Décidément la tentation du discours simpliste sur les migrants et les
associations qui leur viennent en aide semble si prégnante en France,
qu'elle n'épargne pas y compris un nouveau gouvernement unanimement
salué pour sa capacité (affichée jusqu'ici) à appréhender les
problématiques dans leur complexité sans alimenter les vieux clichés
porteurs de haines et de peurs.
Grosse fatigue M. Collomb avec cette
manière de faire la politique à l'ancienne, alors qu'on attend que vous
ayez le courage d'agir efficacement sur un drame humain dont vous
connaissez parfaitement les causes (guerres, dictatures, famines,
réchauffement climatique.. ) ...et dont l'Honneur de la France est
précisément d'accueillir de manière digne les réfugiés, sans pour autant
nier inutilement sa part de responsabilité dans la persistance d'une
immigration économique en provenance notamment de certains pays
d'Afrique noire où elle a soutenu de manière indéfectible les tyrannies.
Les petites phrases blessantes et humiliantes n'y changeront rien.
C'est en amont qu'il faut s'attaquer à la racine du problème. En
aurez-vous le courage?
Là est toute la question.
Joel Didier Engo, Président de NOUS PAS BOUGER
Éditorial, Libération
Macron et Collomb, le double discours du Calaisis
Édito
Nous appellerons ça le virus de Calais. Il se répand depuis
plus de quinze ans, place Beauvau. Le virus de Calais a commencé à
frapper en 2002. L’impétueux locataire de la place Beauvau d’alors,
Nicolas Sarkozy, décide, par humanité, de fermer le hangar de Sangatte, à
10 kilomètres de Calais, où les réfugiés, cherchant à fuir la guerre au
Kosovo pour la plupart, s’entassent dans des conditions très
difficiles. En 2009, Eric Besson se piquera à son tour d’en finir avec
ce qui est devenu une «jungle» de réfugiés iraniens, soudanais… Puis ce
sera au tour de Manuel Valls et de Bernard Cazeneuve de vendre aux
Français et aux Calaisiens des solutions miracles et locales pour en
finir au nom de l’humanité… Le nouveau ministre de l’Intérieur, Gérard
Collomb, est donc atteint à son tour. Il promet d’en finir avec les
réfugiés et de traiter le problème. Mais il faudra au moins lui
reconnaître une qualité : il ne se pique pas d’humanité. Il laisse cela
au chef de l’Etat. Voilà comment le virus de Calais se double d’un autre
mal de l’époque : le syndrome du «en même temps», qui consiste à
utiliser un double langage avec une grande intelligence. Certains
médecins du siècle dernier l’avaient appelé «Triangulation».
Nous avons donc désormais en même temps un président de la République française qui appelle «à la plus grande humanité» dans la gestion des migrants parce que «c’est notre devoir» et un ministre de l’Intérieur, un très proche du chef de l’Etat, qui demande aux associations d’aide aux réfugiés d’aller se faire voir ailleurs. Entre les deux propos, on trouvera sûrement un communicant pour expliquer que les deux positions ne sont pas opposées, bien au contraire, et que mieux accueillir les personnes à bout de force ne passe pas par des camps de fortune et des conditions de vie plus que précaires. Certes, mais en attendant l'énième plan qui ne règlera sans doute rien à la situation des Calaisiens parce que les raisons qui poussent les migrants à venir dans le goulot d’étranglement pour l’Angleterre n’ont pas grand chose à voir avec la France, personne ne gère l’urgence. A part ces associations désarçonnées par un double discours.
On va finir par croire que le nouveau monde, s’il a beau avoir changé son enrobage, ne peut pas gérer deux maladies à la fois. Ou alors il commence furieusement à ressembler à l’ancien : une poudre de perlimpinpin.
Nous avons donc désormais en même temps un président de la République française qui appelle «à la plus grande humanité» dans la gestion des migrants parce que «c’est notre devoir» et un ministre de l’Intérieur, un très proche du chef de l’Etat, qui demande aux associations d’aide aux réfugiés d’aller se faire voir ailleurs. Entre les deux propos, on trouvera sûrement un communicant pour expliquer que les deux positions ne sont pas opposées, bien au contraire, et que mieux accueillir les personnes à bout de force ne passe pas par des camps de fortune et des conditions de vie plus que précaires. Certes, mais en attendant l'énième plan qui ne règlera sans doute rien à la situation des Calaisiens parce que les raisons qui poussent les migrants à venir dans le goulot d’étranglement pour l’Angleterre n’ont pas grand chose à voir avec la France, personne ne gère l’urgence. A part ces associations désarçonnées par un double discours.
On va finir par croire que le nouveau monde, s’il a beau avoir changé son enrobage, ne peut pas gérer deux maladies à la fois. Ou alors il commence furieusement à ressembler à l’ancien : une poudre de perlimpinpin.
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