Quand comprendras-tu qu'il existe, y compris au sein du Parti Socialiste français
(malgré les apparences et les discours convenus), des mandats
politiques que certain(e)s "camarades" estiment devoir leur revenir
d'office au motif qu'elles ou ils seraient "les plus représentatifs",
car "français dits de souche", ou issus de groupe d'influence à forte
connotation communautaire, auquel nombre d'entre-nous (hommes, noirs,
hétérosexuels, et militants parfois de longue date du PS) ont souvent le
tort, et l'unique tort, de ne pas appartenir.
Quand bien même nos Histoires et trajectoires respectives, en
matière de discriminations notamment, auraient naturellement dû
empêcher qu'un tel ostracisme politique nous soit systématiquement
appliqué.
Mais bon, d'autres combats
ô combien valorisants, épanouissants, et déterminants pour
l'émancipation sociale, politique, et économique de millions
d'humains... méritent et peuvent encore être menés; en dehors de ces
cercles clientélistes, où l'on ne voit pas plus loin que le bout d'un
siège d'élu local, régional, voire national (du moins des honneurs, des
titres, ou des petits privilèges qui vont avec).
Au risque de voir "la posture de la victime" finir par rejaillir et nuire gravement sur toutes ces causes nobles.
Cordialement
"Bégaiement",
EN IMAGES. Il y a 30 ans, la Marche des Beurs
Voici ce que j'écrivais déjà sur le "Syndrome Soumaré" dans
une tribune dans le Monde.fr du 24 février 2010. J'aurais dû étendre
mon analyse à ma propre famille politique...Le Parti Socialiste
français.
Mais de quoi ont-ils peur? Plus exactement de qui ont-ils peur? Ces
notables UMP qui rivalisent dans le délit de faciès à l'encontre d'un
candidat français et socialiste, devenu malgré lui l'homme à abattre
dans le Val Oise...
Une certaine presse hexagonale a beau jeu de circonscrire, donc de
réduire les accusations graves de «délinquant chevronné
multirécidiviste» portées contre Ali SOUMARÉ... à la «méchanceté»
propre à une classe politique en campagne électorale. Il n'en demeure
pas moins que ces attaques personnelles se concentrent curieusement sur
un même candidat socialiste aux régionales, qui a visiblement le
principal tort pour ses détracteurs réactionnaires, d'être
l'incarnation vivante de la double peine sociale en France : jeune
homme noir issu de l'immigration africaine, vivant depuis l'âge de 8
ans à Villiers-le-Bel.
Qu'il serait plus simple de banaliser cet énième dérapage raciste
dans les rangs de la droite française, en y voyant simplement la
seconde nature d'une classe politique habituée à reléguer la diversité
au rang «d'anomalie statistique». Pourtant fondamentalement, l'affaire
SOUMARÉ exprime d'abord la terreur qu'exerce sur une certaine
aristocratie politique l'ouverture à la diversité sociologique.
En effet nombre de notables politiques français tolèrent visiblement
la diversité tant qu'elle s'arrête aux frontières de la politique et
des présidences des grands groupes industriels ou financiers. Il peut
même arriver, à l'instar de l'honorable Axel Poniatowski, qu'ils la
plébiscitent aux États-Unis d'Amérique et continuent néanmoins de la
pourfendre en France. Au point où une même personnalité politique peut
avoir soutenu la candidature et l'investiture à la maison blanche de
Barack OBAMA; puis voir automatiquement «Noir» en France, dès qu'un
nommé Ali SOUMARÉ de Villiers-Lebel est investi tête de liste
socialiste aux élections régionales dans le Val-d'Oise. Les vieux
démons remontent alors naturellement à la surface: «SOUMARÉ joueur de
réserve du PSG, SOUMARÉ délinquant chevronné multirécidiviste...».
Car pour Poniatowski, Delattre et les autres... leur adversaire
socialiste Ali SOUMARÉ, du fait même de ses origines raciale et
territoriale (issu de l'immigration africaine, vivant à
Villiers-le-Bel) ne peut être, au mieux qu'un joueur professionnel de
réserve de football, au pire qu'un délinquant de banlieue
multirécidiviste... donc inapte à vie pour faire de la politique en
France. Ce français socialiste ne saura donc jamais et d'aucune
manière, se revendiquer une quelconque légitimité politique, puisqu'il
n'est qu'un jeune (noir) délinquant de banlieue. Son casier judiciaire
lui collera à la peau à vie.
A bien y penser, cette caricature du jeune (noir) de banlieue rassure une certaine classe politique.
Les clichés et préjugés racistes préexistent ainsi dans la droite
française, et la frontière entre la terreur qu'elle voue à certains
territoires de la République (les banlieues notamment) et l'horreur
qu'elle applique à l'homme noir est souvent allégrement franchie. A
croire que pour certains élus et hommes politiques de l'UMP, l'homme de
couleur ne peut être qu'une caricature de l'homme politique en
république, qu'un pur produit des réseaux mafieux et des tripatouillages
électoraux dignes de la Françafrique. Le logiciel politique de la
droite française semble s'être arrêtée à Ali Ben BONGO ; et Ali SOUMARÉ
sera toujours une énigme pour Poniatowski, Delattre et les autres...
Plus gravement pour la noble démocratie française, il s'agit d'une
politique de la peur appliquée systématiquement à l'homme noir en
Afrique comme à Villers-Le-Bel. Il faut en effet envoyer un message
subliminal à tous les autres jeunes de banlieue, issus de la diversité
comme Ali SOUMARÉ : voilà ce qui vous arrivera aussi, si vous vous
aventurez dans l'arène politique. Votre casier judiciaire sera déterré,
votre vie deviendra un enfer... comme celle des opposants aux
roitelets imposés par la même France politique en Afrique francophone.
Alors restez-là où nous aimons bien vous voir, cantonnez-vous à dealer
aux pieds des immeubles de vos ghettos... Car là est votre place, celle
qu'une certaine classe politique (forcément compassionnelle) veut bien
vous concéder.
A bien y réfléchir, Poniatowski, Delattre et les autres... ont un
profond mépris à l'égard du modèle fraternel, laïque et égalitaire de
la République française. Ils ne croient pas à l'ascenseur social et ont
une profonde méfiance à l'égard de tous ces français issus de
l'immigration africaine, parfaitement épanouis dans leur citoyenneté
française. Ils devront pourtant s'y habituer.
Car la France réelle est une France métissée et plurielle, où nombre
de français ne s'interrogent plus sur l'identité française de leurs
voisins (noirs, arabes, catholiques, juifs ou musulmans)... Où les
derniers n'éprouvent aucune gêne existentielle à revendiquer et à
assumer leur culture française, en sont même fiers parfois, peuvent
autant que Poniatowski, Delattre et les autres...être ou devenir les
dignes représentants de la France.
La France présente en cela des similitudes frappantes avec les
Etats-Unis d'Amérique, où une certaine classe politique (souvent
conservatrice) s'est longtemps réfugiée sur l'abstention et le facteur
racial aux élections, pour nier l'intégration des minorités (noires,
latines, indiennes...) au modèle américain. Dans la patrie des droits
de l'homme, Poniatowski, Delattre et les autres ne croient pas à la
force d'immersion du modèle républicain chez les français issus de
l'immigration africaine. Ils devront pourtant s'y résoudre, et le plus
tôt sera le mieux.
Je vous remercie
Joël Didier Engo
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