mercredi 28 septembre 2011

La face cachée de la coopération Euro-Libyenne en matière de lutte contre l'immigration

Documentaire à voir absolument, pour mieux comprendre les articulations politiques et économiques de la coopération entre l'Union Européenne et les régimes libyens en matière de lutte contre l'immigration (noire) africaine en Europe.














“Le Piège”, ou l'errance sans fin des migrants africains

"Exploités par Kadhafi, rejetés par l'Europe. Le documentaire exceptionnel “Le Piège” d'Alexandre Dereims montre le tragique destin des migrants africains


«Un convoi perdu dans l'immensité du Ténéré. Les camions surchargés peinent sous un soleil de plomb. Au sommet des remorques, cramponnés aux cordes qui retiennent leurs bagages, des centaines de migrants traversent le désert. Ils rêvent d'Europe, d'une autre vie pleine de promesses. Ils sont prêts à braver la soif et la mort pour y arriver.

En Libye, Kadhafi leur avait promis la fortune. Mais là-bas, ils ont connu l'enfer des centres d'internement. Dans le cadre d'un accord entre la Libye et l'Italie, les migrants, éternels clandestins, vivaient sans cesse dans la peur d'être raflés par la police.

Kadhafi se livrait alors à un odieux chantage avec l'Europe, en organisant en sous-main, l'embarquement des migrants vers l'Italie. Aujourd'hui, leurs vaisseaux de fortune viennent se briser sur les rochers de Lampédusa.

Une fois arrivés en Europe, les migrants errent entre ''jungles'' et centres de rétention, sans jamais obtenir de papiers, perdus dans le labyrinthe des lois européennes. Ils butent contre tout, partout, tout le temps.

Ils sont... pris au piège. Malgré cela, ils se débattent, de toutes leurs forces pour avoir le droit de vivre heureux. A l'heure où l'Europe ferme ses portes, leur rêve ne se réalisera pas, ou alors au prix fort..."


Enquête au Niger, en Libye, en Tunisie, en Grèce et en Italie avec les migrants africains en route vers l'Europe.»

Documentaire
Durée 75’
Auteur-réalisateur Alexandre Dereims
Sur une idée originale de Alexandre Dereims et Claire Beilvert
Production France Télévisions / Première Nouvelle / Maha Productions
Année 2011


Entretien avec Alexandre Dereims



Comment est né ce documentaire ? 

Alexandre Dereims :
En parlant avec Pablo, un jeune Camerounais qui m’a raconté son histoire. Lui, tout comme les autres migrants, est passé par l’enfer avant d’arriver en Europe. Il a vraiment payé le prix fort pour atteindre l’Hexagone. Alors que l’immigration est un sujet d’inquiétude en France, que l’idée d’« invasion » fait depuis quelque temps des ravages dans notre pays, que de nombreux Français ont peur des Africains qui « viennent leur piquer leur boulot et leurs allocs », je voulais, en suivant ces hommes, qu’on comprenne d’où ils viennent, quel périple ils avaient dû faire pour monter jusqu’en Europe, les difficultés qu’ils avaient rencontrées. Je souhaite qu’on sache ce qu’ils ont vécu. Dans le détail.

Quel regard portez-vous aujourd'hui sur ces hommes ?
A. D. : Ce sont des hommes qui estiment ne pas avoir le choix. Ils rêvent tous d’une autre vie. Ils se voient comme des aventuriers, pas comme des clandestins ou des mendiants. Aujourd’hui, quand un Français part à Londres pour trouver le boulot qu’il n’a pas chez lui, on le félicite, on salue son esprit d’initiative. Pourquoi un Africain n’aurait pas le droit de vouloir s’en sortir ? Ces hommes ont été pris dans le piège que leur a tendu Kadhafi : ils ont été des outils de chantage pour faire ployer une Union européenne qui ne voulait décidément pas d’eux. Leur histoire est bouleversante.

Vous avez pris beaucoup de risques pour réaliser ce documentaire…
A. D. : Nous avons réussi à obtenir une autorisation de tournage au Niger, mais il nous a malgré tout été difficile, à Claire Beilvert et à moi, de réaliser ce film. Tout d’abord parce que la région n’est pas sûre : quelques mois après notre venue, des salariés d’Areva ont été enlevés, Aqmi a étendu son action au nord d’Agadez. Nous avons dû nous déplacer sous escorte militaire. Ensuite, l’armée nigérienne ne voulait pas que l’on connaisse l’ampleur du trafic que génère le transport des migrants. Elle nous a empêchés de travailler et nous a même menacés de mort. Les chefs de ghetto que nous voulions approcher refusaient pour la plupart de nous parler et montaient les migrants contre nous. Les officiels, la préfecture, la police nous ont rackettés pour que l’on puisse tourner. A Dirkou, on nous a fait dormir dans une décharge pour nous faire renoncer. Nous nous sommes ensuite rendus en Libye quand la guerre a éclaté. Nous étions là au plus fort des affrontements, auprès des rebelles. Là aussi c’était très dangereux.

Quelles conséquences, selon vous, aura la chute du régime de Kadhafi ?
A. D. : Je suis très inquiet pour l’Afrique. Les immigrés qui réussissaient à atteindre la Libye et l’Europe envoyaient de l’argent chez eux et dynamisaient ainsi l’économie de leur pays. Sans cet argent, que va-t-il se passer ? Je crains de graves troubles sociaux dans les mois à venir…

Propos recueillis par Isabelle Ducrocq
LE MAG, France 5

Libye - L'Italie condamné pour avoir refoulé les immigrés entre les mains de Kadhafi, Slateafrique.com

Site internet de l'Association Nous Pas Bouger: http://www.nouspasbouger.org

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