOUDI Samia Journaliste
MILLE Patrick Comédien
MOATI Serge Journaliste
MOCKY Jean-Pierre Cinéaste
MONTEBOURG Arnaud Député de SaÙne-et-Loire
MOREAU Jeanne Comédienne
MOUSTAKI Georges Auteur compositeur interprËte
MUET Pierre-Alain Député du RhÙne
N'DOUR Youssou Auteur Compositeur
NOAH Yannick Musicien
NUCCI Christian Ancien ministre, Vice président du Conseil général de l'IsËre
OLIVE Alain Secrétaire général de l'UNSA
ONFRAY Michel Philosophe
PASTOR Thierry Chanteur et compositeur
PAU LANGEVIN George Députée de Paris
PELLOUX Patrick Médecin
PIETRASENTA Sébastien Maire d'AsniËres sur Seine
PINGEOT Mazarine Ecrivain
PLET Myriam Avocate au Barreau de Lyon
PODALYDES Denis Cinéaste
PREVOST Jean-Baptiste Président de L'UNEF
QUEYRANNE Jean-Jacques Président du Conseil régional de RhÙne-Alpes, Député
REVIRIEGO Sandra-Elise Présidente des Jeunes Radicaux de Gauche
RIBES Jean-Michel Directeur du Thé‚tre du Rond Point
RICHARD Firmine Comédienne
ROBINET Philippe Editeur
ROCARD Michel Ancien Premier ministre
RODET Alain Député maire de Limoge
ROLLAND Sonia Comédienne
ROST Musicien
SADOUDI Warda Présidente de HOME
SALEMKOUR Malik Animateur de ROMEUROPE, Vice-président de la LDH
SALLEM Ryadh Sportif, triple champion d'Europe de basket fauteuil
SANCHEZ Richard Président de Fier-e-s et Révolutionnaires
SATRAPI Marjane Auteur de bandes dessinées
SCHWAB Arielle Présidente de l'UEJF
SERRAJ Ahmed Directeur du Boulevard des Potes
SIFAOUI Mohammed Ecrivain, journaliste
SIMON Yves Ecrivain, Compositeur
SIMONNET Danielle ConseillËre de Paris
SKIKER Nordine Président de l'OMJA
SMAIN Comédien - Humoriste
SOPO Dominique Président de SOS Racisme
STHERS Amanda RomanciËre
STORA Benjamin Historien
SULPICY Isabelle Avocate
SY Omar Humoriste
SYLLA Fodé Membre du Conseil Economique et Social
TAGHMAOUI SaÔd Comédien
TAHARI CHAOUI Abdou Président du boulevard des Potes
TAMZALI Wassyla Ecrivain et militante féministe
TAUBIRA Christiane Députée de Guyane
TAVERNIER Niels Produteur, Cinéaste
TEPER Bernard Responsable du secteur éducation populaire de l'UFAL
THOMAS Samuel Président de la Fédération des Maisons des potes
TIN Louis-Georges Président de IDAHO
TOURAINE Jean-Louis Député, Premier Adjoint au maire de Lyon
TRAYNARD Guillaume Avocat au Barreau de Paris
TROSTIANSKY Olga Adjointe chargée de la solidarité, de la famille et de la lutte contre l'exclusion
TUBIANA Michel Président d'honneur de la LDH
VALLAUD - BELKACEM NAJAT Adjointe au Maire de Lyon
VALLS Manuel Député Maire d'Evry
VESINET Monique Présidente de l'UFAL
VITKINE Antoine journaliste et réalisateur
VOYNET Dominique Maire de Montreuil, sénatrice
WAZIZI Brahim Président de KIAP Villeneuve
YOUSSOUFOU Baki Président La confédération étudiante
YOUSSOUPHA Musicien
ZIDI Malik Comédien
#EnMémoire
130 personnes ont trouvé la mort dans les
attaques du 13 novembre à Paris. Brutalement arrachées à ceux qui les
côtoyaient chaque jour, elles font aujourd'hui partie de notre univers, à
tous. Elles ne nous quittent plus. Nous refusant à les réduire à un
chiffre, 130, et à un statut, celui de « victimes », nous avons voulu
leur donner un visage, raconter qui elles étaient, leur rendre leur vie,
à travers ceux qui les connaissaient et les aimaient. Les installer,
aussi, dans notre souvenir, tous, sans exception. Les journalistes du
Monde se sont rassemblés pour écrire leur portrait. Nous les publierons
ici progressivement. Pour que chacun existe individuellement.
Déchéance de nationalité
Dominique Sopo : «Monsieur le Président, vous n’avez pas honte ?»
Le président de SOS Racisme dénonce le cynisme de François Hollande, qui utiliserait cette mesure pour se faire réélire en 2017.
Monsieur le Président, au lendemain des attentats du
13 Novembre, vous faisiez une annonce stupéfiante devant le Congrès :
vous proposiez une mesure venue de l’extrême droite, celle d’inscrire
dans la Constitution l’extension des cas ouvrant la voie à la déchéance
de la nationalité. Quelques semaines plus tard, la raison, la morale et
les rapports de force politiques semblaient devoir conduire à l’abandon
de cette mesure. Finalement, contre l’idéal républicain, contre votre
parti et contre votre parcours, vous avez décidé de faire figurer cette
annonce indigne dans un projet de loi portant réforme de la
Constitution. «Vous n’avez pas honte ?» serais-je tenté de vous
demander, alors que vous venez d’offrir le troisième tour des élections
régionales au FN. Question à vrai dire inutile, puisque la réponse est à
l’évidence négative. Je me contenterai donc de mettre en exergue le
cynisme de votre comportement, cynisme qui vous situe bien loin de la
demande de rénovation des pratiques politiques qui s’est exprimée à
l’occasion des élections régionales. J’insisterai d’emblée sur un point :
dans cette histoire, vous avez suscité une demande de régression, que
vous chevauchez aujourd’hui, sondages à l’appui. Bref, vous ne répondez
pas à une demande qui émerge du corps social. Vous configurez celui-ci
de façon à lui faire exprimer une demande qui ne préexistait qu’à l’état
marginal avant que vous ne la fassiez vôtre, avec toute l’autorité et
la solennité de la parole présidentielle. C’est ce que fit la droite
sarkozyste au pouvoir en 2007 en proposant d’instaurer des tests ADN
afin de jeter la suspicion sur le regroupement familial. C’est ce que
fit Nicolas Sarkozy en plein été 2010, lorsqu’il proposa dans son
funeste discours de Grenoble d’étendre la déchéance de nationalité aux
binationaux. C’est ce que fit, à la même occasion, Sarkozy lorsqu’il
transforma la question Rom en abcès de fixation, alors que jusqu’à ces
mots présidentiels, tout le monde s’en fichait. Le cynisme se lit
également dans cette manipulation des peurs et des arguments que vous
laissez le soin à d’autres d’entreprendre dans le débat public.
La déchéance de nationalité protégerait les Français par son effet dissuasif ? Non, puisque nul ne peut ignorer que les terroristes jihadistes capables de se faire exploser n’ont cure de leur nationalité, qu’elle soit française ou autre. La mesure existe déjà et il ne serait donc pas grave de l’étendre ? C’est pourtant un argument que vous contestiez vous-même en 2010, aux côtés de SOS Racisme, considérant qu’elle accréditait l’idée selon laquelle il existerait deux catégories de Français : ceux de souche et ceux de papier. Refuser cette réforme serait faire preuve de tendresse, de naïveté ou de complicité envers les terroristes ? Cet argument me fait penser à ceux utilisés sur le rétablissement de la peine de mort pour les assassins d’enfants et de policiers. Des terroristes qui auraient une autre nationalité et ne méritant plus de rester français pourraient être expulsés vers le pays de cette autre nationalité qu’ils auraient choisie ? Ce serait tromper les Français sur deux points. D’abord, beaucoup de binationaux ne le sont pas par choix mais en vertu d’une décision de leurs parents ou en raison de lois liées au pays de naissance de ces derniers (un enfant né d’un père marocain est ainsi nécessairement considéré comme marocain par le Maroc). Par ailleurs, si la France se débarrassait de ses terroristes vers le Maghreb ou l’Afrique subsaharienne, accepterions-nous, par parallélisme des formes, d’accueillir des terroristes déchus de leur nationalité - par exemple malienne - et néanmoins français ? Si la réponse est non, cela ressemble furieusement à une attitude coloniale en vertu de laquelle nous nous arrogerions le droit unilatéral d’envoyer vers des pays déjà déstabilisés par le terrorisme des personnes qui rêvent d’y commettre à nouveau des attentats. Si la réponse est oui, on se demande bien ce que nous aurions gagné en termes de sécurité à un échange de terroristes.
Il fallait, nous dit-on aussi, maintenir cette mesure afin de «respecter la parole présidentielle» prononcée devant le Congrès. Mais votre parole n’est pas infaillible et l’argument eut été plus convaincant si cette parole avait été respectée sur le droit de vote des étrangers, sur la lutte contre les contrôles au faciès, sur la mise en place d’une politique antidiscrimination ou sur la priorité donnée à la jeunesse. Ce non-respect de la parole présidentielle sur les sujets ayant trait à l’antiracisme me permet d’évoquer une autre facette de ce cynisme. Depuis 2012, votre bilan en matière d’antiracisme est désespérément vide, en dehors de quelques discours épars, anecdotiques et circonstanciels qui ne peuvent masquer le silence et l’inaction que vous avez choisi d’appliquer à ce champ de l’action publique. Et donc, non content de ne pas avoir fait progresser l’égalité dans notre pays, voici que vous enclenchez à la fin de votre mandat une dynamique opposée. Car, pour l’avoir vous-même déjà exprimé, vous ne pouvez ignorer deux conséquences de l’acte que vous avez posé. Premièrement, vous ouvrez la voie à une extension sans fin des cas pouvant conduire à la déchéance de la nationalité. Deuxièmement, vous livrez en pâture, à travers le sujet des binationaux, les personnes d’origine immigrée à la vindicte réactionnaire contre laquelle la grande majorité de vos électeurs attendaient que vous vous éleviez.
L’année 2015 et son lot d’attentats ont durement éprouvé la cohésion nationale. C’était l’objectif essentiel des jihadistes. Les personnes d’origine étrangère et de culture musulmane ont été profondément déstabilisées par ces équipées sanglantes, d’autant qu’elles se déroulèrent dans un pays où la parole raciste s’est libérée et où le thème de la «remigration», c’est-à-dire l’expulsion massive des étrangers et de leurs enfants, crée des inquiétudes souvent indicibles sur la réversibilité de la nationalité française. Cette déstabilisation a néanmoins été exprimée à maintes reprises. Je ne parle pas ici des expressions perverses qui ont pu fleurir sous l’impulsion de personnages tels que Tariq Ramadan. Je parle de cette cohorte d’attitudes singulières, issues de personnes qui n’osaient pas se rendre aux manifestations de janvier par peur des regards qui se porteraient sur elles ou qui, au lendemain du 13 Novembre, accablées de honte, baissaient la tête dans le métro afin d’échapper à des regards de désapprobation. Ces personnes attendaient que Marianne les embrasse sur le front. C’est une gifle qu’elles reçoivent de votre part. Et tout ça pour quoi ? Là est l’ultime cynisme de votre annonce. Cette modification de la Constitution dans un sens régressif et stigmatisant poursuit un seul but : votre réélection en 2017. C’est par calcul électoral qu’il vous a semblé judicieux de poser cette équation : je perdrai des voix sur ma gauche mais, en étouffant Sarkozy, j’en gagnerai tellement à droite que le bilan sera globalement positif. Autant le dire tout net : votre destin personnel importe bien moins que la vivacité des valeurs républicaines, protégées par une Constitution qui ne saurait souffrir de manipulations opérées à des fins privées.
La déchéance de nationalité protégerait les Français par son effet dissuasif ? Non, puisque nul ne peut ignorer que les terroristes jihadistes capables de se faire exploser n’ont cure de leur nationalité, qu’elle soit française ou autre. La mesure existe déjà et il ne serait donc pas grave de l’étendre ? C’est pourtant un argument que vous contestiez vous-même en 2010, aux côtés de SOS Racisme, considérant qu’elle accréditait l’idée selon laquelle il existerait deux catégories de Français : ceux de souche et ceux de papier. Refuser cette réforme serait faire preuve de tendresse, de naïveté ou de complicité envers les terroristes ? Cet argument me fait penser à ceux utilisés sur le rétablissement de la peine de mort pour les assassins d’enfants et de policiers. Des terroristes qui auraient une autre nationalité et ne méritant plus de rester français pourraient être expulsés vers le pays de cette autre nationalité qu’ils auraient choisie ? Ce serait tromper les Français sur deux points. D’abord, beaucoup de binationaux ne le sont pas par choix mais en vertu d’une décision de leurs parents ou en raison de lois liées au pays de naissance de ces derniers (un enfant né d’un père marocain est ainsi nécessairement considéré comme marocain par le Maroc). Par ailleurs, si la France se débarrassait de ses terroristes vers le Maghreb ou l’Afrique subsaharienne, accepterions-nous, par parallélisme des formes, d’accueillir des terroristes déchus de leur nationalité - par exemple malienne - et néanmoins français ? Si la réponse est non, cela ressemble furieusement à une attitude coloniale en vertu de laquelle nous nous arrogerions le droit unilatéral d’envoyer vers des pays déjà déstabilisés par le terrorisme des personnes qui rêvent d’y commettre à nouveau des attentats. Si la réponse est oui, on se demande bien ce que nous aurions gagné en termes de sécurité à un échange de terroristes.
Il fallait, nous dit-on aussi, maintenir cette mesure afin de «respecter la parole présidentielle» prononcée devant le Congrès. Mais votre parole n’est pas infaillible et l’argument eut été plus convaincant si cette parole avait été respectée sur le droit de vote des étrangers, sur la lutte contre les contrôles au faciès, sur la mise en place d’une politique antidiscrimination ou sur la priorité donnée à la jeunesse. Ce non-respect de la parole présidentielle sur les sujets ayant trait à l’antiracisme me permet d’évoquer une autre facette de ce cynisme. Depuis 2012, votre bilan en matière d’antiracisme est désespérément vide, en dehors de quelques discours épars, anecdotiques et circonstanciels qui ne peuvent masquer le silence et l’inaction que vous avez choisi d’appliquer à ce champ de l’action publique. Et donc, non content de ne pas avoir fait progresser l’égalité dans notre pays, voici que vous enclenchez à la fin de votre mandat une dynamique opposée. Car, pour l’avoir vous-même déjà exprimé, vous ne pouvez ignorer deux conséquences de l’acte que vous avez posé. Premièrement, vous ouvrez la voie à une extension sans fin des cas pouvant conduire à la déchéance de la nationalité. Deuxièmement, vous livrez en pâture, à travers le sujet des binationaux, les personnes d’origine immigrée à la vindicte réactionnaire contre laquelle la grande majorité de vos électeurs attendaient que vous vous éleviez.
L’année 2015 et son lot d’attentats ont durement éprouvé la cohésion nationale. C’était l’objectif essentiel des jihadistes. Les personnes d’origine étrangère et de culture musulmane ont été profondément déstabilisées par ces équipées sanglantes, d’autant qu’elles se déroulèrent dans un pays où la parole raciste s’est libérée et où le thème de la «remigration», c’est-à-dire l’expulsion massive des étrangers et de leurs enfants, crée des inquiétudes souvent indicibles sur la réversibilité de la nationalité française. Cette déstabilisation a néanmoins été exprimée à maintes reprises. Je ne parle pas ici des expressions perverses qui ont pu fleurir sous l’impulsion de personnages tels que Tariq Ramadan. Je parle de cette cohorte d’attitudes singulières, issues de personnes qui n’osaient pas se rendre aux manifestations de janvier par peur des regards qui se porteraient sur elles ou qui, au lendemain du 13 Novembre, accablées de honte, baissaient la tête dans le métro afin d’échapper à des regards de désapprobation. Ces personnes attendaient que Marianne les embrasse sur le front. C’est une gifle qu’elles reçoivent de votre part. Et tout ça pour quoi ? Là est l’ultime cynisme de votre annonce. Cette modification de la Constitution dans un sens régressif et stigmatisant poursuit un seul but : votre réélection en 2017. C’est par calcul électoral qu’il vous a semblé judicieux de poser cette équation : je perdrai des voix sur ma gauche mais, en étouffant Sarkozy, j’en gagnerai tellement à droite que le bilan sera globalement positif. Autant le dire tout net : votre destin personnel importe bien moins que la vivacité des valeurs républicaines, protégées par une Constitution qui ne saurait souffrir de manipulations opérées à des fins privées.
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