"Un chiffon rouge" ravivé par les politiciens français depuis une quarantaine d'années, et qui laisse désormais indifférents les premiers concernés. Tant tout cela participe d'un nombrilisme franchouillard ...
En effet les générations de femmes et d'hommes politiques se succèdent, mais toujours avec la même vieille vision d'un monde qui se serait à jamais figé autour d'une France voulue aussi prospère, influente, indispensable voire incontournable, notamment sur des flux migratoires pourtant plus mondialisés que jamais.
Alors même que la plupart des rapports internationaux sur les flux migratoires contredisent ce discours nombriliste tenu en France sur un seuil de tolérance franchi sur l'immigration, y compris sur le droit d'asile. Car des pays du Sud de l'Europe (Grèce, Italie), et même ceux du continent africain connaissent davantage de migrations que ce que soutient cette obsession française.
Parions que dans dix ou vingts ans le parlement sera encore appelé à débattre dessus.
Éditorial du Quotidien Le Monde sur la présentation par le gouvernement Philippe, mercredi 6 novembre 2019, d'une série de mesures qui, une nouvelle fois, font figure de diversion aux véritables problèmes du pays et ne font pas reculer les forces politiques qui prospèrent en exploitant les préjugés.
En effet les générations de femmes et d'hommes politiques se succèdent, mais toujours avec la même vieille vision d'un monde qui se serait à jamais figé autour d'une France voulue aussi prospère, influente, indispensable voire incontournable, notamment sur des flux migratoires pourtant plus mondialisés que jamais.
Alors même que la plupart des rapports internationaux sur les flux migratoires contredisent ce discours nombriliste tenu en France sur un seuil de tolérance franchi sur l'immigration, y compris sur le droit d'asile. Car des pays du Sud de l'Europe (Grèce, Italie), et même ceux du continent africain connaissent davantage de migrations que ce que soutient cette obsession française.
Parions que dans dix ou vingts ans le parlement sera encore appelé à débattre dessus.
Éditorial du Quotidien Le Monde sur la présentation par le gouvernement Philippe, mercredi 6 novembre 2019, d'une série de mesures qui, une nouvelle fois, font figure de diversion aux véritables problèmes du pays et ne font pas reculer les forces politiques qui prospèrent en exploitant les préjugés.
Véritable arme politique, la question de l’immigration nourrit les conversations, mais ne figure pas parmi les
principales priorités des Français. En dépit du battage
politico-médiatique incessant sur cette obsession de l’exécutif, le
pouvoir d’achat, la santé, la protection sociale et l’environnement
préoccupent davantage nos concitoyens, selon un récent sondage.
Depuis
trois décennies, ce constat n’a guère changé. Cela n’a pas empêché les
gouvernements, de droite comme de gauche, d’agiter ce chiffon rouge
comme diversion aux véritables problèmes du pays. Le regroupement
familial, la demande d’asile, les reconduites à la frontière, les modes
d’acquisition ou de déchéance de la nationalité, n’ont cessé d’alimenter
les mesures des pouvoirs successifs, sans jamais vraiment régler les
problèmes auxquels elles étaient censées s’attaquer ni faire reculer les
forces politiques qui prospèrent en exploitant les préjugés et en
brandissant des boucs émissaires.
Emmanuel
Macron et Edouard Philippe n’échappent malheureusement pas à la règle.
En annonçant, mercredi 6 novembre, l’instauration de quotas annuels de
travailleurs immigrés par professions et en entravant l’accès des
demandeurs d’asile à la Sécurité sociale, le gouvernement ne modifiera
que très marginalement les réalités. Des travailleurs étrangers aptes à
occuper des emplois non pourvus peuvent déjà se voir délivrer des titres
de séjour : 33 500 en ont bénéficié en 2018.
Un message venimeux
Quant
au délai de carence de trois mois imposés aux demandeurs d’asile, il
n’empêchera heureusement pas ces derniers, souvent éprouvés physiquement
ou psychiquement par les persécutions qu’ils ont subies, d’être pris en
charge au titre des « soins urgents et vitaux », comme le
précise un rapport de l’inspection générale des affaires sociales et de
l’inspection des finances. Force est de reconnaître, à lire ce document,
que des abus existent : la « migration pour soins (…) n’est clairement pas un phénomène marginal »,
y lit-on. Il est légitime de combattre la fraude. Encore ne faudrait-il
pas présenter une mesure microscopique et symbolique comme la panacée
apte à apaiser les états d’âme des Français sur l’immigration.
Afficher
des quotas de travailleurs rompt à juste titre avec l’idée selon
laquelle les immigrés seraient des intrus. Mais l’annonce repose sur un
quiproquo : pour l’opinion, chauffée depuis des années sur cette idée,
notamment sous Nicolas Sarkozy, des quotas doivent permettre de limiter
les flux d’entrée et de « protéger » l’emploi des Français. Il n’en est
rien. Afficher un nombre d’immigrés souhaités dans certaines professions
à partir des besoins recensés dans l’économie revient à diffuser un
message attractif d’accueil. Tel est le constat dans les pays, comme le
Canada ou les Etats-Unis, qui pratiquent les quotas.
Sous
le couvert de mesures « équilibrées » entre ouverture – lesdits quotas –
et fermeture – le délai de carence –, c’est un message pour le moins
ambigu et en réalité venimeux qui est adressé à l’opinion. En matière
d’immigration, le « en même temps » macronien consiste à envoyer des
signaux à l’électorat de droite et d’extrême droite, tout en gardant
bonne conscience puisque l’on agit par petites touches, dans le cadre
constitutionnel. C’est une stratégie perdant-perdant : elle conforte
l’association entre immigration, fraude et chômage, érode la tradition
humanitaire de la France sans convaincre ceux pour qui les « solutions »
d’exclusion des semeurs de haine resteront toujours préférables à ces
appels du pied symboliques.
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