Bernard Cazeneuve, Ministre de l'intérieur: " (...) c’est le
développement du continent africain qui constitue pour l’Europe la
véritable réponse au défi des migrations (...)"???
La classe politique française serait-elle obsédée par l'immigration
africaine, au point de ne plus être capable d'identifier l'origine
diverse et plurielle de la migration qui frappe désespérément aux portes
de la forteresse Européenne?
Monsieur Cazeneuve, parmi ces
migrants il y a autant de Syriens, d'Afghans, d'Irakiens..que
d'Africains (essentiellement venus d’Érythrée). Et ces derniers migrent
davantage vers les pays frontaliers dans leur continent d'origine, qu'ils
n'empruntent la route meurtrière de l'Europe.
Est-ce
peut-être un des effets réducteurs du vieux regard paternaliste et
condescendant porté sur "l'Homme Africain"???
Mais à force de réduire
l'Afrique et ses ressortissants à la seule problématique de la migration
associée à la prétendue aide au développement, l'Europe semble
précisément entrain de s'éloigner du réel potentiel humain et de
l'infinie "réserve de croissance" de ce continent.
Dommage!
Migrants, notre faillite collective...Vraiment???
C'est d'abord la faillite d'une classe politique française littéralement tétanisée par l'influence grandissante du Front National dans l'électorat populaire, donc incapable d'aborder puis de traiter en profondeur une crise migratoire latente, sans donner en permanence des "gages de fermeté" à ce parti d'extrême droite.
Ainsi faire le strict minimum, y compris en prenant le soin parfois d'assimiler délibérément des réfugiés à des "migrants économiques", relève d'un choix politique (à droite comme à gauche) dit "responsable" et/ou de "gouvernement".
Voilà l'essence de la faillite politique collective française, particulièrement sur les questions migratoires et du droit des étrangers.
Migrants, notre faillite collective...Vraiment???
C'est d'abord la faillite d'une classe politique française littéralement tétanisée par l'influence grandissante du Front National dans l'électorat populaire, donc incapable d'aborder puis de traiter en profondeur une crise migratoire latente, sans donner en permanence des "gages de fermeté" à ce parti d'extrême droite.
Ainsi faire le strict minimum, y compris en prenant le soin parfois d'assimiler délibérément des réfugiés à des "migrants économiques", relève d'un choix politique (à droite comme à gauche) dit "responsable" et/ou de "gouvernement".
Voilà l'essence de la faillite politique collective française, particulièrement sur les questions migratoires et du droit des étrangers.
Joël Didier Engo
Président de l'association NOUS PAS BOUGER
Vidéo, Lionel Zinsou, premier ministre du Benin: «L’Afrique migre vers l’Afrique. Et non vers l’Europe»
TRIBUNE, Libération 01 septembre 2015
Migrants : la France n’a pas failli
Bernard CAZENEUVE
Ministre de l'Intérieur
01 septembre 2015
Jour après jour, l’annonce de nouveaux drames frappant à
mort, dans des conditions tragiques, les migrants qui tentent de
franchir les frontières de l’Europe nous dicte d’agir vite. Entassés à
fond de cale, abandonnés en haute mer, asphyxiés à l’arrière des
camions, leur chemin de souffrances semble ne pas connaître de fin.
Depuis le début de l’année, 340 000 hommes, femmes et enfants, venus du
Moyen-Orient et d’Afrique, ont pris le risque d’affronter cet enfer.
Les rescapés sont souvent accueillis avec humanité, mais parfois aussi
rejetés dans une extrême précarité. Tandis que les populistes jettent
sur eux l’anathème, d’autres s’apprêtent à les suivre, pour fuir la
guerre civile et les persécutions dont ils font l’objet, ou tout
simplement dans l’espoir de mener une vie meilleure.
Face à ce
drame des migrants, aucun gouvernement en Europe, aucun homme politique
ne peut échapper à un examen de conscience. Avons-nous pris assez tôt la
mesure de cette crise ? Avons-nous su faire preuve de la diligence et
de la générosité qu’exigeait cette situation hors norme ? Avons-nous su
respecter la promesse faite par la République depuis la Constitution de
1793 : «Le peuple français donne asile aux étrangers bannis de leur
patrie pour la cause de la liberté»?
La France, pourtant, n’a
pas failli. Nous avons ainsi adopté la plus ambitieuse réforme du droit
d’asile des dernières décennies, afin de nous donner les moyens
d’accueillir enfin tous les demandeurs qui se trouvent sur notre sol
dans des conditions dignes et généreuses. Nous créons plus de 8 000
places nouvelles dans les centres d’accueil des demandeurs d’asile
(Cada), ainsi que 11 000 places supplémentaires pour mettre à l’abri des
migrants et reloger les réfugiés. A Calais, où se trouvent 3000
migrants ayant formé le projet d’entrer au Royaume-Uni, nous avons
ouvert un centre d’accueil de jour, nous mettons à l’abri les femmes et
les enfants, et nous offrons à ceux en besoin de protection la
possibilité de demander l’asile en France. Notre politique y bénéficie
du soutien de l’Union européenne qui vient de lui apporter de nouveaux
financements, comme l’a annoncé lundi le vice-président de la Commission
en présence du Premier ministre.
Au sein de l’Union européenne,
c’est à notre initiative qu’a été décidé voici un an, le triplement des
moyens de l’agence Frontex, chargée de surveiller les frontières de
Schengen et dont les bateaux portent secours aux migrants au large des
côtes grecques et italiennes. Des milliers de vies sont ainsi épargnées
chaque jour.
C’est aussi suite à nos propositions et grâce à nos
efforts qu’un dispositif global et solidaire se met peu à peu en place
pour assurer le respect intégral du droit d’asile aux réfugiés qui
parviennent en Europe. Le nombre des arrivées fait en effet que les
trois principaux pays de première entrée - la Grèce, l’Italie et la
Hongrie - ne peuvent assurer à eux seuls cette charge, comme le
prévoient normalement les règles européennes. Nous soutenons le
principe, pour le temps que durera la crise, d’un mécanisme de
solidarité permettant de répartir certains de ces migrants dans le reste
de l’Union européenne. La France a déjà annoncé qu’elle accueillerait
pour sa part 9000 réfugiés au cours des deux prochaines années, qui
s’ajoutent naturellement à tous ceux qui demandent directement l’asile
sur notre sol chaque année. En parallèle, des centres d’accueil dits
«hot spots» doivent ouvrir en Grèce et en Italie.
Pour que cette
approche soit soutenable, il faut cependant que les Européens
s’accordent sur une politique de l’asile commune, comme l’ont recommandé
la semaine passée le président de la République et la chancelière
allemande. Il faut également que les migrants irréguliers, qui ne
peuvent bénéficier de l’asile, soient dissuadés de venir en Europe, où
ils ne pourront demeurer de façon régulière. Cela implique que leurs
retours soient organisés et aidés, en pleine coopération avec leurs pays
d’origine et avec les pays de transit. La France a ainsi proposé la
mise en place avant la fin de l’année au Niger d’un centre d’aide au
retour et de prévention des départs sous l’égide de l’Office
international des migrations. Bien des pays africains sont demandeurs
d’un tel dispositif, parce qu’ils souhaitent épargner à leurs
ressortissants les risques d’un voyage vers la mort et parce qu’ils
veulent que leurs élites contribuent au développement de l’économie
locale.
À long terme, c’est le développement du continent
africain qui constitue pour l’Europe la véritable réponse au défi des
migrations. L’ Afrique est la réserve de croissance du monde et l’Europe
doit accompagner cette croissance par une politique de coopération
tournée vers le développement durable et la maîtrise des mouvements de
population. Ce sera tout l’enjeu du sommet de La Valette, où seront
réunis les pays européens et les pays africains en novembre 2015, et qui
sera préparé à Paris.
La responsabilité de l’Union européenne et
de ses États membres est aujourd’hui engagée. Elle ne concerne pas
seulement l’avenir de nos peuples, mais la survie immédiate d’hommes et
de femmes qui tentent d’échapper à la mort et aux persécutions. C’est la
raison pour laquelle, j’ai appelé, avec mes collègues allemand et
britannique, à une réunion exceptionnelle et immédiate des ministres de
l’Intérieur européen. Elle se tiendra le 14 septembre. Le temps nous est
compté.
Bernard CAZENEUVE Ministre de l'Intérieur
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