"Ceux qui ont suscité des guerres, semé
la destruction de nombreux pays et troublé la quiétude de nombreuses
sociétés, doivent assumer l’entière responsabilité de leurs actes. De la
Libye à l’Afghanistan en passant par la Syrie, les États Africains et
l’Amérique Latine, les mêmes causes, les mêmes stratégies impérialistes
et les mêmes politiques de domination, de pillage et de protection des
dictatures, sont à la source des drames actuels."
Déclaration de la COMICODI du 30 août 2015 sur la crise migratoire en Europe:
L’Europe est actuellement confrontée à
un afflux d’étrangers de diverses origines nationales qui arrivent sur
sol par vagues, en ayant recours à divers moyens et à diverses
voies.Loin de représenter une simple propension à l’aventure de quelques
familles et de quelques jeunes en mal d’orientation ou avides des
délices de la société occidentale avancée, ce phénomène est la
résultante directe des politiques coloniales, impérialistes, racistes et
inhumaines mises en œuvre par l’Europe durant des décennies voire des
siècles.
Notre position sur cette situation est claire et ferme. Ceux qui ont
suscité des guerres, semé la destruction de nombreux pays et troublé la
quiétude de nombreuses sociétés, doivent assumer l’entière
responsabilité de leurs actes. De la Lybie à l’Afghanistan en passant
par la Syrie, les États Africains et l’Amérique Latine, les mêmes
causes, les mêmes stratégies impérialistes et les mêmes politiques de
domination, de pillage et de protection des dictatures, sont à la source
des drames actuels.
L’Europe qui est championne des droits de l’Homme et de
la promotion des libertés fondamentales, devrait logiquement ouvrir ses
frontières à toutes les victimes directes et collatérales de
l’application sectaire et subjective de son discours politique. Au nom
de la liberté d’aller et de venir inscrite dans la déclaration
universelle des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, chaque
habitant de la planète devrait être libre d’aller où il veut et de
s’installer où il le souhaite. Tous les naufragés de la méditerranée,
tous les morts de Calais et de la frontière entre les États-Unis et le
Mexique, accusent les mêmes, les mêmes qui ont détruit l’Irak, la Libye,
la Syrie, et maintiennent malicieusement l’Afrique sous le joug de
dictateurs sanguinaires, obscurantistes et barbares. Aucun mur, aucune
répression, aucune menace ni aucun chantage n’arrêtera les arrivées. La
solution est structurelle et se trouve dans une réorganisation honnête
des rapports entre les nations et une promotion effective du droit des
peuples à choisir leurs propres dirigeants, leur forme de gouvernance,
leur type de société, et la fin des ingérences colonialistes et
impérialistes sous toutes leurs couleurs.
Nous demandons à l’Europe, championne pour donner des
leçons de démocratie, de respecter les droits de toute personne qui
aspire à s’établir pacifiquement sur son territoire./.
Le Président de la Commission
SHANDA TONME,Médiateur universel
Des migrants, de la honte budapestoise à la bienveillance munichoise
Distribution de nourriture aux arrivants, le 1er septembre 2015 à la gare de Munich.REUTERS/Lukas Barth
Quelque
3 650 migrants sont arrivés à Vienne par le rail, lundi 31 août. Il
s'agit du record annuel sur une journée, selon les autorités
autrichiennes. Il s'explique par le fait que la Hongrie a renoncé à
retenir les milliers de migrants qui campaient dans ses gares, malgré
l'absence de visas de bon nombre d'entre eux. Les personnes qui
espéraient faire de même le lendemain ont ensuite été chassées de la
gare, tandis qu'un train ayant pu rejoindre Munich, dans le sud-est de
l'Allemagne, a été accueilli par une distribution de nourriture.
A
Vienne, lundi 31 août, lorsque le train entre en gare, aucun migrant ou
presque n'en sort. La police autrichienne aide les passagers hongrois
et autrichiens ainsi que les touristes à s'extraire des wagons. Parmi
eux, une jeune fille qui fait régulièrement le voyage entre Budapest et
Vienne. Elle travaille à la grande gare centrale de la capitale
autrichienne, où elle est vendeuse dans un magasin. A Budapest, elle
était déjà installée dans la rame avec une collègue quand elle a vu des
centaines de migrants tenter, tout à coup, de rentrer eux aussi dans le
train, raconte-t-elle à notre correspondant à Vienne Blaise Gauquelin.
Pas de retour en arrière
La jeune fille estime que 95 % de ces migrants étaient des hommes âgés de moins de 30 ans. « Ensuite, on est partis, mais on est restés bloqués près de quatre heures à la frontière entre la Hongrie et l'Autriche, poursuit-elle. Personne n'est venu s'occuper de nous, c'est complètement dingue ! Les migrants essayaient de nous intimider pour qu'on ne dise rien et on était toutes seules, personne n'est venu, la police hongroise n'est pas venue une seule fois, jusqu'à notre arrivée à Vienne. »
La police autrichienne, elle, est là, mais elle ne semble pas trop savoir quoi faire. Le train repart avec beaucoup de retard pour Munich. Car la plupart des migrants ne veulent pas rester en Autriche dès lors qu'ils ont enfin pu quitter la Hongrie et les Balkans. D'autant que pendant ce mardi matin, ceux qui n'avaient pas pu quitter Budapest et affluaient pour monter dans les trains suivants en direction de l'Autriche et de l'Allemagne étaient expulsés de la gare par des centaines de policiers. Et les haut-parleurs de lancer : « Aucun train n'arrivera ni ne partira de la gare de Keleti jusqu'à nouvel ordre. Nous demandons à tout le monde de quitter les lieux. »
Un discours fort
Une fois franchies l'étape balkanique et la Hongrie, les migrants pensent pouvoir rejoindre l'Allemagne facilement. Un sentiment nourri par les propos forts que la chancelière Angela Merkel a tenus dans son discours de rentrée lundi. Elle y a dénoncé vigoureusement ceux qui rejettent les nouveaux arrivants. « Nous rejetons ceux qui, avec leurs paroles de haine, appellent à manifester. Il n’y a aucune tolérance à avoir envers ceux qui mettent en cause la dignité d’autrui. Ne suivez pas ceux qui organisent ces manifestations. Ils ont des préjugés, et sont motivés par le rejet de l’autre et même la haine. Gardez vos distances avec ces gens-là », a-t-elle exhorté.
La chancelière allemande a ensuite rendu hommage à ceux qui, parmi ses concitoyens, s’engagent pour les arrivants : « Notre pays reste un bon pays, a dit Mme Merkel. Je suis fière de voir combien sont ceux qui s’engagent pour accueillir les réfugiés. Ils sont beaucoup plus nombreux que ceux qui les rejettent, a salué Angela Merkel. Quand autant de personnes sont prêtes à tout sacrifier pour réaliser leurs rêves en Allemagne, cela ne donne pas de nous une mauvaise image. Le monde nous considère comme un pays porteur d’espoirs et de chances. Et cela n’a vraiment pas toujours été le cas. »
Arrivés à Munich
Lundi soir et mardi matin, en Bavière, cet appel a trouvé un écho. Des scènes de bienveillance, voire de liesse, ont eu lieu lors de l'arrivée de plusieurs centaines de réfugiés syriens en gare de Munich, rapporte notre correspondant en Allemagne Pascal Thibaut. Les arrivants ont été accueillis par des Allemands qui leur ont distribué boissons et nourriture. Certains ont été immédiatement enregistrés sur place ; d'autres ont été conduits dans des bus dans des centres d'hébergement. Les autorités s'attendaient à l'arrivée d'autres réfugiés par le train, mais soulignent qu'ils sont 500 chaque jour à rejoindre la Bavière par ce biais.
Les derniers arrivants, empêchés dans un premier temps de quitter la Hongrie, revêtent une portée symbolique. Leur venue par le train rappelle celle de réfugiés est-allemands à l'été 1989 peu avant la chute du Mur de Berlin. Beaucoup de Syriens veulent gagner l'Allemagne, sachant que le pays accueille de nombreux demandeurs d'asile et notamment beaucoup des leurs. La déclaration d'Angela Merkel, qui avait annoncé la semaine passée qu'aucun Syrien ne serait plus renvoyé dans un autre pays de l'Union européenne, a rendu l'Allemagne encore plus populaire. Certains réfugiés syriens ont écrit des lettres d'amour à la chancelière, qui a reconnu que son appel avait provoqué « une certaine confusion ».
■ Contrôles renforcés
A pied, en vélo, en train ou en voiture, tous les moyens sont bons pour franchir les frontières européennes, avec des passeurs qui n’hésitent pas à mettre en danger la vie des réfugiés. La découverte de 71 cadavres de migrants en décomposition dans un camion stationné dans l’état du Burgenland, près de la frontière hongroise la semaine dernière, a déclenché un renforcement des contrôles non pas aux douanes, mais au cœur de la circulation par les forces de l’ordre hongroises, slovaques, autrichiennes et allemandes.
Résultat, des bouchons monstres sur l’autoroute A1 reliant Budapest à Vienne. Jusqu’à 50 kilomètres d’étranglement ont été constaté lundi au niveau de la frontière autrichienne. Chaque camion, fourgon ou voiture est passé à la fouille, ce qui a permis la découverte par les policiers de 12 migrants – 9 adultes et 3 enfants – entassés dans une fourgonnette portant une plaque d’immatriculation française.
Arrivés de Budapest, des migrants changent de train pour se rendre en Allemagne, lundi 31 août 2015 à Vienne.AFP PHOTO / PATRICK DOMINGO
La jeune fille estime que 95 % de ces migrants étaient des hommes âgés de moins de 30 ans. « Ensuite, on est partis, mais on est restés bloqués près de quatre heures à la frontière entre la Hongrie et l'Autriche, poursuit-elle. Personne n'est venu s'occuper de nous, c'est complètement dingue ! Les migrants essayaient de nous intimider pour qu'on ne dise rien et on était toutes seules, personne n'est venu, la police hongroise n'est pas venue une seule fois, jusqu'à notre arrivée à Vienne. »
La police autrichienne, elle, est là, mais elle ne semble pas trop savoir quoi faire. Le train repart avec beaucoup de retard pour Munich. Car la plupart des migrants ne veulent pas rester en Autriche dès lors qu'ils ont enfin pu quitter la Hongrie et les Balkans. D'autant que pendant ce mardi matin, ceux qui n'avaient pas pu quitter Budapest et affluaient pour monter dans les trains suivants en direction de l'Autriche et de l'Allemagne étaient expulsés de la gare par des centaines de policiers. Et les haut-parleurs de lancer : « Aucun train n'arrivera ni ne partira de la gare de Keleti jusqu'à nouvel ordre. Nous demandons à tout le monde de quitter les lieux. »
Les migrants bloqués à Budapest, face aux forces de l'ordre hongroises, le 1er septembre 2015.REUTERS/Laszlo Balogh
Une fois franchies l'étape balkanique et la Hongrie, les migrants pensent pouvoir rejoindre l'Allemagne facilement. Un sentiment nourri par les propos forts que la chancelière Angela Merkel a tenus dans son discours de rentrée lundi. Elle y a dénoncé vigoureusement ceux qui rejettent les nouveaux arrivants. « Nous rejetons ceux qui, avec leurs paroles de haine, appellent à manifester. Il n’y a aucune tolérance à avoir envers ceux qui mettent en cause la dignité d’autrui. Ne suivez pas ceux qui organisent ces manifestations. Ils ont des préjugés, et sont motivés par le rejet de l’autre et même la haine. Gardez vos distances avec ces gens-là », a-t-elle exhorté.
La chancelière allemande a ensuite rendu hommage à ceux qui, parmi ses concitoyens, s’engagent pour les arrivants : « Notre pays reste un bon pays, a dit Mme Merkel. Je suis fière de voir combien sont ceux qui s’engagent pour accueillir les réfugiés. Ils sont beaucoup plus nombreux que ceux qui les rejettent, a salué Angela Merkel. Quand autant de personnes sont prêtes à tout sacrifier pour réaliser leurs rêves en Allemagne, cela ne donne pas de nous une mauvaise image. Le monde nous considère comme un pays porteur d’espoirs et de chances. Et cela n’a vraiment pas toujours été le cas. »
Des volontaires donnent de l'eau aux migrants dans un train à la frontière entre la Hongrie et l'Autriche, le 31 août 2015.AFP PHOTO/ VLADIMIR SIMICEK
Lundi soir et mardi matin, en Bavière, cet appel a trouvé un écho. Des scènes de bienveillance, voire de liesse, ont eu lieu lors de l'arrivée de plusieurs centaines de réfugiés syriens en gare de Munich, rapporte notre correspondant en Allemagne Pascal Thibaut. Les arrivants ont été accueillis par des Allemands qui leur ont distribué boissons et nourriture. Certains ont été immédiatement enregistrés sur place ; d'autres ont été conduits dans des bus dans des centres d'hébergement. Les autorités s'attendaient à l'arrivée d'autres réfugiés par le train, mais soulignent qu'ils sont 500 chaque jour à rejoindre la Bavière par ce biais.
Les derniers arrivants, empêchés dans un premier temps de quitter la Hongrie, revêtent une portée symbolique. Leur venue par le train rappelle celle de réfugiés est-allemands à l'été 1989 peu avant la chute du Mur de Berlin. Beaucoup de Syriens veulent gagner l'Allemagne, sachant que le pays accueille de nombreux demandeurs d'asile et notamment beaucoup des leurs. La déclaration d'Angela Merkel, qui avait annoncé la semaine passée qu'aucun Syrien ne serait plus renvoyé dans un autre pays de l'Union européenne, a rendu l'Allemagne encore plus populaire. Certains réfugiés syriens ont écrit des lettres d'amour à la chancelière, qui a reconnu que son appel avait provoqué « une certaine confusion ».
■ Contrôles renforcés
A pied, en vélo, en train ou en voiture, tous les moyens sont bons pour franchir les frontières européennes, avec des passeurs qui n’hésitent pas à mettre en danger la vie des réfugiés. La découverte de 71 cadavres de migrants en décomposition dans un camion stationné dans l’état du Burgenland, près de la frontière hongroise la semaine dernière, a déclenché un renforcement des contrôles non pas aux douanes, mais au cœur de la circulation par les forces de l’ordre hongroises, slovaques, autrichiennes et allemandes.
Résultat, des bouchons monstres sur l’autoroute A1 reliant Budapest à Vienne. Jusqu’à 50 kilomètres d’étranglement ont été constaté lundi au niveau de la frontière autrichienne. Chaque camion, fourgon ou voiture est passé à la fouille, ce qui a permis la découverte par les policiers de 12 migrants – 9 adultes et 3 enfants – entassés dans une fourgonnette portant une plaque d’immatriculation française.
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