jeudi 14 mai 2015

La prévalence de l'Homophobie en France, une réalité déplorable à analyser jusqu'au bout


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Il faut parfois analyser jusqu'au bout la prévalence d'une triste réalité, celle de l'homophobie persistante dans la société française, voire son exacerbation depuis la légalisation souhaitée et majoritairement soutenue (y compris par moi) du mariage pour tous. Je le constate souvent amèrement chez les français issus de l'immigration africaine, ou bonnement les ressortissants africains.

La tristesse pour ne pas en dire plus, c'est de constater que la "communauté" LGBT française se tienne à très bonne distance de toutes les autres causes humanistes, voire ne se sente pas souvent concernée par toutes ces autres stigmatisations endurées au quotidien par tant de Français (indépendamment de leur orientation sexuelle), notamment par les minorités dites visibles. Elle donne ainsi cette impression (qui est peut-être erronée, j'en conviens), qu'en dehors des revendications portées et défendues par les organisations LGBT, toutes les autres discriminations sont secondaires, voire ne comptent pas.

Pour combattre l'Homophobie, notamment en Afrique aussi, il faut évidemment éviter toute tentation de concurrence entre les victimes de stigmatisations et discriminations. Pour autant, une cause humaniste n'a de sens que lorsqu'elle sait rassembler, généraliser ses acquis ou victoires, et s'assurer que toutes les autres revendications peuvent présenter un intérêt (pour ne pas dire le même intérêt); tant auprès des décideurs politiques, économiques, que des grands médias.

Je vous remercie

Joël Didier Engo

Homophobie: une stigmatisation au quotidien

Par Anne-Claire GENTHIALON 11 mai 2015, Libération.fr

Le rapport annuel de SOS Homophobie rendu public ce mardi est alarmant.Ça se passe en France, en 2015. Deux années après le Mariage pour tous. Un hashtag «Homophobe et fier de l’être» qui circule sur Twitter. Un père qui casse le bras de sa fille après qu’elle a fait son coming-out. Des couples homosexuels agressés à coups de poing au visage en pleine rue.

C’est aujourd’hui que SOS Homophobie rend public son rapport. Et ce sont des LGBTphobies désormais «installées dans notre société» que l’association pointe dans son état des lieux annuel. En l’absence de statistiques des ministères de l’Intérieur et de la Justice, le rapport de l’association constitue le principal outil de mesure et d’analyse du phénomène en France. Un précieux indicateur qui se base sur les appels reçus sur la ligne d’écoute (lire ci-contre), les témoignages recueillis sur le tchat ou sur le site spécialement dédié aux adolescents Cestcommeca.net.

«Propos». Bilan ? Une baisse de 38% des témoignages enregistrés. En 2014, ce sont ainsi 2 197 personnes, essentiellement des hommes âgés de 25 à 50 ans et résidant hors d’Ile-de-France, qui ont contacté l’association, contre 3 517 pour le précédent rapport. Une accalmie suite aux débats concernant le mariage pour tous ? «Cette baisse est relative, pointe Yohann Roszéwitch, président de SOS Homophobie. Ce sont juste les propos généraux contre l’homosexualité et les personnes LGBT dans leur ensemble qui ont fortement reculé en 2014. Pas l’homophobie.»

Si les victimes se taisent, en effet, de moins en moins, le nombre de témoignages enregistrés en 2014 reste bien supérieur aux 1 556 comptabilisés en 2011, dernière année pré-mariage pour tous. «Le mariage pour tous a libéré la parole homophobe, celle-ci est maintenant ancrée dans la société», prévient Yohann Roszéwitch.

Climat. Le rapport souligne que «la haine et la violence» se manifestent toujours autant. Au travail, en famille, à l’école ou en pleine rue. Des garçons de café qui refusent de servir des «sales gouines». Une banque qui ne veut pas prendre en compte le changement de genre de Louise. Ou les collègues d’Arnaud qui lui assènent que « l’homosexualité, c’est pas normal, ça devrait rester pour soi». Si le nombre de témoignages diminue, les agressions physiques, qui avaient fortement augmenté en 2013, ne baissent que de 14% en un an (163 cas en 2014 contre 188 en 2013). Il y a une agression homophobe tous les deux jours en France. Pages Facebook («Pour bannir les homosexuels de la France»), commentaires d’articles, de vidéos («vermine crasseuse et dégénérée»), tweets («#SiMonFilsEstGay, je le brûle avec de l’essence sur un barbecue devant toute la famille») : selon le rapport, Internet continue d’être «le principal vecteur d’homophobie». La Toile se fait l’écho des violences «quotidiennes et ordinaires». Comme une caisse de résonance nauséabonde.

Autre fait pointé par le rapport : les jeunes semblent en être de plus en plus victimes du climat ambiant. «Le nombre de témoignages relatifs au milieu scolaire ne diminue que de 13%», relève le document. Et ceux liés au contexte familial augmentent de 11%. «Il est nécessaire de mettre en place une politique ambitieuse de prévention et de sensibilisation dès le plus jeune âge, insiste Roszéwitch. Mais il est aussi urgent que le gouvernement tienne ses promesses et cesse de reculer sur des sujets comme la PMA ou le changement d’identité de genre. En niant l’égalité des droits des LGBT, les pouvoirs publics justifient la hiérarchisation des personnes selon leur orientation sexuelle ou leur identité de genre. Et alimentent les LGBTphobies.»



En PDF:   Rapport de SOS homophobie

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