vendredi 27 novembre 2015

Rendons hommage à toutes les victimes du terrorisme, sans jamais céder à un quelconque culte orienté du drapeau

hommageaux-victimes

En hommage notamment aux victimes des attentats terroristes du 13 novembre à Paris.


Je compatis naturellement aux morts, j'en souffre dans ma chair, je partage et vis le deuil national.

Mais de là à céder au culte orienté du drapeau tricolore, je m'en garderais bien, parce que ces attentats concernent et parlent à l'Humanité entière, et pas uniquement à la France parce qu'elle serait la France. Laquelle d’ailleurs? Celle des néo-réactionnaires et identitaires ou celle de la Déclaration Universelle des Droits de L'homme? Vous aurez évidemment compris où va ma préférence.

Et cette France-là n'est pas et ne saurait être seule au monde, surtout après le 13 novembre 2015, pas plus que l'Amérique ne l'a été après le 11 septembre 2001, et ainsi de suite.

Nous sommes dans une globalisation qui fait de nous - que l'on aime ou pas - des citoyens du monde, dans le malheur comme dans la joie. À l'image de ce petit village-monde du Onzième arrondissement de Paris auquel se sont attaqués à deux reprises ces terroristes,

Réapprenons à vivre ensemble. C'est le défi que nous lancent tous les obscurantistes. 

Nous avons l'obligation vitale de le relever ensemble, au nom même de toutes ces belles et grandes valeurs - Liberté, Égalité, Fraternité - que nous avons en partage.

Joël Didier Engo
Président de l'Association Nous Pas Bouger
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Vraisemblablement la meilleure des manières de dire à ces imbéciles d’extrémistes: on vous emmerde!
Photo de Le Huffington Post.
L'imagination comme arme de destruction massive contre les islamistes...Ça aussi c'est la France qu'ils ne peuvent pas aimer ...

Dans cette guerre qui est aussi celle de l'image, on leur dit merde!

Photo de Gérard Bertrand Kamdom-Motsebo.

Terrorisme : pouvons-nous critiquer le discours officiel ?

 





Expliquer le terrorisme n’est pas justifier, et l’action du gouvernement, sans "explications" ne peut que mener à la catastrophe. Par Michel Wieviorka.

Source: Biblilobs

La droitisation de la vie politique française va-t-elle s’accompagner d’un anti-intellectualisme visant en premier lieu ceux qui entendent apporter des connaissances sérieuses sur les enjeux que semble résumer le projet d’une «guerre contre le terrorisme» ?

L’état d’urgence, dont on commence à voir qu’il ne concerne pas seulement les tueurs en puissance, mais aussi bien d’autres «suspects», militants écologistes par exemple, ne va-t-il pas inclure aussi des mesures portant atteinte à la liberté d’expression, ne va-t-il pas, sans aller jusque-là, contribuer à ce que soit disqualifiée la parole de ceux qui critiquent, y compris de façon constructive, le discours officiel ?

Il faut d’abord dire nettement que les catégories utilisées par le pouvoir pour rendre compte des récentes tueries, de leurs auteurs et de leurs victimes sont contestables –ce qui ne veut évidemment pas dire que le drame ou la menace sont minimisées. Il peut être illustré à partir du discours du chef de l’Etat aux Invalides, en particulier sur deux registres.

Quelle "jeunesse de France" ?

François Hollande y a évoqué la «jeunesse de France », «une génération devenue l’image de la France». Au delà de la rhétorique, de tels mots ne correspondent pas à la réalité. Il n’y a pas une jeunesse formant un tout unique, mais des jeunes : les uns effectivement sortent, socialisent, vont au concert, au restaurant, etc., mais d’autres n’y vont pas, faute de moyens, ou parce qu’ils rejettent ce mode de vie. Si nous voulons agir efficacement face à la barbarie qui vient de s’exprimer, alors, nous devons savoir qu’elle n’est pas une simple pathologie mais le problème d’une partie de la jeunesse.

Il est faux de laisser entendre que tous les jeunes s’identifient aux valeurs qui sont celles des victimes, c’est même contre-productif car cela ne peut que suggérer qu’au sommet de l’Etat, on ignore ou on disqualifie ceux qui pour diverses raisons ne s’identifient pas au mode de vie qui correspond à ces valeurs.

L'étrange réflexion de Manuel Valls

Le président de la République a évoqué aussi «une horde d’assassins», «une cause folle et (…) un dieu trahi» et promis «nous mènerons ce combat jusqu’au bout et nous le gagnerons». Mais le problème n’est pas, ou en tous cas pas seulement, de mettre fin aux agissements d’une «horde», il est aussi de faire face à un ensemble de difficultés sociales, culturelles politiques et économiques conduisant une partie de la population à la haine meurtrière de sa propre nation.

Manuel Valls vient de dire au Sénat (jeudi 26 novembre) qu’il ne veut pas entendre «des excuses ou des explications culturelles ou sociologiques» aux attentats du 13 novembre. Le propos est inattendu de la part d’un Premier ministre qui, après les attentats de janvier dernier, en appelait aux sciences humaines et sociales pour apporter un éclairage en profondeur sur de tels événements.

Il met sur le même plan les «excuses» et les «explications», comme si expliquer revenait à excuser. Manuel Valls a peut-être voulu dire «sociales» et non «sociologiques», et j’ai peine à imaginer qu’il se révèle hostile aux sciences humaines et sociales. Pour aller un instant dans son sens, il faut même signaler un double écueil qui guette toute analyse en la matière.

De nombreux jeunes, bien au-delà des quelques centaines ayant rejoint Daech en Syrie, se reconnaissent dans la haine de la France et dans l’action des tueurs, et sociologiquement, l'analyse peut apporter un éclairage utile. Mais cet éclairage ne nous dit rien sur les quelques uns qui passent à l’acte, et risque de constituer un abus qu’on peut qualifier de «sociologisme».

L’autre risque est celui, symétrique du «psychologisme», qui proposerait des explications du passage à l’acte déconnectées de tout analyse sociologique, en termes par exemple de personnalité.

Analyser le terrorisme

Toujours est-il que nous n’avons jamais eu autant besoin d’expliquer le terrorisme. Car si nous n’expliquons pas, alors, l’action publique risque fort d’être à côté de la plaque, et même contre-productive. Si George W. Bush et Tony Blair, qui risque fort de devoir prochainement répondre de ses errements passés, se sont embarqués dans leur «guerre contre le terrorisme» en Irak, c’était sur la base d’une pure et simple négation des connaissances disponibles sur Ben Laden, sur Al-Qaida ou sur l’Irak, en dehors de quelques informations bidonnées, et nous en payons aujourd’hui les conséquences.

Si nous n’utilisons pas ce que nous enseignent les chercheurs aujourd’hui, nous parviendrons peut-être à mettre fin à Daech et, avec son éventuelle liquidation, à l’existence d’une base territoriale où peuvent être organisés et planifiés des attentats en Europe, et où aussi des nouvelles recrues peuvent être l’objet d’un traitement psychologique les transformant en tueurs.

Mais nous n'aurons en aucune façon réglé le problème qui est né en France même, dans notre société, et sur lequel nous commençons à y voir clair, dans l’attente de savoirs plus précis qui pourraient reposer, par exemple, sur l’examen des dossiers rassemblés par la justice et la police à propos des jeunes qui se «radicalisent» -une expression elle-même sujette à caution.

Qu’est-ce qui fait que des pans non négligeables de la jeunesse aboutissent ainsi à basculer dans des visions et des projets mortifères ?

Peut-on sinon «déradicaliser», du moins envisager d’enrayer les processus qui conduisent aux pires horreurs sans connaître ces processus?

Expliquer n'est pas justifier

Par quels cheminements de désubjectivation et de re-subjectivation certains adolescents, ou post-adolescents se convertissent-ils à l’islam alors qu’ils viennent de familles chrétiennes et habitent loin de tout voisinage avec des migrants, et que peut-on envisager pour leur offrir d’autres perspectives que l’islamisme radical ?

Que se passe-t-il vraiment en prison, qui justifie l’idée qu’elle constitue un des terrains où s’opère le passage de la petite délinquance à l’islamisme radical, et que faire avec les détenus musulmans, ou en passe de le (re)devenir ?

N’avons-nous pas affaire à une poussée générale, dans la société, où des jeunes de divers milieux sont en quête de sens et veulent s’engager, un peu comme en d’autres temps une «épidémie terroriste» avait secoué notre pays, à la fin du XIXe siècle, juste avant que ne se mette en place un mouvement ouvrier, avec la création de la CGT et l’ouverture des Bourses du travail ?

Ne faut-il pas se préparer à une telle poussée continue, un peu comme lorsque la jeunesse italienne s’est massivement montrée désireuse d’utiliser le «camarade P 38» -un mouvement qui a duré une quinzaine d’années et dont la fin historique, contrairement à ce qui a souvent été dit, doit moins à l’efficacité répressive du Général Dalla Chiesa qu’à l’épuisement des acteurs ayant perdu tout contact avec le réel ?

Expliquer n’est pas justifier, et l’action sans «explications» ne peut que mener à la catastrophe. Le dire, ce n’est pas contester la légitimité de ceux qui ont la lourde responsabilité d’agir, ni minimiser le danger : c’est simplement demander à ce que la raison et la connaissance trouvent leur place.

Michel Wieviorka

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