dimanche 25 octobre 2015

ZYED et BOUNA, DIX (10) ANS APRÈS...ON N'OUBLIE PAS!!

Aïssa Sago, la "tata": "La gauche compatit, mais qu'a-t-elle fait de concret?"

Par l'OBS,

Ils sont ministre, élu, avocat, ex-star du foot, grand frère d'un des adolescents électrocutés ou jeune ayant participé aux émeutes de 2005 : ils nous ont confié leurs souvenirs de ces événements.

Aïssa Sago (Iannis Giakoumopoulos pour

 

27 octobre 2005, Clichy-sous Bois. Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, meurent électrocutés après une course-poursuite avec la police. Le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prétend alors que les enfants sont des voleurs. A tort. Les amis des adolescents, leurs voisins, la jeunesse des quartiers populaires, ripostent par des émeutes qui, comme une traînée de poudre solidaire, se propagent à des centaines de villes partout en France.

Les images de voitures enflammées, d'Abribus couchés, de CRS en faction et de jeunes encapuchonnés font le tour du monde. La France apparaît comme un pays en guerre civile. Le gouvernement décrète l'état d'urgence. Plus de 6.000 personnes sont interpellées, 30 communes instaurent un couvre-feu.

Dix ans après, que reste-t-il de ces affrontements? La justice a relaxé les policiers. Des personnes ont été, par leur fonction, leur histoire ou le hasard, touchées au plus près. La "tata" Aïssa Sago se souvient.

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Le garage Renault d'Aulnay-sous-Bois venait de partir en fumée. Les poubelles flambaient. Aïssa Sago s'est sentie "presque découragée". Tout aurait pu s'interrompre brutalement. Cela faisait cinq ans qu'elle s'activait auprès des familles de la Cité des 3.000, à la fois interprète, médiatrice et décodeuse des us étranges de l'administration française. Un engagement bénévole devenu un métier, par altruisme et... intérêt.
J'ai grandi à Antony dans une cité qui n'avait rien d'un ghetto. En arrivant ici, j'ai eu l'impression de vivre l'apartheid. Il n'y avait que des étrangers, beaucoup de gens ne maîtrisaient pas la langue.

Je me suis dit: 'Si je reste, je dois agir pour créer un environnement sain autour de mes enfants.'"
Aïssa Sago a donc "agi" cinq ans durant, son Association des Femmes Relais est devenue une structure phare du département. Puis sont venues les émeutes. "Je voyais des petits de 13-14 ans faire n'importe quoi dans la rue. Leurs parents laissaient faire, voire les excusaient."

Un travail loin d'être terminé

Elle a "appelé tout le monde" et prévenu : "Si ça ne cesse pas, on arrête !" Le lendemain, la tension a baissé d'un cran, les familles sont venues au local. "Ça a eu un effet déclencheur. Elles se sont impliquées davantage." En dix ans, les cours d'alphabétisation ont décollé, passant de 15 à 120 parents, l'aide aux devoirs, itou. Les rapports avec les institutions, dont l'école, s'en sont mieux portés.

Le travail, pour autant, est loin d'être terminé. Malgré la rénovation urbaine, le "business" reste omniprésent, les copains d'enfance, trop souvent, ont mal tourné. Et Aïssa Sago est une mère atypique. Ses fils aînés, qui ont la vingtaine, lui ont avoué qu'ils avaient eu l'impression d'"être prisonniers" à ses côtés. Et la petite dernière, scolarisée dans le privé, lui "en veut terriblement" de la couper du quartier.

D'autant que "Tata" Aïssa s'est engagée auprès du très sarkozyste Bruno Beschizza, dont elle est l'adjointe aux Affaires sociales depuis un an.
J'y ai longuement réfléchi. La gauche compatit, mais qu'a-t-elle fait de concret ? La droite, elle, est parfois brutale dans ses propos, mais vous force à bouger."
Elsa Vigoureux et Gurvan Le Guellec


 

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