dimanche 6 mars 2011

Un bien grand honneur, Monsieur ZEMMOUR!

Qui est véritablement (le plus) à plaindre dans la polémique nauséabonde entretenue en France sur son identité, ses racines chrétiennes, ses noirs, ses arabes, ses musulmans, voire ses étrangers? Est-ce les auteurs ou ceux qu’ils croient viser en distillant en permanence la peur de l’autre, le mal être social, une forme intellectualisée de haine raciale?


Car avec le recul, ce serait effectivement faire un bien grand honneur à monsieur Eric Zemmour de supposer que ses provocations à forte connotation raciale et ultra-médiatisées en France, empêche(raie)nt les noirs, les arabes ou les musulmans de continuer à vivre et s’épanouir en toute tranquillité, ici ou ailleurs.

C’est juste si certains d’entre-eux (noirs, arabes ou musulmans) en sont réellement à se demander comment cette grande démocratie française est tombée aussi bas, en est arrivée au point où une partie de ses têtes (bien) pensantes (du moins présentées comme telles) revendique ouvertement et assume parfaitement, au nom de la liberté d’opinion et d’expression: un débat d’un autre temps sur une (seule) religion (l’Islam), un nouveau code ou une sorte de déterminisme génétique de la délinquance (celui qui serait propre aux noirs et arabes, trafiquants de drogue et pensionnaires des prisons), et une répulsion presqu’à fleur de peau de tout dialogue des civilisations.

Peut-être dans la contradiction avec sa propre Loi fondamentale, la France est évidemment en droit de décider en toute souveraineté de la nature de sa législation (supprimer les lois jugées liberticides et mémorielles, interdire les associations anti-racistes..), de réguler comme elle l’entend ses flux migratoires, et même d’instaurer de manière officielle une citoyenneté au faciès, selon que l’on est français dit de souche et chrétien, noir, arabe ou musulman…La loi dans le cas d’espèce viendrait en réalité confirmer une triste réalité.

Mais continuer pour ce faire, avec autant de verve et de hargne, à exploiter à des fins purement personnelles et politiciennes une certaine condition humaine n’honore pas les auteurs, et porte un coup fatal à un modèle d’intégration particulièrement éprouvé, notamment depuis l’instauration du débat sur l’identité nationale. Car c’est véritablement le règne de la suspicion permanente pour les populations visées qui, aussi surprenant que cela puisse paraître, ont elles-mêmes fini par entériner la banalisation du racisme officiel, et s’en inquiètent peu.

Et face à la nouvelle menace brandie de cesser de subventionner les associations anti-racistes au motif que «cela ferait du bien au budget de l’état», peut-être faudrait-il rappeler à son auteur qu’il y a longtemps qu’elle est également mise à exécution en France, sous la forme de l’intimidation des personnes et du chantage alimentaire. La loi dans le cas d’espèce viendrait malheureusement aussi confirmer un autre triste vécu (qui n’est pas propre à un camp politique, contrairement à ce que laisserait supposer l’actualité brûlante).

Alors de grâce, Mesdames et Messieurs, cessez de faire un si grand cas de femmes et d’hommes qui n’en demandent pas tant.

Je vous remercie

Joël Didier Engo

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire