[BLOG You Will Never Hate Alone] Leur refuser l'accueil, c'est renier notre part d'humanité.
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Ces gens nous ressemblent. Ils sont notre passé, notre présent, notre futur.| Óglaigh na hÉireann via Flickr
Voilà des jours et des jours que le navire Open Arms
sillonne la mer Méditerranée à la recherche d'un port où débarquer ses
singuliers passagers que par commodité de langage l'on nomme migrants
quand ce sont simplement des damnés de la terre. Voilà des jours et des
jours que les capitales européennes tels des chiffonniers de bas étage
se disputent quant à savoir qui doit les accueillir.
Voilà des jours et des jours qu'on rejette la responsabilité qui sur
l'Italie, qui sur l'Espagne, qui sur la France, sans être capable de
s'accorder sur des dispositions humanitaires à même de mettre fin à tout
ce cirque sinistre.
Comment ne pas voir dans toutes ces
mesquines tergiversations la reproduction exacte des comportements
passés quand au siècle dernier d'autres mers et océans abritaient des embarcations de fortune
où s'entassaient des juifs considérés comme des pestiférés dont
personne ne voulait? Comment ne pas comparer ces migrants d'aujourd'hui
avec le sort des populations honnies qu'au lendemain de la Seconde
Guerre mondiale, on entassait dans des camps de personnes déplacées
à la recherche d'une impossible solution? Comment ne pas s'émouvoir que
de nouveau les pays occidentaux cherchent par tous les moyens à se
refiler ces migrants comme s'ils étaient des lépreux, des épouvantails
qui une fois rendus sur la terre ferme sèmeraient le désordre et le
chaos?
Même égoïsme. Mêmes fantasmes. Mêmes peurs
irraisonnées. Même frilosité. Comme si le principe même d'hospitalité
était une notion vaine tout juste bonne à figurer dans quelques
Évangiles sans jamais être mise en pratique.
Car
enfin, à qui fera-t-on croire que ces milliers de migrants puissent
représenter un danger quelconque pour des pays aussi opulents que la
France ou l'Italie? N'existe-t-il donc pas une obligation de solidarité,
au nom même de la vie humaine, face à ce spectacle d'êtres humains
entassés comme du bétail à bord de navires dont on se doute bien qu'ils
sont tout sauf des bateaux de croisière? Comment l'Europe, ce continent
des droits de la personne, des Lumières, des démocraties éclairées,
peut-elle autoriser de voir des êtres humains ainsi ballottés, méprisés,
renvoyés à leur triste condition sans même réagir, sans rien
entreprendre pour soulager le fardeau de leur douleur?
Rappeler l'Europe a ses devoirs
On
le sait, derrière chacun de ces individus se cachent des tragédies
innommables. Personne ne s'aventure loin de son pays natal pour des
raisons qui ne seraient pas de l'ordre de la nécessité impérieuse. Elles
fuient la guerre, l'odeur de sang, le chaos, les exactions, les
bombardements, l'impossibilité de manger à sa faim; l'irréductible
désespoir qui ronge les cœurs et plonge les âmes dans une détresse dont
jamais rien ne les sort.
Ce sont des hommes, des femmes,
des enfants, des êtres humains comme nous dont la seule faute a été de
naître au mauvais endroit, sous le soleil noir de pays livrés au
désordre de l'Histoire quand elle condamne les individus à vivre une
existence faite de mendicité, de renoncements et d'implacables deuils.
Il
ne s'agit pas d'accueillir toute la misère du monde, ni de verser dans
un humanisme bêlant mais simplement de rappeler l'Europe à ses devoirs.
Comment un continent fort de près de 500 millions d'habitants dont la
plupart vivent dans une relative aisance peut-il refuser l'hospitalité à
des dizaines voire à des centaines de milliers de migrants sans se
renier, sans renoncer à ce qu'il est par essence: un phare dont la
lumière est censée guider le monde entier?
Peu importe
qui sont ces migrants. Peu importe la couleur de leur peau, leur
appartenance religieuse, la raison de leur exil. Peu importe leur pays
d'origine. Peu importe la langue qu'ils parlent. Ils nous ressemblent.
Ils sont notre passé, notre présent, notre futur. S'en détourner pour
mieux les ignorer, ce serait comme salir le genre humain dans son
ensemble.
Les sauver, c'est nous sauver nous-mêmes.
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