Chaque année, le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) des Nations unies publie des chiffres sur la situation des réfugiés et des migrants dans le monde. Si ces deux populations sont souvent confondues, il existe pourtant des différences légales entre l’une et l’autre. Au total, les réfugiés représentent 22,5 millions de personnes, soit moins de 1% de la population mondiale. Ils sont de plus en plus nombreux, et viennent majoritairement du Moyen-Orient, mais aussi d’Afrique. Evolution notable par rapport à 2016 : le Soudan du Sud est devenu le troisième pays le plus fui par des populations.
► Qu’est-ce qu’un réfugié ?
Le HCR définit les réfugiés comme « [des]
personne[s] qui fui[en]t des conflits armés ou la persécution […] On
les identifie précisément, car il est dangereux pour eux de retourner
dans leur pays et qu’ils ont besoin d’un refuge ailleurs. Ne pas
accorder l’asile à ces personnes aurait potentiellement des conséquences
mortelles. » Le statut des réfugiés est encadré par le droit international
(Convention de Genève de 1951 notamment), et tout un ensemble d’autres
dispositions législatives selon lesquelles un réfugié ne peut être
renvoyé dans un pays où sa vie et sa liberté seraient menacées.
Avant d’obtenir le statut de réfugié, l’individu est d’abord demandeur d’asile, et doit prouver qu’il est persécuté ou risquerait de l’être à titre individuel. « Cette notion d’individualisation est importante, explique l’universitaire Catherine Withol de Wenden au CNRS (Centre national de la recherche scientifique), car
chaque demandeur d’asile doit apporter la preuve qu’il est directement
menacé. En clair, il ne suffit pas de venir d’une zone de guerre pour se
voir attribuer automatiquement le statut de réfugié. »
Tous les réfugiés sont des migrants, mais tous les migrants ne sont
pas des réfugiés : les migrants sont définis par l’ONU comme des
personnes nées dans un pays et vivant dans un autre pour une durée
supérieure à un an. Les migrants peuvent choisir de quitter leur pays,
que ce soit pour échapper à la mort, ou simplement pour améliorer leurs
conditions de vie (on parle alors de migration économique), ou pour
étudier à l’étranger par exemple.
► Combien sont-ils
Selon le HCR, les réfugiés seraient 22,5 millions à travers le monde fin 2016,
contre 21,3 un an auparavant. Un quart d’entre eux (5,3 millions) sont
Palestiniens et dépendent d’une branche spéciale du HCR, l’Office de
secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine
dans le Proche-Orient (l’UNRWA en anglais).
Au total, les réfugiés représentent 0,3% de la population mondiale.
La moitié d’entre eux aurait moins de 18 ans, un tiers d’entre eux
seraient des enfants. Si l’on considère l’ensemble des déplacés,
c’est-à-dire tous ceux qui ont fui des conflits ou des persécutions pour
s’installer ailleurs dans leur propre pays ou à l’étranger, on arrive à
un total supérieur à 65 millions, soit près de 1% de la population
mondiale. Chaque minute, 20 personnes seraient contraintes de fuir leurs
foyers.
► D’où viennent-ils ?
Pour la plupart, les réfugiés sont originaires des pays du Proche et
du Moyen-Orient. Hormis la situation particulière des Palestiniens, les
pays d’où partent le plus grand nombre de réfugiés sont la Syrie (5 millions) et l’Afghanistan (2,7
millions). Les conflits qui ravagent ces deux pays poussent les
populations à l’exode, que ce soit dans les pays de la région ou vers
d’autres zones du monde, comme l’Europe. En 2016, la moitié des Syriens
vivaient déplacés, soit à l’intérieur des frontières du pays, soit à
l’étranger, notamment dans les pays limitrophes.
Le Soudan du Sud arrive en troisième place de ce
sombre classement, devançant la Somalie qui l’occupait en 2015. Près
d’un million et demi de personnes ont fui le Soudan du Sud l’année
dernière. Le HCR écrit dans son rapport qu’il s’agit de la population
réfugiée qui a connu la plus forte augmentation (+64% pendant la seconde
moitié de 2016), et qu’elle se compose majoritairement d’enfants.
Au total, 55% des réfugiés dans le monde viennent de ces trois pays.
► Où sont-ils ?
Plus de 8 réfugiés sur 10 sont installés dans des pays en
développement. Les pays qui accueillent le plus de réfugiés sont
logiquement situés au Proche et au Moyen-Orient : 2,9 millions sont
installés en Turquie, 1,4 million au Pakistan, et un million au Liban.
Proportionnellement à sa population, ce dernier pays accueille le plus
grand nombre de réfugiés, puisqu’ils représentent environ un sixième de
l’ensemble des personnes vivant sur le territoire.
En 2015, l’Union européenne avait adopté un plan de relocalisation de
160 000 demandeurs d’asile. La démarche est lente, puisque
actuellement, seules 21 000 personnes arrivées en Italie et en Grèce ont
été réparties dans les pays membres. La faute notamment à un manque de
volonté politique des gouvernements nationaux : la Commission européenne
a d’ailleurs annoncé mercredi 14 juin 2017 qu’elle allait entreprendre
des procédures légales
contre la Hongrie, la Pologne, et la République tchèque. L’Allemagne
est le pays du monde qui reçoit le plus de demandes d’asile : 1,3
million à la fin de l’année 2016, pour une population totale de 81,41
millions.
S’ils ne sont pas considérés comme des réfugiés, on remarque
toutefois que le pays qui compte le plus grand nombre de déplacés sur
son propre sol est la Colombie : plus de 7 millions de personnes ont fui
le conflit avec les Forces armées révolutionnaires (FARC).
► Par où passent-ils ?
Par définition, un réfugié a dû traverser une frontière. Le plus
souvent, ce passage s’effectue illégalement, ou du moins hors de tout
contrôle policier, avec l’appui de passeurs qui monnaient leurs
services. Certaines traversées sont plus périlleuses que d’autres : dans
le Sahel, il n’est pas rare de retrouver des convois de réfugiés
décédés, car perdus alors qu’ils tentaient de gagner les côtes de la
Méditerranée depuis l’Afrique de l’Ouest ou l’Afrique centrale.
La Méditerranée est la route migratoire la plus empruntée. Depuis le
début de l’année 2016, plus de 10 000 personnes ont perdu la vie en
tentant la traversée dans des embarcations de fortune, notamment depuis
les côtes libyennes vers l’Italie ou depuis la Grèce vers la Turquie.
► Où sont les plus grands camps de réfugiés ?
Au moins 4,4 millions de personnes vivent dans des camps de réfugiés
selon le HCR, qui explique dans son rapport n’avoir pu collecter de
données que pour les ¾ de la population réfugiée. Ces camps, souvent
construits illégalement, sont gérés par des associations ou des
organisations internationales, et plus ou moins encadrés par les
pouvoirs publics, qui cherchent souvent à les fermer.
C’est par exemple le cas à Calais, dont la « jungle » a été détruite en 2016, ou à Dadaab
au Kenya. Dadaab a été pendant plusieurs années le plus grand camp de
réfugiés au monde. Il a accueilli jusqu’à un demi-million de personnes,
notamment venues de la Somalie toute proche. C’est pour un motif
sécuritaire que les autorités kényanes souhaitent fermer ce camp depuis
plusieurs années : elles reprochent aux jihadistes shebabs de se cacher
dans le camp.
La plupart des camps ne sont pas construits pour durer, mais devant
l’absence de solutions, le court-terme devient permanent. Ainsi, depuis
la guerre israélo-arabe de la fin des années 1940, des millions de
Palestiniens sont parqués dans une cinquantaine de camps, que ce soit
dans les Territoires palestiniens, en Syrie, au Liban ou en Jordanie.
► Qui les aide ?
La plupart des pays développés disposent de services ou
d’administrations spécialisés pour les réfugiés : c’est par exemple le
cas de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA) en France.
Au niveau international, le Haut Commissariat aux réfugiés est un
office spécialisé de l’ONU. Doté d’un budget de plus de 6 milliards
d’euros, financé à 90% par les dons des Etats ou de l’Union européenne,
le HCR emploie plus de 10 000 personnes dans le monde.
Une part importante du travail d’aide aux migrants est cependant
prise en charge par les organisations non-gouvernementales ou les
associations. Qu’elles soient locales ou internationales, elles
cherchent à faire pression sur les gouvernements et les pouvoirs publics
en mobilisant le plus grand nombre de citoyens, via des pétitions, des
hashtags, et bien sûr actions sur le terrain.
Certaines se spécialisent dans l’accueil, l’assistance et l’intégration des réfugiés, comme le BAAM à Paris, ou le réseau de La Cimade
dans toute la France. D’autres vont au contraire soutenir les migrants
sur le terrain, comme la Croix-Rouge qui se déplace dans les camps de
réfugiés, ou SOS Méditerranée et Proactiva Open Arms, qui interviennent en Méditerranée pour secourir les bateaux en difficulté.
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