Par
David Namias BFMTV avec AFP
Ils viennent majoritairement de Syrie d'Erythrée ou d'Irak et
tentent de rejoindre l'Europe occidentale pour échapper à la guerre, au travail forcé et en quête d'une vie meilleure.
Mais toujours plus nombreux sont celles et ceux qui ne survivent pas à la traversée de la Méditerranée.
La Méditerranée est devenue "la route la plus mortelle
du monde" en 2014, avec au moins 3.419 migrants qui ont perdu la vie en
tentant de la traverser en quête d'un avenir meilleur, a annoncé mercredi
l'agence des Nations Unies en charge des réfugiés (HCR).
Depuis le début de l'année, plus de 207.000 migrants ont tenté de traverser la Méditerranée, un chiffre presque trois fois plus
élevé que le précédent record de 2011, lorsque 70.000 migrants avaient fui leur
pays lors du printemps arabe.
En majorité des Syriens, Erythréens
"Ces chiffres constituent une nouvelle étape à laquelle
nous assistons cette année: nous faisons face à un arc de conflits et l'Europe
y a été directement confrontée", a déclaré Adrian Edwards, le porte-parole
du HCR. Avec des conflits au sud (Libye), à l'est (Ukraine) et au sud-est
(Syrie/Irak), l'Europe connaît actuellement le plus grand nombre d'arrivées par
la mer. Près de 80% des départs s'effectuent depuis les côtes libyennes pour
rejoindre l'Italie ou Malte.
La plupart de ces migrants arrivés en Italie cette année
sont syriens (60.051), leur pays étant ravagé par une guerre civile depuis plus
de trois ans et demi. De nombreux Erythréens (34.561) fuient également leur pays pour échapper
à la répression brutale du pouvoir, au service militaire à vie, et au travail
forcé, non rémunéré et à durée illimitée.
"Mauvaise réaction" des Etats
Le HCR a critiqué la gestion migratoire des Etats européens,
regrettant que certains gouvernements se focalisent davantage sur le maintien
des étrangers hors de leurs frontières que sur le respect de l'asile.
"C'est
une erreur, et précisément la mauvaise réaction
à avoir dans une période où un nombre record de personnes fuient la
guerre", affirme António Guterres, Haut-Commissaire de l'ONU pour les
réfugiés. "Tous les
pays ont des préoccupations de sécurité et de gestion de l'immigration,
mais
les politiques doivent être conçues de manière à ne pas conduire à ce
que les
vies humaines deviennent des dommages collatéraux".
Pour le seul mois de novembre, 8.000 migrants ont été
secourus en mer Méditerranée. Des bateaux de sauvetage ont encore porté secours
fin novembre à 320 migrants sur une embarcation de fortune, rapatriés au port
d'Augusta (Sicile), et à un autre bateau avec à son bord 182 migrants,
transportés jusqu'à Porto Empedocle en Sicile.
Fin octobre, les autorités italiennes ont cependant confirmé
la fin de l'opération "Mare Nostrum" qui a permis de sauver des
dizaines de milliers de migrants en Méditerranée. L'Italie avait lancé cette
opération sans précédent dans l'urgence de la tragédie qui avait frappé
Lampedusa, mais ne souhaitait pas la prolonger à long terme, faute de soutien
de ses partenaires européens.
Plusieurs d'entre eux ont finalement accepté de contribuer à
une nouvelle opération, baptisée Triton. Géré par Frontex, l'organisme européen
chargé de la surveillance des frontières extérieures de l'Union européenne,
elle sera limitée à la surveillance de la frontière extérieure de l'UE en
Méditerranée.
Record de migrants maritimes
"Vous ne pouvez pas utiliser des moyens de dissuasion
pour empêcher une personne de fuir pour sauver sa vie, sauf en augmentant les
dangers", a affirmé António Guterres.
Selon lui, les États doivent "s'attaquer aux vraies
causes profondes, c'est-à-dire examiner les raisons pour lesquelles les
personnes fuient, ce qui les empêche de chercher asile par des moyens plus
sûrs, et ce qui peut être fait pour sévir contre les réseaux criminels qui
prospèrent dans ce contexte, tout en protégeant les victimes".
Toutefois, si la Méditerranée constitue "la route la
plus mortelle du monde" selon le HCR, elle n'est pas la seule. Avec ceux
de Méditerranée, au moins 348.000 migrants dans le monde ont ainsi entrepris de
traverser une mer depuis début janvier, un pic jamais atteint.
Le HCR a dénombré 540 victimes sur les 54.000 ayant tenté de
traverser le golfe du Bengale, entre l'Inde et la péninsule indochinoise, la plupart en provenance du
Bangladesh ou de Birmanie et à destination de la Thaïlande ou de la Malaisie.
En Mer rouge et dans le golfe d'Aden, au moins 242 personnes
ont perdu la vie, tandis que dans les Caraïbes, le nombre de morts ou de
disparitions signalées s'élevait à 71 début décembre.
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