Par Le Figaro.fr 27 juillet 2015
L'année dernière,
104.000 personnes ont sollicité le numéro d'urgence. Les hommes seuls
restent majoritaires, mais les familles avec femmes et enfants
représentent désormais 39 % du public.
Une demande d'hébergement sur deux n'a pas été
satisfaite en 2014. C'est le triste constat tiré ce lundi par le
baromètre 115, le numéro d'urgence réservé aux SDF, alors même que le
nombre de sans-abri ayant sollicité un hébergement a augmenté de 4% par
rapport à 2012. Les demandeurs? Des hommes seuls, mais aussi, et c'est
le point noir de ce bilan, davantage de femmes et d'enfants.
Les chiffres sont énormes. En 2014, le 115 a reçu
771.500 demandes des 97.600 sans-abris répartis dans les 37 départements
où le numéro d'urgence est présent. Des chiffres marqués par une hausse
des demandes d'abri de 26 % (centres d'hébergements, hôtels, etc.) par
rapport à 2012, avec huit demandes en moyenne par personne. Une baisse
de 5% par rapport à 2013, résultant, selon Florent Gueguen, directeur
général de la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (Fnars),
des nombreux renoncements au printemps, en raison de la fermeture des
places hivernales. Les demandes d'hébergement qui dépendent en effet
largement du thermomètre. En hiver, lorsque les capacités d'hébergement
sont renforcées, le 115 est très sollicité. En décembre 2014, les demandes ont même explosé.
Les familles en hausse de 16%, les mineurs de 18%
Au
total l'année dernière, 104.000 personnes ont sollicité ce numéro
d'urgence. Et parmi elles, de plus en plus de femmes et d'enfants. Car
même si les hommes seuls restent majoritaires - ils sont 42 % , leur
nombre a baissé au profit des «familles et des mineurs», s'inquiète
Florent Gueguen. Les familles, en hausse de 16 %, représentent ainsi
désormais 39 % du public. Et les mineurs ont été 20.600 à joindre le 115
l'année dernière, marquant une augmentation de 18 % d'entre eux, quand
les femmes seules sont elles aussi plus nombreuses, de 6%. La minorité?
Pour 10%, les travailleurs pauvres, qui malgré un emploi, ne peuvent pas
se loger.
Et parmi toutes les demandes d'hébergement, près de
la moitié n'a pas abouti. Un chiffre «énorme» selon Florent Gueguen, qui
ne concerne qu' «une partie du territoire», hors Paris. Faute de places
suffisantes, les 115 se trouvent placés «dans une gestion de la
pénurie», qui les oblige à «développer des stratégies», comme
l'hébergement de courte durée -49% des hébergements sont d'une seule
nuit, ou le resserrement des critères d'éligibilité, qui «remet en cause
le principe d'inconditionnalité de l'hébergement».
13.000 places supplémentaires d'ici à 2017
Un
tri parfois réalisé en fonction de la disponibilité des places, la
plupart des centres étant conçu que pour l'hébergement de personnes
seules. Les familles sont elles dirigées dans des hôtels. Des stratégies
«éloignent le numéro d'urgence de ses missions premières», «génèrent
une perte de temps et la frustration des professionnels», ainsi que
«l'épuisement et le non-recours des sans-abri» au 115, déplore la Fnars.
«Depuis le début du quinquennat de François
Hollande, la situation des sans-abri s'est plutôt dégradée», déplore
Florent Gueguen. Pour tenter de lutter contre la pénurie de places
d'hébergement, la ministre du Logement Sylvia Pinel
a établi en février dernier un plan visant à faire de 2015 une «année
charnière pour l'hébergement et l'accès au logement des plus démunis».
Afin d'augmenter les 102.000 places d'hébergement existantes, le
gouvernement a ainsi mis au point un plan triennal visant à créer 13.000
places supplémentaires d'ici à 2017. Parmi elles, 9.000 en
«intermédiation locative», 1.500 en logement adapté et 2.500 places dans
des centres dédiés aux familles ou dans des logements vacants, afin de
diminuer drastiquement les 40.000 nuitées hôtelières annuelles,
inadaptées aux familles. Des mesures rendues urgentes: d'après les
chiffres de la Fondation Abbé Pierre publiés en février dernier, 3,5 millions de personnes sont non ou mal logées en France.
Source: Le Figaro Premium
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