vendredi 23 décembre 2016

Les migrants contribuent à près de 10 % de la richesse mondiale

Les envois de fonds à leurs proches par les émigrés ont totalisé 580 milliards de dollars en 2014. En photo, des services de transfert d'argent à New York.Les envois de fonds à leurs proches par les émigrés ont totalisé 580 milliards de dollars en 2014. En photo, des services de transfert d'argent à New York.Les envois de fonds à leurs proches par les émigrés ont totalisé 580 milliards de dollars en 2014. En photo, des services de transfert d'argent à New York.
L'apport des immigrés, plus productifs à l'étranger, est essentiel aux grandes économies développées, montre une étude de McKinsey.

Pour son 25e anniversaire, le Global Institute de Mckinsey, dont la mission est d'analyser les questions de productivité, publie un rapport sur les migrants et leur impact économique mondial. Alors qu'ils regroupent aujourd'hui quelque 247 millions de personnes (qui exercent un métier ainsi que leur famille), soit 3,4 % de la population mondiale, les migrants contribuent à hauteur de 9,4 % du PIB mondial (quelque 6 700 milliards de dollars, l'équivalent du PIB du Japon et de la France réunis).
«En dépit des inquiétudes et des controverses qui les entourent, les migrations transfrontières sont le résultat normal d'un monde plus interconnecté et d'un marché mondial du travail»
Global Institute de Mckinsey
«En dépit des inquiétudes et des controverses qui les entourent, les migrations transfrontières sont le résultat normal d'un monde plus interconnecté et d'un marché mondial du travail», note l'étude, qui se présente comme une défense et illustration des phénomènes migratoires. McKinsey établit dès le départ la distinction entre les «migrants volontaires» (on parle parfois de migrants économiques), qui constituent 90 % du total, et les autres (10 %, près de 25 millions de personnes), réfugiés ou chercheurs d'asile. Les personnels des entreprises multinationales, les expatriés sont des migrants, mais pas les travailleurs transfrontaliers, qui se déplacent chaque jour dans un autre pays. Car, par définition, «le migrant vit dans un pays où il n'est pas né», ce qui exclut également les immigrés de deuxième ou troisième définition.
De la campagne électorale de Donald Trump, qui proposait d'édifier un mur entre le Mexique et les États-Unis, à la guerre en Syrie et aux émigrés clandestins africains, qui traversent à leurs risques et périls la Méditerranée, les polémiques n'ont fait que croître. Sans conteste, les États-Unis sont le premier pays de destination de migrants (47 millions), même si l'Union européenne (plus la Suisse et la Norvège) constitue la première terre d'accueil (58 millions), ce chiffre incluant les migrations intra-européennes. Aujourd'hui, les migrants représentent 15 % de la population totale aux États-Unis, 13 % en Europe occidentale et 48 % dans les pays du Golfe arabique.
Rien que pour l'économie américaine, l'apport des immigrés est essentiel, de l'ordre de 2500 milliards de dollars, un chiffre considérable équivalent au PIB de la France
D'un strict point de vue économique, les migrants, et pas seulement les gens hautement qualifiés, sont plus productifs en s'expatriant. Ils apportent quelque «3000 milliards de dollars de plus (par an) que s'ils étaient restés dans leurs pays d'origine». Rien que pour l'économie américaine, l'apport des immigrés est essentiel, de l'ordre de 2500 milliards de dollars, un chiffre considérable équivalent au PIB de la France, et que Donald Trump sera amené à méditer.

Une récente étude du National Bureau of Economic Research signalait d'ailleurs récemment que plus de la moitié des Ph. D. (les docteurs en sciences) travaillant dans les secteurs des Stem (Science, Technology, Engineering and Mathematics) étaient des migrants (travaillant aux États-Unis sans y être nés).

Salaires inférieurs

De même, l'apport financier des migrants au développement des États où ils sont nés est essentiel. McKinsey rappelle que les envois de fonds à leur famille par les émigrés ont totalisé 580 milliards de dollars en 2014. Ces remittances, comme on dit en anglais, sont devenues la première forme d'aide au développement, loin devant l'aide publique au développement. Ces flux sont considérables pour l'Inde (70 milliards de dollars remittances), pour la Chine (62 milliards) et les Philippines (28 milliards).

Autre question très débattue, «de nombreuses études académiques ont démontré que l'immigration ne nuit pas à l'emploi ou aux salaires des autochtones», explique l'étude de McKinsey. Même si elle peut avoir des effets négatifs si l'on observe un grand mouvement de migrants dans une région spécifique, si les migrants constituent des substituts directs aux travailleurs nationaux et si l'économie du pays de destination est en récession. Par ailleurs, si les migrants gagnent à partir de leur pays natal, leurs revenus restent en revanche inférieurs de 20 % à 30 % aux rémunérations des autochtones (à qualification égale).

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