Je compatis naturellement aux morts, j'en souffre dans ma chair, je partage et vis le deuil national.
Mais de là à céder au culte orienté du drapeau tricolore, je m'en garderais bien, parce que ces attentats concernent et parlent à l'Humanité entière, et pas uniquement à la France parce qu'elle serait la France. Laquelle d’ailleurs? Celle des néo-réactionnaires et identitaires ou celle de la Déclaration Universelle des Droits de L'homme? Vous aurez évidemment compris où va ma préférence.
Mais de là à céder au culte orienté du drapeau tricolore, je m'en garderais bien, parce que ces attentats concernent et parlent à l'Humanité entière, et pas uniquement à la France parce qu'elle serait la France. Laquelle d’ailleurs? Celle des néo-réactionnaires et identitaires ou celle de la Déclaration Universelle des Droits de L'homme? Vous aurez évidemment compris où va ma préférence.
Et cette France-là n'est pas et ne saurait être seule au monde,
surtout après le 13 novembre 2015, pas plus que l'Amérique ne l'a été
après le 11 septembre 2001, et ainsi de suite.
Nous sommes dans une globalisation qui fait de nous - que l'on aime
ou pas - des citoyens du monde, dans le malheur comme dans la joie. À
l'image de ce petit village-monde du Onzième arrondissement de Paris auquel se sont attaqués à deux reprises ces terroristes,
Réapprenons à vivre ensemble. C'est le défi que nous lancent tous les obscurantistes.
Nous avons l'obligation vitale de le relever ensemble, au nom même de toutes ces belles et grandes valeurs - Liberté, Égalité, Fraternité - que nous avons en partage.
Joël Didier Engo
Président de l'Association Nous Pas Bouger
npb
Quelle "jeunesse de France" ?
L'étrange réflexion de Manuel Valls
L’autre risque est celui, symétrique du «psychologisme», qui proposerait des explications du passage à l’acte déconnectées de tout analyse sociologique, en termes par exemple de personnalité.
Vraisemblablement la meilleure des manières de dire à ces imbéciles d’extrémistes: on vous emmerde!
L'imagination comme arme de destruction massive contre les islamistes...Ça aussi c'est la France qu'ils ne peuvent pas aimer ...
Dans cette guerre qui est aussi celle de l'image, on leur dit merde!
Dans cette guerre qui est aussi celle de l'image, on leur dit merde!
Expliquer le terrorisme n’est pas justifier, et l’action du
gouvernement, sans "explications" ne peut que mener à la catastrophe.
Par Michel Wieviorka.
Source: Biblilobs
La droitisation de la vie politique
française va-t-elle s’accompagner d’un anti-intellectualisme visant en
premier lieu ceux qui entendent apporter des connaissances sérieuses sur
les enjeux que semble résumer le projet d’une «guerre contre le
terrorisme» ?
L’état d’urgence, dont on commence à voir qu’il ne
concerne pas seulement les tueurs en puissance, mais aussi bien d’autres
«suspects», militants écologistes par exemple, ne va-t-il pas inclure
aussi des mesures portant atteinte à la liberté d’expression, ne va-t-il
pas, sans aller jusque-là, contribuer à ce que soit disqualifiée la
parole de ceux qui critiquent, y compris de façon constructive, le
discours officiel ?
Il faut d’abord dire nettement que les
catégories utilisées par le pouvoir pour rendre compte des récentes
tueries, de leurs auteurs et de leurs victimes sont contestables –ce qui
ne veut évidemment pas dire que le drame ou la menace sont minimisées.
Il peut être illustré à partir du discours du chef de l’Etat aux
Invalides, en particulier sur deux registres.
Quelle "jeunesse de France" ?
François Hollande y a évoqué la «jeunesse de France », «une génération
devenue l’image de la France». Au delà de la rhétorique, de tels mots ne
correspondent pas à la réalité. Il n’y a pas une jeunesse formant un
tout unique, mais des jeunes : les uns effectivement sortent,
socialisent, vont au concert, au restaurant, etc., mais d’autres n’y
vont pas, faute de moyens, ou parce qu’ils rejettent ce mode de vie. Si
nous voulons agir efficacement face à la barbarie qui vient de
s’exprimer, alors, nous devons savoir qu’elle n’est pas une simple
pathologie mais le problème d’une partie de la jeunesse.
Il est
faux de laisser entendre que tous les jeunes s’identifient aux valeurs
qui sont celles des victimes, c’est même contre-productif car cela ne
peut que suggérer qu’au sommet de l’Etat, on ignore ou on disqualifie
ceux qui pour diverses raisons ne s’identifient pas au mode de vie qui
correspond à ces valeurs.
L'étrange réflexion de Manuel Valls
Le président de la République a évoqué aussi «une horde d’assassins»,
«une cause folle et (…) un dieu trahi» et promis «nous mènerons ce
combat jusqu’au bout et nous le gagnerons». Mais le problème n’est pas,
ou en tous cas pas seulement, de mettre fin aux agissements d’une
«horde», il est aussi de faire face à un ensemble de difficultés
sociales, culturelles politiques et économiques conduisant une partie de
la population à la haine meurtrière de sa propre nation.
Manuel
Valls vient de dire au Sénat (jeudi 26 novembre) qu’il ne veut pas
entendre «des excuses ou des explications culturelles ou sociologiques»
aux attentats du 13 novembre. Le propos est inattendu de la part d’un
Premier ministre qui, après les attentats de janvier dernier, en
appelait aux sciences humaines et sociales pour apporter un éclairage en
profondeur sur de tels événements.
Il met sur le même plan les
«excuses» et les «explications», comme si expliquer revenait à excuser.
Manuel Valls a peut-être voulu dire «sociales» et non «sociologiques»,
et j’ai peine à imaginer qu’il se révèle hostile aux sciences humaines
et sociales. Pour aller un instant dans son sens, il faut même signaler
un double écueil qui guette toute analyse en la matière.
De
nombreux jeunes, bien au-delà des quelques centaines ayant rejoint Daech
en Syrie, se reconnaissent dans la haine de la France et dans l’action
des tueurs, et sociologiquement, l'analyse peut apporter un éclairage
utile. Mais cet éclairage ne nous dit rien sur les quelques uns qui
passent à l’acte, et risque de constituer un abus qu’on peut qualifier
de «sociologisme».
L’autre risque est celui, symétrique du «psychologisme», qui proposerait des explications du passage à l’acte déconnectées de tout analyse sociologique, en termes par exemple de personnalité.
Analyser le terrorisme
Toujours est-il que
nous n’avons jamais eu autant besoin d’expliquer le terrorisme. Car si
nous n’expliquons pas, alors, l’action publique risque fort d’être à
côté de la plaque, et même contre-productive. Si George W. Bush et Tony
Blair, qui risque fort de devoir prochainement répondre de ses errements
passés, se sont embarqués dans leur «guerre contre le terrorisme» en
Irak, c’était sur la base d’une pure et simple négation des
connaissances disponibles sur Ben Laden, sur Al-Qaida ou sur l’Irak, en
dehors de quelques informations bidonnées, et nous en payons aujourd’hui
les conséquences.
Si nous n’utilisons pas ce que nous enseignent
les chercheurs aujourd’hui, nous parviendrons peut-être à mettre fin à
Daech et, avec son éventuelle liquidation, à l’existence d’une base
territoriale où peuvent être organisés et planifiés des attentats en
Europe, et où aussi des nouvelles recrues peuvent être l’objet d’un
traitement psychologique les transformant en tueurs.
Mais nous
n'aurons en aucune façon réglé le problème qui est né en France même,
dans notre société, et sur lequel nous commençons à y voir clair, dans
l’attente de savoirs plus précis qui pourraient reposer, par exemple,
sur l’examen des dossiers rassemblés par la justice et la police à
propos des jeunes qui se «radicalisent» -une expression elle-même
sujette à caution.
Qu’est-ce qui fait que des pans non
négligeables de la jeunesse aboutissent ainsi à basculer dans des
visions et des projets mortifères ?
Peut-on sinon
«déradicaliser», du moins envisager d’enrayer les processus qui
conduisent aux pires horreurs sans connaître ces processus?
Expliquer n'est pas justifier
Par quels cheminements de désubjectivation et de re-subjectivation
certains adolescents, ou post-adolescents se convertissent-ils à l’islam
alors qu’ils viennent de familles chrétiennes et habitent loin de tout
voisinage avec des migrants, et que peut-on envisager pour leur offrir
d’autres perspectives que l’islamisme radical ?
Que se passe-t-il
vraiment en prison, qui justifie l’idée qu’elle constitue un des
terrains où s’opère le passage de la petite délinquance à l’islamisme
radical, et que faire avec les détenus musulmans, ou en passe de le
(re)devenir ?
N’avons-nous pas affaire à une poussée générale,
dans la société, où des jeunes de divers milieux sont en quête de sens
et veulent s’engager, un peu comme en d’autres temps une «épidémie
terroriste» avait secoué notre pays, à la fin du XIXe siècle, juste
avant que ne se mette en place un mouvement ouvrier, avec la création de
la CGT et l’ouverture des Bourses du travail ?
Ne faut-il pas se
préparer à une telle poussée continue, un peu comme lorsque la jeunesse
italienne s’est massivement montrée désireuse d’utiliser le «camarade P
38» -un mouvement qui a duré une quinzaine d’années et dont la fin
historique, contrairement à ce qui a souvent été dit, doit moins à
l’efficacité répressive du Général Dalla Chiesa qu’à l’épuisement des
acteurs ayant perdu tout contact avec le réel ?
Expliquer n’est
pas justifier, et l’action sans «explications» ne peut que mener à la
catastrophe. Le dire, ce n’est pas contester la légitimité de ceux qui
ont la lourde responsabilité d’agir, ni minimiser le danger : c’est
simplement demander à ce que la raison et la connaissance trouvent leur
place.
Michel Wieviorka
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