mercredi 11 mai 2011

BLANCHIR PLUS BLANC, UNE OBSESSION FRANÇAISE?

Il y a des jours comme celui-ci (mercredi 11 mai 2011), où on se lève véritablement sur le mauvais pied, avec une impression étrange de vivre dans un pays surréaliste dans lequel tout est sens dessus-dessous, y compris la valeur que certains patriotes (êtres humains) attachent à l’honneur et à la dignité des autres semblables (non moins patriotes et humains, eux-aussi).


En effet, pour certains d’entre-nous qui avons grandi en Afrique (hélas!), nous sommes encore marqués et souvent affligés par l’obsession toujours vivace chez nombre de femmes africaines de se «blanchir» la peau à tout prix, certainement pour mieux correspondre aux canons de la beauté imposés par l’élite post-coloniale. Il suffit d’observer les «brunes» que brandissent les tyrans d’Afrique noire (comme des trophées) , pour réaliser la persistance du «complexe racial» au sein d’une certaine classe dirigeante africaine, cinquante années après les «indépendances cha cha cha» (très factices…).

Pourtant ce que nous n’avions pas su voir ou comprendre pendant l’enfance, et qui nous a demandé du temps et du vécu en occident, c’est le fait que le «complexe racial» n’est point l’apanage des seules sociétés post-coloniales (Afrique, Caraïbes, Amérique latine) et post-ségrégationnistes (Etats-Unis d’Amérique). Il peut prendre différentes autres formes, notamment celle d’une véritable obsession de l’identité blanche et de la pureté «raciale» dans certaines ex-puissances coloniales; à mesure que la suprématie (supposée naturelle) des dominants (auto)désignés est mise à mal par la mixité sociale, l’intégration culturelle, et la mondialisation.

Blanchir plus blanc devient alors une obsession et un véritable projet de société (jamais avoué), par celles et ceux qui perçoivent la France d’abord, sinon uniquement comme une Nation blanche et chrétienne.

Aujourd’hui la première et certainement la manière la plus efficace d’y parvenir (pensent-ils), consiste à banaliser le racisme, puis à culpabiliser systématiquement, voire à réprimer toute expression d’indignation.


On en arrive ainsi à de grotesques contresens comme celui contenu dans les «conclusions de la mission d’inspection menée par des inspecteurs du ministère des sports» dans l’affaire (d’une exceptionnelle gravité) dite des «Quotas à la Fédération de France de Football», où c’est l’indigné contre les propos à forte connotation raciste (inacceptables en république), un certain monsieur Mohamed Belkacemi (conseiller technique national pour le football des quartiers) qui est menacé de «blâme» …pendant que tout le rapport s’efforce de dire à tout citoyen français troublé par ce scandale:

«Madame, Monsieur, circulez y a rien à voir, y a jamais rien eu de raciste, ni de discriminatoire dans ce projet d’un autre temps, d’une autre époque…de la Fédération Française de Football»!

Malgré cela, pour celle ou celui d’entre-nous qui s’entêterait toujours de comprendre l’origine de tels dérapages racistes dans le sport, sans nécessairement réclamer la démission du sélectionneur de l’équipe de France Laurent Blanc, la révocation de ses collègues de la Fédération Française de Football, pas plus que nous serions automatiquement d’affreux communautaristes, anti-occidentaux, anti-français, voire anti-Blanc(s)…La nouvelle pensée réactionnaire ambiante se charge alors de nous inculquer (comme jadis sous la traite négrière, la colonisation et les pires régimes ségrégationnistes), que le fait d’envisager un football français basé sur «l’homogénéité morphologique des joueurs», dans lequel les noirs communément appelés «Blacks», les arabes (forcément musulmans)…seraient en grande majorité «grands, costauds et binationaux»…Cela ne peut évidemment pas prêter à une quelconque discrimination, au racisme, et ouvrir la possibilité à une action en Justice contre les auteurs.

Ainsi donc les jeunes français visés dans la controverse sur les Quotas ethniques de la Fédération Française de Football auraient simplement eu le tort de ne pas correspondre aux (nouveaux) canons de beauté recherchés par le Football français; qui voudrait s’inspirer de l’intelligence du jeu pratiqué par l’équipe nationale (blanche) espagnole…


N’exprimez surtout pas de dégoût, d’indignation à l’égard de tels propos. Car ce chemin qui devait mener vers l’enfer des quotas du Football en France, était pavé de toutes les belles et généreuses intentions, comme les autres….

Je vous remercie

Joël Didier Engo


"Blanc s'excuse et avoue avoir songé à démissionner"....DONC ACTE!


"Que certains d'entre-nous ont été pronfondément choqués et indignés par les propos déplacés de Laurent BLANC, c'est un fait indéniable! Mais évitons de faire porter à cet homme respectable et père de famille le fardeau de paroles blessantes qui ont vraisemblement dépassé sa pensée (initiale). Car son parcours personnel et son vécu sportif lèvent le doute sur le "racisme" auquel peut prêter ses propos incriminés. À l'évidence personne n'est plus à l'abri de tels dérapages en France aujourd'hui..."
Joël Didier Engo

5 minutes avec... Fabrice Arfi, journaliste à Médiapart, il est l'un des auteurs de l'enquête sur les quotas à la fédération française de football et invité de Pascale Clark sur France Inter. (7h50 - 11 mai 2011)

Racisme : victimes par procuration par Mustapha Kessous

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