Quand les gardiens d'un racisme systémique commencent à accuser ceux qui le combattent ou le subissent de "racisme à l'envers"..
Il faut y voir un signe d'avancée, ou du moins un début de succès médiatique contre le discours dominant jusqu'ici.
C'est en cela que les propos pertinents de Lilian Thuram perturbent évidemment ceux qui ont longtemps eu la primeur de la pensée, y compris sur ce sujet sensible, rendu de plus en plus tabou sous la pression des partis et idéologues d'extrême droite en Europe.
Une polémique salutaire
Grâce à la polémique suscitée par les propos de Lilian Thuram, nous touchons du doigts toute l'hypocrisie institutionnelle d'une société (au demeurant démocratique) qui s'est parfaitement accommodée avec la prévalence d'un racisme systémique, introduisant même la notion d'un imaginaire "racisme Anti Blancs" pour contrer toutes les initiatives contre ce fléau social, puis occulter et nier son ancrage historique.
Ainsi donc dans ce racisme systémique ce sont les victimes qui sont priées de s'excuser auprès des bourreaux et leurs dignes héritiers, choqués qu'ils puissent enfin dire ce qu'ils subissent....depuis des siècles.
Mais quel monde!!!
Billet, Libération
La polémique Thuram ou l'impossibilité de penser le racisme en tant que système
Revoilà donc le «racisme anti-Blancs», concept imposé
dans le débat public par l’extrême droite, et repris à leur compte ces
dernières années par des personnalités comme Jean-François Copé ou Alain
Finkielkraut. Cette fois, c’est l’ancien footballeur Lilian Thuram qui
est accusé de l’alimenter, en raison d’une interview parue dans le journal italien Corriere dello Sport. Interrogé sur les insultes racistes qui pleuvent dans les stades sur les joueurs noirs, Thuram explique : «Il
faut prendre conscience que le monde du foot n’est pas raciste, mais
qu’il y a du racisme dans la culture italienne, française, européenne et
plus généralement dans la culture blanche. Il est nécessaire d’avoir le
courage de dire que les Blancs pensent être supérieurs et qu’ils
croient l’être.»
«Les Blancs»: la formule, généralisante, est visiblement grave au point que la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) croie devoir se fendre d’un communiqué dénonçant les «risques d’une dérive du combat antiraciste» – recevant au passage une accolade du trésorier du Rassemblement nationale (RN, ex-FN). Grave au point que le président du Printemps républicain, association revendiquée de gauche, compare l’ancien footballeur à Robert Ménard, maire d’extrême droite de Béziers. Grave au point qu’il faille en débattre sur les plateaux des chaînes d’information en continu, l’une (LCI) accueillant Jean Messiha, membre du bureau du RN, pour donner des leçons d’antiracisme, l’autre (CNews) recevant Laurent de Bechade, présenté comme «militant antiraciste», et porte-parole d’une obscure «Organisation de lutte contre le racisme anti-Blancs». Celui-ci affirmera au passage que «le racisme anti-Blancs est le racisme le plus fréquent», en s’appuyant sur une étude de l’Ined (Institut national d’études démographiques).
«Le vrai problème n’est pas un morceau de phrase de Lilian Thuram. Le problème, c’est que des Noirs soient accueillis par des cris de singe sur des stades dans l’indifférence des autorités», a réagi le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, dans un communiqué tranchant radicalement avec la tonalité de la Licra. Dans l’Obs, Lilian Thuram est revenu ce vendredi sur la polémique : «On me fait dire "les Blancs se pensent supérieurs et croient l’être", mais ce n’est pas mon propos : dans cette phrase, je parle des supporteurs racistes. Pourquoi ces gens se permettent-ils de faire des bruits de singe ? Parce qu’ils ont un complexe de supériorité. Et ce complexe est issu d’une culture raciste dans laquelle ils ont grandi.»
Cette affaire n’a rien d’exceptionnel. La question du «racisme anti-Blancs» revient régulièrement sur la table, avec la complaisance de nombreux médias, plongeant ici un rappeur inconnu dans une tourmente médiatique et judiciaire, menaçant là l’organisation d’un festival antiraciste en non-mixité partielle. Elle révèle, comme les autres polémiques portant sur l’utilisation de mots comme «racisé» ou «blanchité», une incapacité à penser le racisme en tant que système. Si des personnes voient le cours de leur existence profondément altéré en raison de leur assignation à une identité racialisée, alors il y a de l’autre côté des personnes qui en profitent. Et si les victimes sont encore si nombreuses, alors la responsabilité n’en revient pas qu’à quelques illuminés résiduels. D’où la nécessité de penser la question blanche, comme s’y emploient des chercheurs en France et aux Etats-Unis.
Sur Twitter, la militante féministe et antiraciste Mélusine recourt à une comparaison avec le sexisme,
dont il est de plus en plus admis qu’il ne peut être combattu
efficacement si l’on ne réfléchit pas aux conditions sociales qui le
permettent – et, donc, à la place qu’occupent les hommes dans la
société. «Il faut comprendre, écrit-elle, que c’est la même
démarche politique qui doit être entreprise concernant le racisme : non
pas une question individuelle et morale, mais une structure
fondamentale où il est question de rapport social, de rapport de
pouvoir, d’exploitation. Nommer les Blancs non pas pour que chacun
puisse battre sa coulpe, mais pour que chacun puisse prendre conscience
de sa place et de sa participation dans la structure raciste de la
société.»
«Les Blancs»: la formule, généralisante, est visiblement grave au point que la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) croie devoir se fendre d’un communiqué dénonçant les «risques d’une dérive du combat antiraciste» – recevant au passage une accolade du trésorier du Rassemblement nationale (RN, ex-FN). Grave au point que le président du Printemps républicain, association revendiquée de gauche, compare l’ancien footballeur à Robert Ménard, maire d’extrême droite de Béziers. Grave au point qu’il faille en débattre sur les plateaux des chaînes d’information en continu, l’une (LCI) accueillant Jean Messiha, membre du bureau du RN, pour donner des leçons d’antiracisme, l’autre (CNews) recevant Laurent de Bechade, présenté comme «militant antiraciste», et porte-parole d’une obscure «Organisation de lutte contre le racisme anti-Blancs». Celui-ci affirmera au passage que «le racisme anti-Blancs est le racisme le plus fréquent», en s’appuyant sur une étude de l’Ined (Institut national d’études démographiques).
«Rapport social, de pouvoir, d’exploitation»
Il se trouve que Libération avait publié un article sur cette étude en janvier 2016. Celle-ci affirmait en réalité que «le racisme des minoritaires à l’encontre des majoritaires […] ne fait pas système et ne produit pas d’inégalités sociales». Combien de Blancs privés d’études, de logement ou d’emploi en raison de la couleur de leur peau et dans l’indifférence générale ?«Le vrai problème n’est pas un morceau de phrase de Lilian Thuram. Le problème, c’est que des Noirs soient accueillis par des cris de singe sur des stades dans l’indifférence des autorités», a réagi le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, dans un communiqué tranchant radicalement avec la tonalité de la Licra. Dans l’Obs, Lilian Thuram est revenu ce vendredi sur la polémique : «On me fait dire "les Blancs se pensent supérieurs et croient l’être", mais ce n’est pas mon propos : dans cette phrase, je parle des supporteurs racistes. Pourquoi ces gens se permettent-ils de faire des bruits de singe ? Parce qu’ils ont un complexe de supériorité. Et ce complexe est issu d’une culture raciste dans laquelle ils ont grandi.»
Cette affaire n’a rien d’exceptionnel. La question du «racisme anti-Blancs» revient régulièrement sur la table, avec la complaisance de nombreux médias, plongeant ici un rappeur inconnu dans une tourmente médiatique et judiciaire, menaçant là l’organisation d’un festival antiraciste en non-mixité partielle. Elle révèle, comme les autres polémiques portant sur l’utilisation de mots comme «racisé» ou «blanchité», une incapacité à penser le racisme en tant que système. Si des personnes voient le cours de leur existence profondément altéré en raison de leur assignation à une identité racialisée, alors il y a de l’autre côté des personnes qui en profitent. Et si les victimes sont encore si nombreuses, alors la responsabilité n’en revient pas qu’à quelques illuminés résiduels. D’où la nécessité de penser la question blanche, comme s’y emploient des chercheurs en France et aux Etats-Unis.
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