jeudi 25 avril 2019

Étudiants étrangers en France: la hausse des droits d'inscription, une discrimination d'État

Scandaleuse cette discrimination contre les étudiants étrangers désormais inscrite dans le Journal officiel en France ...Les plus ciblés, sans le dire explicitement, sont bien évidemment les ressortissants d'Afrique.



Pourquoi?

Je confirme qu'aux États-unis, au Canada, en Australie et j'imagine sous d'autres latitudes les étudiants de nationalité étrangère payent parfois deux fois plus que les nationaux, mais pour une qualité d'enseignement et des infrastructures universitaires franchement pas comparables à ceux que la France met à la disposition des futurs étudiants étrangers, même sur des campus aussi réputés et prestigieux que Dauphine qui ne sont pas comparables y compris aux campus de seconde zone dans ces pays. 

C'est un peu curieux d'acter l'autonomie des universités puis d'imposer par la loi de manière unilatérale une politique tarifaire. C'est cela la discrimination, parce que dans une même ville comme San Francisco que je connais UC Berkeley, Stanford ou même University of San Francisco n'appliquent pas les mêmes tarifs unilatéraux (arrêtés par les autorités californiennes et mêmes fédérales à Washington) aux étudiants étrangers.

C'est en cela que la cible est bien connue ici, et ne nous cachons pas derrière les belles formules, ce sont les étudiants africains qui sont visés et ils iront ailleurs. Parce que même en matière académique la concurrence est rude pour attirer les meilleurs, et la valeur ajoutée des universités françaises était précisément sur ces frais de scolarité insignifiants par rapport à ce qui est déboursé dans les pays anglo-saxons notamment. 

Pour ceux qui ne le savent pas: 

Il faut préciser ce qu’est un étudiant “extra communautaire”. Aux USA c’est défini par le statut d’immigration. Seuls ceux qui rentrent avec un visa F1 sont soumis au tarif “external” qui dépend du type d’universités ( sans subventions ou avec subventions). 

Si vous êtes résidents (green card ou refugees) alors aucune discrimination avec les américains car vous êtes soumis au instate ou out-of-state. In-state s’applique à tous ceux qui payent les impôts dans l’État de résidence de l’université. Out of state pour tous les autres.

C' est un vaste sujet. Pour faire court, il y a des cas particuliers. Par exemple de nombreuses bourses sont disponibles et ouvertes à tous et permettent de réduire les frais. Les universités subventionnées par l’État féderal ont les tarifs les plus bas en géneral. Et il y a les community colleges où l’inscription dans certains États correspond à rien du tout.

Puis-je faire 4 ans undergraduate dans une université (y compris prestigieuse) americaine et quasiment rien payé? Answer is YES.

Nous parlons bien évidemment des universités et non des grandes écoles:

Et dans les systèmes anglosaxons que la France veut suivre, les frais de scolarité sont payés dans un cadre 'universitaire. Quand un étudiant s'inscrit à la business school, à la law school ou à la school of economics d'une université que je connais bien comme celle du Queensland en Australie, ce n'est pas à ces départements qu'il paye sa tuition mais au groupe universitaire dans son ensemble. 

Toute la différence avec le système des grandes écoles en France qui ne sont pas intégrés aux universités. Chacune de ces dernières a ainsi sa politique tarifaire indépendante du système universitaire et dès lors que que l’État a acté l'autonomie des universités en France, il ne peut pas de manière unilatérale leur imposer des tarifs pour les étuduants étrangers et les nationaux. Ça doit être à la discrétion de chacune d'entre-elles. 

C'est précisément là où intervient une discrimination d'État assumée ici (je  veux bien le croire) mais contre laquelle un certain nombre de recteurs et d'organisations étudiantes s'insurgent en ce moment avec raison, notamment dans certaines universités de la périphérie de Paris, comme en Seine Saint Dénis où un pourcentage élevé de leurs étudiants sont étrangers et ne pourront pas à l'évidence faire face à cette augmentation des frais universitaires, bien que la loi soit non rétroactive pour les actuels étudiants (et s'appliquera donc à tous les nouveaux).

Voilà le fond du débat, que devront faire ces universités? Fermer les portes à parfois une moitié de leur effectif d'étudiants parce qu'ils sont étrangers et ne peuvent s'acquitter des nouveaux frais de scolarité?

Joël Didier Engo

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