dimanche 19 avril 2015

La méditerranée: le cimetière des migrants (2)

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Bien triste spectacle, que celui offert au quotidien par les démocraties forteresses européennes, réduites au fil des naufrages en méditerranée, à décompter les corps des migrants repêchés.

À nouveau certains dirigeants nous agitent l'argument fallacieux de la générosité - oui indéniablement la solidarité de l'Italie qui porte seule le terrible fardeau. Alors qu'il s'agit pour la plupart des migrants, de réfugiés fuyant les zones de conflits (Syrie, Nord du Nigeria, Somalie, Érythrée...). Ils devraient d'office être couverts par le droit international, dont les conventions de Genève sur les réfugiés, et ne pas ainsi être assignés à la mort en Méditerranée ou à l'errance sur le territoire continental du fait des règlements Dublin.

Alors à minima il s'agit d'une politique assumée de non assistance aux réfugiés en danger;  et au pire - au regard notamment du nombre grossissant des victimes - d'un comportement qui fleurte dangereusement avec le crime contre l'Humanité.

Nous voici ainsi cantonnées par l'Union européenne, en notre qualité d'organisations de la société civile en charge des droits des étrangers,  au triste rôle de veilleurs funèbres en raison des petits égoïsmes nationaux exacerbés.

Joël Didier Engo

 L’écrivaine Fatou Diome, franco-sénégalaise, à L’émission «Ce soir ou jamais» du vendredi 24 avril 2015 sur France 2: « Si c’étaient des Blancs, la terre entière serait en train de trembler », ZapNet Nouvelobs.com

 http://rue89.nouvelobs.com/zapnet/2015/04/26/si-cetaient-blancs-terre-entiere-serait-train-trembler-258859

Dossier Le Figaro Premium, 20 avril 2015:

Réfugiés: l'Europe démunie face à la tragédie

Par Richard Heuzé
Publié le 19/04/2015

INFOGRAPHIE - Plus de 700 migrants ont trouvé la mort dans le chavirage de leur bateau en Méditerranée. L'Italie réclame un sommet européen d'urgence et une politique commune.

«Le drame de la mer le plus épouvantable en Méditerranée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, un véritable massacre.» C'est ainsi que Carlotta Sami, porte-parole italien du HCR (Haut-Commissariat aux réfugiés de l'ONU), a commenté le naufrage survenu dans la nuit de samedi à dimanche en Méditerranée. Au moins 700 morts, peut-être mille, pour l'essentiel des immigrés de la Corne de l'Afrique, Érythréens et Somaliens. Une flottille de dix-sept unités navales est accourue sur les lieux. Selon le chef du gouvernement italien, n'ont pu être repêchés que 28 survivants et 24 corps.

Le naufrage s'est produit samedi vers minuit à 60 milles de la Libye et environ 120 milles au sud de l'île italienne de Lampedusa. Un bateau de pêche en mauvais état d'à peine vingt mètres de long, chargé à ras bord d'immigrés, a lancé un SOS en plein milieu du canal de Sicile, sa maigre réserve de carburant épuisée. À l'arrivée d'un porte-conteneurs portugais, le King Jacob, les occupants se sont portés tous du même bord. La barque a chaviré en les précipitant à la mer. Un grand nombre ne sachant pas nager a coulé immédiatement. D'autres ont survécu en s'agrippant à des débris dans une eau à 17 degrés. Un garde-côtes italien, le Gregoretti, arrivé assez vite sur zone, a pu en sauver un petit nombre.










«Ces drames de la mer ne dissuadent pas les désespérés qui fuient la guerre et les persécutions»










Carlotta Samy
Depuis le début de l'année, on a déjà dénombré 950 noyés. Contre une cinquantaine seulement durant les quatre premiers mois de 2014, quand l'opération «Mare Nostrum» de la marine italienne, qui a secouru 180 000 immigrés en 2014, était encore en activité. «Triton», l'opération européenne qui a pris la relève le 1er novembre dernier, s'est distinguée par son inertie, se limitant à contrôler l'espace maritime sans porter secours à 30 milles des côtes italiennes. «C'est une opération inutile», accusent les Siciliens. Amnesty International compte un noyé pour 50 immigrés secourus depuis le début de l'année. Alors que les réfugiés ne cessent d'affluer. Depuis le 11 avril, en une semaine seulement, onze mille ont été secourus en mer. «Ces drames de la mer ne dissuadent pas les désespérés qui fuient la guerre et les persécutions. Leur nombre ne fera que croître», lance Carlotta Samy.










La colère gronde en Italie devant l'inertie de l'Europe. Lundi est une journée de deuil dans les 390 communes de Sicile. Le Vatican, les organisations humanitaires et nombre d'élus demandent une intervention immédiate ou le renvoi sur zone de la marine italienne. Dans son homélie du dimanche, le pape François a enjoint la communauté internationale d'agir «avec décision et rapidité». Matteo Renzi a interrompu une tournée électorale pour regagner Rome et tenir une réunion d'urgence avec ses principaux ministres, à laquelle le chef de la marine a été convoqué. Le chef du gouvernement italien s'est entretenu avec François Hollande et plusieurs autres dirigeants européens, et demande une convocation d'urgence d'un Conseil européen extraordinaire: «L'Europe doit tout mettre en œuvre pour bloquer les trafiquants de vies humaines, ces esclavagistes du XXIe siècle. Il en va de sa dignité. 976 ont déjà été arrêtés et sont dans nos prisons. L'Italie ne doit pas être la seule à agir contre eux.» Pour sa part, François Hollande appelle à renforcer le dispositif «Triton»: «Plus de bateaux, plus de survols par des avions et une lutte beaucoup plus intense contre les trafiquants, des terroristes qui savent parfaitement que ces bateaux sont pourris.»

Migrants en Méditerranée : après «Mare Nostrum», qu’est-ce que l’opération «Triton» ?

Par

Au moins 400 migrants disparus le 12 avril, 40 noyés le 16 avril, la crainte de 700 morts dans un nouveau naufrage le 19 avril… Le printemps 2015 est tristement marqué par des drames à répétition, une « hécatombe jamais vue en Méditerranée » selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). L'Italie presse ses partenaires européens de renforcer l'opération « Triton », coordonnée par l'agence européenne pour la surveillance des frontières (Frontex), ne disposant que de faibles moyens. Ce sera l'objet de la réunion mensuelle des ministres des affaires étrangères des Vingt-Huit, lundi 20 avril.








Les différences entre les opérations "Mare Nostrum" et "Triton".

Ce qu'elle n'est pas : une mission de sauvetage comme « Mare Nostrum »

A tort, « Triton » a souvent été présentée comme la « suite » de l'opération  « Mare Nostrum ». Mise en place fin 2013 après un naufrage qui avait fait 356 morts au large de l'île italienne de Lampedusa en octobre de la même année , « Mare Nostrum » était une opération lancée par l'Italie pour sauver le plus grand nombre de migrants. La marine italienne pouvait alors intervenir jusqu'aux côtes libyennes.

9 millions d'euros En un an, la mission a permis de secourir plus de 150 000 personnes, soit plus de 400 par jour en moyenne, et d'arrêter 351 passeurs. Mais cette surveillance permanente et l'important déploiement de forces navales et aériennes avait un coût : environ 9 millions d'euros par mois.

Elle a aussi été très critiquée par les conservateurs italiens, qui y voyaient un « appel d'air » : selon eux, les passeurs hésitaient d'autant moins à mettre les migrants dans de petites embarcations fragiles puisqu'ils savaient que la marine italienne allait les secourir ensuite. L'opération « Mare Nostrum » a pris fin à la mi-octobre 2014.








Les franchissements illégaux aux frontières de l'Europe en 2014.

Ce qu'elle est : une mission de contrôle des frontières

L'opération « Triton » a été lancée le 1er novembre 2014, alors que l'opération « Mare Nostrum » prenait fin. Coordonnée par Frontex, son objectif est de surveiller les frontières et non de sauver des migrants. Son rayon d'action est limité aux eaux territoriales européennes, quand les navires italiens de « Mare Nostrum » pouvaient aller jusqu'aux côtes libyennes.

3 millions d'euros « Triton » ne bénéficie que de moyens limités : environ 3 millions d'euros par mois et la mise à disposition, par les Etats membres de l'Union européenne, de quelques navires, de quatre avions, d'un hélicoptère et de 65 officiers. Des moyens à la mesure du modeste budget de l'agence Frontex (114 millions d'euros pour l'année 2015, soit environ 9,5 millions d'euros par mois, l'équivalent du budget mensuel alloué à la seule opération « Mare Nostrum »).

L'Italie et la Commission européenne assurent toutefois que les missions d'assistance sont poursuivies conformément au droit de la mer, mais dans une ampleur moindre que dans le cadre de « Mare Nostrum ».

MOAS, opération de sauvetage privée

Une autre opération de sauvetage se déroulera de mai à octobre. L'ONG maltaise MOAS (« The Migrant Offshore Aid Station », que l'on pourrait traduire par « base embarquée d'aide aux migrants »), financée par un riche couple américano-italien, a permis de sauver quelque 3 000 immigrés en Méditerranée à l'été 2014 grâce à un navire de 40 mètres embarquant deux drones et des secouristes. L'ONG a lancé un appel à des financements fin 2014 et relancera l'opération en partenariat avec Médecins sans frontières.

Alexandre Pouchard
Journaliste aux Décodeurs



Plus de 65% des migrants morts dans le monde en 2014 le sont en Méditerranée.


Des milliers de migrants perdent la vie en essayant d'atteindre l'Europe.
liberation.fr


Migrants: l'Europe dispose de moyens pour enrayer l'hécatombe
21 avril 2015 |  Par Carine Fouteau, Mediapart

Au moins 1 650 personnes ont péri depuis le début de l'année en tentant de franchir la Méditerranée. L'Europe ne pourrait rien faire: faux. Avant le sommet européen de jeudi, Mediapart fait l'inventaire des solutions envisagées et de ce qui a déjà été expérimenté malgré la mobilisation de moyens financiers dérisoires. Lutte contre les mafias de passeurs, redéfinition de Frontex, changement des politiques d'asile et de visas: de nouveaux choix politiques sont nécessaires.

http://www.mediapart.fr/journal/international/210415/migrants-leurope-dispose-de-moyens-pour-enrayer-lhecatombe

Migrants : ces "petits" sauveteurs qui pallient l'absence de l'Europe
Sarah DiffalahPar Sarah Diffalah, Nouvelobs.com

Face à l'inertie de l'Union européenne, de nombreuses initiatives individuelles ont été prises pour sauver les migrants en Méditerranée.Lors d'une opération de sauvetage de migrants par l'ONG MOAS le 8 septembre 2014. (AFP / MARINA MILITARE / HO)Lors d'une opération de sauvetage de migrants par l'ONG MOAS le 8 septembre 2014. (AFP / MARINA MILITARE / HO)

http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20150420.OBS7600/migrants-ces-petits-sauveteurs-qui-pallient-l-absence-de-l-europe.html

Naufrages de migrants : l'Australie est-elle un exemple à suivre ?
Un bateau transportant des demandeurs d'asiles sur la côte nord de l'Australie.

L'Europe fait face à une série noire de naufrages d'embarcations de migrants en Méditerranée. De son côté, l'Australie est citée en exemple par certains : Canberra se vante qu'aucun migrant n'a péri en mer en 2014 et en 2015, attribuant ce changement au tour de vis migratoire adopté par le gouvernement conservateur de Tony Abbott.

Le Monde.fr | 21.04.2015
Par Leila Marchand

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