Maintenant que la détestable campagne des régionales est
terminée...il faut rendre à Mme Pécresse le parcours et les convictions
qui sont réellement les siens, en toute neutralité et indépendance.
Précisément ces deux valeurs - que notre distance contrainte avec un
certain petit microcosme partisan parisien - permet de préserver et
revendiquer jalousement.
Plus que jamais!
Joël Didier Engo
Valérie Pécresse, une bonne élève à la région
Le Monde | 19.12.2015
Par Béatrice Jérôme
Valérie Pécresse et Jean-Paul Huchon, président sortant de la région
Ile-de-France, au siège du conseil régional, à Paris, vendredi 18
décembre.
Elle prend la gouvernance de l’Ile-de-France, aux mains
de la gauche depuis dix-sept ans, pour en faire, dit-elle, « la
fabrique de nouvelles pratiques politiques ». Valérie Pécresse, 48 ans, a
été élue vendredi 18 décembre, présidente (Les Républicains) de la
région et succède ainsi à Jean-Paul Huchon (PS). Si son élection est le
résultat d’une stratégie rectiligne pour emporter la région la plus
peuplée de France, l’ancienne ministre de François Fillon n’a eu de
cesse de courir après son image. Elle dont la personnalité s’est
longtemps dissimulée derrière son pedigree de « bonne élève » s’est
toujours battue contre les préjugés à son égard.
Lors de la
campagne des régionales, son adversaire socialiste, Claude Bartolone, a
eu beau jeu d’affubler du surnom de « Versaillaise » celle qui est élue
députée des Yvelines depuis 2002. Un coup d’œil à la carte de la
deuxième circonscription suffit pour constater qu’elle ne l’est pas tout
à fait : seule une petite partie de Versailles en dépend et
Vélizy-Villacoublay, où elle a ouvert sa permanence, est la plus grosse
commune.
Si les Versaillais, le dimanche, la croisent parfois en
vélo le long du canal et peuvent aussi l’apercevoir à la messe, « ceux
qui lui collent cette étiquette de Versaillaise ne savent pas ce que
sont les bourgeois versaillais », s’esclaffe Emmanuelle Mignon.
L’ancienne sherpa de Nicolas Sarkozy connaît Valérie Pécresse pour avoir
fréquenté les mêmes bancs d’écolières à Sainte-Marie de Neuilly avant
de la retrouver dans l’une des meilleures prépa aux grandes écoles de
France, Sainte-Geneviève, baptisée « Ginette », créée par les jésuites à
Versailles.
« Elevée au biberon du mérite républicain »
«
Valérie c’est le contraire d’une Versaillaise. Le serre-tête en velours
et la robe Jacadi c’est pas du tout son genre ! Elle est très
provinciale », assure Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la santé,
qui l’apprécie beaucoup. A gauche aussi, certains se méfient de cette
image:
« Pécresse n’est pas la caricature de la
Versaillaise, observe une élue PS régionale des Yvelines. On la sent
tiraillée entre sa fidélité à son milieu, la bourgeoisie catholique, et
sa volonté d’inscrire son rôle de femme dans la modernité, d’où ce
dynamisme qu’elle met en avant. »
Autre réputation dont elle n’a
eu de cesse de vouloir se débarrasser, celle de la « techno ». Au sein
des Républicains, ceux qui ne l’apprécient pas la jugent « sans idées
personnelles ». « Valérie n’essaie pas d’être un personnage authentique.
Elle est dans l’imitation, elle colle à ce que doit être, à ses yeux,
la parfaite femme politique de droite », assène un élu LR.
Mme
Pécresse se définit volontiers comme une «fille de prof élevée au
biberon du mérite républicain». Diplômée d’HEC, la nouvelle présidente
de région est sortie deuxième au classement de la promotion Condorcet de
l’ENA en 1992. «Elle a un peu de mal à dépasser son côté
fondamentalement sérieux. C’est la bonne élève qui veut l’être dans sa
carrière politique comme elle l’a été dans une carrière technocratique»,
reconnaît une proche. «Elle a un petit côté Merkel, s’emballe Pierre
Lequiller, député (LR) des Yvelines et conseiller régional élu sur sa
liste. Elle a les pieds sur terre et elle n’est pas dogmatique. »
De son mentor Jacques Chirac, elle s’est inspirée pour casser son
profil de technocrate. «Dans les Yvelines il y a des paysans,
remarque-t-elle. Je suis une Yvelinoise qui a un peu de terre à ses
chaussures. Nous les Yvelinois, on laboure, on sème et on récolte. » Sur
ce chapitre, Jean-Pierre Raffarin en rajoute volontiers : « Valérie
Pécresse est un tracteur. Cela avance lentement, mais c’est très
résistant. » Une image que Valérie Pécresse assume.
La
Résistance, elle aime l’évoquer également à propos de sa famille pendant
la guerre : « C’est dans l’appartement de mes grands-parents qu’a été
publiée la première édition de Témoignage chrétien sous l’occupation »,
a-t-elle confié lors de son audition par l’association La Manif pour
tous, le 28 novembre.
« Racines chiraquiennes »
Elle a
toujours « revendiqué ses racines chiraquiennes même quand ce n’était
pas à la mode », lui reconnaît Jean-François Legaret, conseiller
régional (LR) et maire du 1er arrondissement de Paris. « Je suis une
gaulliste sociale », assure et répète Mme Pécresse. Sa fidélité à
Jacques Chirac ne lui a pas toujours été favorable. Nommée par Nicolas
Sarkozy ministre de l’enseignement supérieur en 2007, elle s’est
toujours déclarée « fidèle à Chirac, loyale à Sarkozy ». Sans réussir à
se faire pardonner par ce dernier sa première allégeance. « Sarkozy a
toujours eu un doute sur la loyauté de Valérie. A tort, car elle n’a
jamais craché dans la soupe, remarque un proche du président des
Républicains. Sarkozy aime bien les femmes intelligentes mais à
condition qu’elles soient à 400 % de son côté. »
Autre fausse
évidence à propos de Mme Pécresse, derrière sa douceur apparente se
cache « une autorité », selon les uns, un tempérament de « bagarreuse »,
souligne M. Legaret. « Quand on est une femme en politique, il faut
savoir se faire respecter », écrivait-elle en 2007 dans son livre Etre
une femme politique, c’est pas si facile ! (L’Archipel). A l’époque,
Valérie Pécresse revendiquait « le surnom de Calamity Jane ».
Lors de son discours, vendredi, devant l’hémicycle régional, Mme
Pécresse a d’emblée déclaré la guerre à la future métropole du Grand
Paris qui doit voir le jour le 1er janvier 2016. Celle-ci « me paraît
être un contresens historique et une aberration administrative et
économique, a-t-elle lancé. Il est encore temps d’abandonner ce projet
qui exclut, qui complexifie et qui taxe ».
Mme Pécresse prend la
présidence de la région à un moment institutionnel charnière pour le
devenir de l’Ile-de-France mais elle est aussi élue à quelques mois de
la primaire qui doit désigner le candidat de la droite à la
présidentielle. « Elle va compter et peser très fort au sein du parti
dans les mois qui viennent », assurent des élus proches d’elle. Son
engagement a jusqu’ici été sans faille pour François Fillon. Mais à
terme, « elle va rouler pour elle ».
Béatrice Jérôme
Journaliste au Monde
Journaliste au Monde
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