mercredi 17 août 2016

LA FRANCE AURAIT UN PROBLÈME AVEC LE PORT DU BURKINI

 Sur la plage des Catalans, à Marseille, aucun incident de «type religieux» n’a été recensé à ce jour.

On se serait attendu à ce que le Premier ministre Manuel Valls - lui le socialiste revendiqué - soutienne aussi efficacement et avec autant d'empressement la lutte contre le chômage et toutes ces autres discriminations (notamment les contrôles au faciès) qui creusent tous les jours le fossé entre les français.

Que non!

Il doit en permanence flatter les plus bas instincts réactionnaires et acculer par un amalgame indécent une catégorie de Français non moins respectables à ne jamais s'estimer ou se sentir complètement chez eux en France.

C'est donc entendu, la planète entière a entériné que le vrai et seul problème auquel fait face la France aujourd'hui est le port du Burkini sur ses plages par des femmes estampillées musulmanes.

Lamentable!!! 

Joël Didier Engo, Président de l'asso Nous Pas Bouger


Interdiction du burkini : un pavé dans la mer

Par et — Libération, 

Au nom de la sécurité, de la laïcité, voire de l’hygiène, plusieurs villes entendent interdire le maillot de bain couvrant. Polémique assurée.

Cachez ces excès de tissu… Après Cannes et Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes), ce sont les maires de Sisco (Corse) et du Touquet (Pas-de-Calais) qui veulent désormais imposer sur leurs plages une «tenue correcte respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité». Visé, sans être explicitement cité : le burkini, ce maillot de bain islamique.


Des interdictions aux bases juridiques fragiles, mais à portée polémique garantie. Pressenti pour prendre la tête de la Fondation pour l’islam de France, Jean-Pierre Chevènement ne se mouille guère : «Ma position, c’est la liberté sauf nécessité d’ordre public», a-t-il soupesé sur Europe 1, jugeant les maires «fondés» à prendre une telle mesure. D’autres plongent la tête la première. Le sarkozyste Daniel Fasquelle n’a été confronté à aucune baigneuse en burkini au Touquet, mais ne veut «pas attendre bras ballants que le cas se produise».

«Sauvetage en mer»

Le maire LR de Cannes, David Lisnard, un modéré de sa famille politique, se défend, lui, de tout extrémisme. Sa décision, assure-t-il à Libération, ne vise qu’à donner à sa police municipale «les moyens d’intervenir en cas de provocations». Depuis le début du mois, celle-ci a été amenée à dresser sept procès-verbaux. A l’exception d’une touriste venue du Golfe, les femmes verbalisées étaient toutes de la région. Selon l’élu, ces «tenues islamistes», autrefois inconnues, ont fait leur apparition récemment. Et sont révélatrices de la progression «d’un islam radical qui, pas à pas, cherche à gagner du territoire».

«Sécurité», «laïcité», «troubles à l’ordre public», et même «respect des règles d’hygiène» ou «difficulté de sauvetage en mer» : les maires ont fait feu de tous les arguments. Tiennent-ils juridiquement la route ? Le tribunal administratif de Nice a certes rejeté la requête en référé du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), qui voulait suspendre l’interdiction du burkini. Mais l’association a déposé un nouveau référé et un recours au fond auprès du tribunal administratif.

En soi, le principe de laïcité ne suffit pas pour proscrire le burkini. Si le voile intégral a pu être banni de l’espace public par la loi de 2010, c’était parce que la dissimulation du visage posait un problème de sécurité. Concernant le burkini, les élusmettent plutôt en avant le risque de troubles à l’ordre public. En 2014, le maire de Wissous (Essonne) avait ainsi tenté de refuser l’accès à sa base de loisirs aux «personnes portant de manière ostentatoire des signes religieux susceptibles d’occasionner un trouble à l’ordre public». La justice lui avait donné tort.

Calmer le jeu

Sur la Côte d’Azur, les maires LR Lionnel Luca et David Lisnard pointent «un contexte particulier justifiant le maintien de l’état d’urgence» après l’attentat de Nice. A Sisco (Haute-Corse), l’élu PS Ange-Pierre Vivoni a lui aussi pris un arrêté anti-burkini pour «protéger la population, et notamment la population musulmane». Il s’agissait dans ce cas de calmer le jeu après une rixe au motif encore flou. Jean-Michel Ducomte, professeur de droit à Sciences-Po Toulouse, appelle, pour sa part, à «distinguer le climat local de tension à Sisco du contexte invoqué par le maire de Cannes : l’attentat de Nice était sans lien avec le port du burkini et l’émotion de l’opinion ne justifie pas à elle seule une mesure d’atteinte aux libertés». David Lisnard soutient que le risque de trouble à l’ordre public est bien réel sur la Croisette. L’été dernier, des incidents liés à des tenues jugées «très ostentatoires» avaient déjà été constatés. Des voisins de plage en étaient venus aux mains…

«Ces arrêtés partent de l’idée qu’il serait devenu insupportable pour la population de voir un musulman afficher un signe religieux, constate Stéphanie Hennette-Vauchez, professeure de droit à l’université Paris-Ouest-Nanterre. Mais le seul fait d’arborer cette tenue suffit-il à créer un trouble à l’ordre public ? C’est très problématique, et où s’arrêtera-t-on ?» Un raisonnement qui risquerait de conduire, partout dans l’espace public, à une pluie d’arrêtés totalement inapplicables.





Interview

Burkini : «On peut être choqué sans pour autant interdire»

Par

Pour le sociologue de la laïcité Jean Baubérot, se focaliser sur le burkini risque d’accentuer un sentiment d’exclusion.

Jean Baubérot, fondateur de la sociologie de la laïcité, qui s’était prononcé contre l’interdiction du voile à l’école en 2003, prône une laïcité non stigmatisante.
Que vous inspire la polémique autour du burkini ? Y a-t-il une bouffée laïcarde ? Ou serait-ce de l’ultravigilance nécessaire ?
C’est bien le dilemme. Depuis les attentats de janvier 2015, il existe une menace jihadiste à laquelle est confrontée la très grande majorité des Français, musulmans compris. Alors, où met-on la frontière entre les amis et les ennemis de la République ? L’actuelle polémique autour du burkini conforte ma position en faveur d’une laïcité la plus inclusive possible, pour ne pas rendre attirants les ennemis de la République. Il faut se souvenir qu’après Nice et le meurtre du père Hamel, on a vu des femmes en foulard manifester contre les auteurs des attentats.

Dans cette situation grave et incertaine que nous vivons, il existe un débat, vraiment sérieux, entre deux options : d’un côté, donner au plus grand nombre le sentiment qu’ils font partie de la collectivité et isoler les ennemis de la République ; de l’autre, dire «il y a glissement» et sévir à la moindre occasion qui semble choquante. Mais alors Daech va pouvoir jouer de la victimisation, dire «voyez, on vous stigmatise, vous n’êtes pas inclus dans la communauté française».

On peut être choqué, par le voile, par le burkini, et il peut et il doit y avoir débat, mais sans pour autant interdire. C’est le principe de la démocratie : tolérer la différence, accepter l’altérité.

Les arrêtés anti-burkini sont-ils précipités, ou disproportionnés ?
Ils majorent le problème. Je remarque, d’ailleurs, qu’on est passé de la lutte contre les femmes pas assez vêtues des années 60, à celle contre les femmes désormais trop vêtues… Quand mes sœurs ont commencé à porter des maillots de bain deux pièces, ma mère était contre, alors qu’elle ne se jugeait pas particulièrement étroite d’esprit ! Il y a par ailleurs en France une société du voir qui accorde beaucoup trop d’importance au paraître. Personnellement, je pense que l’habit ne fait pas le moine.
Que les musulmans aient une réflexion à faire sur le rapport hommes-femmes, je suis d’accord, comme les autres d’ailleurs, et qu’il faille un féminisme musulman, d’accord aussi. Mais laissons-les débattre ensemble, évoluer, c’est au sein d’elles-mêmes que les communautés religieuses doivent décider de leurs manières de s’habiller.

Interdire comme ça peut au contraire empêcher l’évolution, crisper. La laïcité consiste à mettre la religion dans le droit commun, or on a le droit d’aller à la plage habillé des pieds à la tête. Plus largement, ce genre de polémique masque des problèmes de non-reconnaissance sociale, économique mais aussi culturelle. On voudrait en faire une opposition entre laïcité dure et laïcité molle mais, à mes yeux, il s’agit juste de mesures stratégiquement contre-productives.
Laurence Rossignol, la ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, condamne le burkini au nom du féminisme.
En tant que ministre de la République, représentante de l’Etat, Laurence Rossignol se devrait d’être neutre alors qu’elle moralise… Il faut être ferme vis-à-vis de tout acte qui limiterait la liberté des femmes. Mais la société ne peut pas se donner une virginité féministe sur pareil prétexte. Moi, j’attends plutôt Mme Rossignol sur l’égalité des sexes et les inégalités socio-économiques qui perdurent.
Cette polémique sur le burkini n’est-elle pas liée au contexte post-attentats ?
Elle avait commencé en août 2014, avec une publication sur Facebook de Nadine Morano qui avait déclaré, à propos d’une femme voilée croisée sur une plage : «Lorsqu’on choisit de venir en France, Etat de droit, laïc, on se doit de respecter notre culture et la liberté des femmes, sinon on va ailleurs !» Le contexte en cours depuis janvier 2015 exacerbe encore ce type de polarisation et la campagne électorale ne va pas arranger les choses.
Cette polémique a été précédée d’une autre, en mars, autour de la «mode pudique», qui ne pose pas de problème dans d’autres pays occidentaux, par exemple en Angleterre. Pourquoi tant de stress ?
Les pays anglo-saxons ont une culture de la diversité, cultuelle et culturelle, plus forte. C’est Voltaire qui a écrit : «Un Anglais, comme homme libre, va au ciel par le chemin qui lui plaît.» En France, une mentalité «catholique et français toujours» perdure, une mentalité de l’unité. On parle encore de «la France une et indivisible» alors que, depuis la Constitution de 1946, «une» a été enlevé au profit de «indivisible, laïque, démocratique et sociale», et ça n’est pas pour rien ! Or, culturellement, on a l’impression que ça n’a jamais été intégré, et «démocratique et sociale», on l’entend peu. C’est une conception de l’unité assez uniforme qui prédomine, peu inclusive de la diversité. Résultat, on ne sait plus séparer ce qui peut être dangereux de ce qui peut choquer mais peut être accepté par la démocratie. On ne met pas la frontière au bon endroit.

Jean Baubérot et le Cercle des enseignant-e-s laïques publient fin août un Petit manuel pour une laïcité apaisée (Editions la Découverte).

De nombreux responsables politiques appellent les musulmans à prendre position dans le débat public sur la représentation et l’organisation de l’islam, en France. 

Médecins, avocats, patrons… français et musulmans, ils veulent s’engager dans le débat

LE MONDE | 16.08.2016 Par Cécile Chambraud

C’est une génération de Français au parcours d’excellence que le terrorisme pousse à un engagement auquel, sans lui, ils n’auraient pas songé. Quarante et un médecins, chefs d’entreprise, ingénieurs, universitaires, avocats, cadres supérieurs, hommes et femmes, « français et musulmans » au curriculum vitæ brillant, se sont déclarés « prêts à assumer [leurs] responsabilités » dans la gestion de l’islam, dans une tribune publiée par Le Journal du dimanche le 31 juillet.

Après la commotion de l’égorgement du prêtre catholique Jacques Hamel, qui leur a violemment renvoyé l’écho des moines de Tibéhirine, assassinés au printemps 1996 en Algérie, une évidence s’est imposée à eux : le silence n’était plus une option.

Il était devenu urgent que leur génération prenne en main l’organisation de l’islam en France, cet islam dont ils ont hérité la culture. Eux, pratiquants ou non, qui ont intégré l’élite de leur domaine professionnel et possèdent les codes de la République, ont ressenti le devoir de s’impliquer dans cette entreprise. De devenir des acteurs de l’islam.

La République comme boussole

Leur engagement d’aujourd’hui, ils le décrivent d’abord comme un « engagement pour la France quand la maison France est en train de brûler », selon la formule de la sénatrice socialiste de Paris Bariza Khiari. « Le sujet, c’est la France, confirme Pap’Amadou Ngom, chef d’une entreprise de conseil en systèmes d’information. Je ne suis pas pratiquant. J’aurais pu dire : l’organisation de l’islam, ce n’est pas mon sujet. Mais justement pour cette raison, j’ai pensé qu’il fallait que je contribue, car je suis citoyen. Et l’objectif, c’est de mettre en place les dispositifs permettant à cette religion d’exister dans la République. »

La République, ils l’ont tous comme socle et comme boussole, mais une République qui traiterait impartialement tous ses citoyens, les musulmans comme les autres. « La solution, c’est d’en appliquer les valeurs. Mais de les appliquer vraiment, et à tout le monde », tranche Abdel Rahmène Azzouzi, chef du service urologie du centre hospitalier universitaire (CHU) d’Angers. « Nous avons été biberonnés aux valeurs de la République, nous les avons faites nôtres, confirme Madjid Si Hocine, médecin lui aussi. Mais on ne nous les applique pas toujours. »

Beaucoup avaient fait leur l’idée que la religion, c’est de l’ordre du privé. Mais ils font le constat que, pour les musulmans, cette affirmation est aujourd’hui largement fictive. « Nous ne sommes pas les représentants des musulmans de France, mais l’islam est devenu une affaire publique, il fallait une voix », explique Najoua Arduini-Elatfani, responsable du développement d’une entreprise de BTP.


« Maintenant, on n’a plus le choix »

« D’une certaine manière, ce n’est pas agréable de parler comme musulman, mais maintenant, on n’a plus le choix », témoigne Hakim El Karoui, chef d’entreprise, ancien conseiller de Jean-Pierre Raffarin à Matignon, l’une des chevilles ouvrières de la tribune. « Nous avons le souci de ne pas usurper, nous n’avons pas la prétention de représenter les musulmans. Nous le faisons pour le pays », ajoute Pap’Amadou Ngom.
Certains d’entre eux ont partagé des engagements associatifs, se sont fréquentés dans des organisations professionnelles, sont passés par le club XXIe Siècle, qui promeut la diversité parmi les élites, et cela faisait déjà un certain temps qu’ils parlaient d’une initiative. « Nous ne sommes pas un groupe. Nous sommes une génération témoin de la réalité qu’elle vit et qui aujourd’hui fait le constat d’un échec de la gouvernance » de l’islam en France, résume Abdel Rahmène Azzouzi. Après le meurtre du prêtre, ils ont précipité le mouvement.

Ils insistent sur l’hétérogénéité des Français musulmans. « Il faut arrêter de regarder les musulmans comme un bloc. C’est un patchwork ! », s’agace Madjid Si Hocine. Mais ils partagent le sentiment de faire partie de « la grande majorité silencieuse musulmane », comme le formule Sadek Beloucif, chef du service d’anesthésie-réanimation de l’hôpital Avicenne, en Seine-Saint-Denis.

« Tais-toi quand tu parles ! »

Cette majorité pour qui la « religion est intime », qui n’a pas accès aux médias, qui se sent « caricaturée » par ceux-ci lorsque, pour évoquer l’islam, ils donnent la parole à quelques rares représentants mis en avant par les politiques et dans lesquels ils ne se reconnaissent pas, ou à « des spécialistes » qui lui sont étrangers, mais presque jamais à des musulmans qui leur ressemblent.

Cette majorité silencieuse, accusent-ils, est aujourd’hui prise au piège d’une injonction paradoxale, sommée de condamner les attentats en tant que musulmans et, dans le même temps, de ne surtout pas s’afficher comme tels. « On nous dit : “Tais-toi quand tu parles !” », résume Amine Benyamina, psychiatre et addictologue. C’est de cette impasse que les signataires ont décidé de sortir. « Il faut dépasser cette injonction paradoxale, car si on ne fait rien, on inquiète l’ensemble de la société. Il faut intervenir. Le silence gêné ne peut plus durer », tranche Hakim El Karoui.

Il est pour eux urgent de trouver les moyens de s’adresser aux jeunes générations, auxquelles, déplorent-ils, plus personne ne parle. « Je crois à la vertu de l’exemple. J’ai le sentiment d’être devenu une espèce d’aîné qui peut montrer le chemin. La jeunesse, personne ne s’en occupe plus. Insulter l’avenir comme ça, c’est terrible ! », s’indigne Madjid Si Hocine. Ils plaident en faveur d’une véritable bataille culturelle.

« Il faut toucher les jeunes à travers leurs propres outils. Répondre aux fous par les moyens modernes. On ne fera pas l’impasse d’une entreprise culturelle de grande envergure adossée à un discours idéologique », presse Bariza Khiari. « La jeunesse qui a grandi avec le traumatisme du 11-Septembre aurait eu grand besoin de ne pas être montrée du doigt mais au contraire incluse, plaide Marc Cheb Sun, auteur et directeur de la revue D’ailleurs et d’ici. Mais c’est tout le contraire qui s’est passé. Si ce qui fait votre colonne vertébrale, qui vous est si cher [votre religion], est capturé par des gens qui en font un crime et que la société française vous désigne comme le problème, comment se construire?»

Or il est évident à leurs yeux que les institutions actuelles de la deuxième religion du pays seront incapables de conduire ce combat culturel. Et que le premier responsable de cette impuissance est le pouvoir politique. Paralysé par divers intérêts en conflit, le Conseil français du culte musulman (CFCM), accusent-ils, est le fruit du choix fait par les gouvernements successifs de faire « sous-traiter » la gestion de ce culte aux Etats d’origine des migrants qui se sont installés en France, au premier rang desquels l’Algérie, le Maroc mais aussi la Turquie. « L’Etat français n’a jamais voulu un islam de France, accuse Abdel Rahmène Azzouzi. C’est le signe que [les politiques] considèrent toujours l’islam comme une religion étrangère à la République. » Bariza Khiari n’est pas la seule à y voir « des miasmes coloniaux ». « On nous dit : ces gens ne sont pas comme nous, ils n’arrivent pas à s’entendre, ils ont besoin qu’on les organise », enchérit Marc Cheb Sun.

Ils demandent la création d’une fondation de l’islam qui devrait prendre en main cette entreprise et être émancipée des Etats d’origine. « Je ne veux plus voir une seule âme étrangère roder autour du CFCM. L’islam de France doit être géré par des Français uniquement. La maison commune, c’est la France, pas le Maghreb ! », assène Abdel Rahmène Azzouzi. La gestion du culte par le CFCM, sous le parrainage de l’Etat, avec une partie des imams formés à l’étranger, parlant parfois mal le français et étrangers aux codes des Français, ne parvient pas à toucher suffisamment les jeunes, déplorent-ils. Selon Madjid Si Hocine, « il faut totalement rebooter le logiciel de la gestion de l’islam de France ».

Les signataires de la tribune ne rejettent pas tout rôle de l’Etat. Ils veulent que « la communauté s’organise en bonne intelligence avec les pouvoirs publics », selon la formule de Pap’Amadou Ngom. Une fondation répondrait au besoin de « professionnalisme » pour gérer efficacement les flux financiers liés à la construction de mosquées, par exemple. Elle ne s’occuperait pas seulement de la dimension cultuelle, mais aussi de projets culturels, de recherche, de communication moderne. Objectif prioritaire : les jeunes générations.

Main tendue

Mais le nom de Jean-Pierre Chevènement évoqué par le président de la République, François Hollande, pour prendre la tête de cette fondation les fait douter des intentions du gouvernement. « C’est terrible ! ça nous renvoie à l’indigénat. On n’est pas des majeurs incapables ! », s’insurge Amine Benyamina. « Ça fait un peu bureau des affaires indiennes », relève Madjid Si Hocine.

Le gouvernement voudra-t-il saisir la main qu’ils tendent ? En tout cas, eux qui, comme Abdel Rahmène Azzouzi, estiment « avoir fait une synthèse entre les valeurs de la République et celles de l’islam », sont prêts à participer à une sorte de « constituante » qui permettrait de donner un nouveau départ aux institutions de la deuxième religion de France.

Et, pourquoi pas, s’enflamme Abdel Rahmène Azzouzi, faire de ce modèle un article d’exportation capable de « rayonner dans le monde entier ! ».

Lire aussi : Oubli des victimes juives des attentats : retour sur un lapsus dommageable

Cécile Chambraud
Journaliste au Monde


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