L'apport des
immigrés, plus productifs à l'étranger, est essentiel aux grandes
économies développées, montre une étude de McKinsey.
Pour son 25e anniversaire, le Global Institute de
Mckinsey, dont la mission est d'analyser les questions de productivité,
publie
un rapport sur les migrants et leur impact économique mondial.
Alors qu'ils regroupent aujourd'hui quelque 247 millions de personnes
(qui exercent un métier ainsi que leur famille), soit 3,4 % de la
population mondiale, les migrants contribuent à hauteur de 9,4 % du PIB
mondial (quelque 6 700 milliards de dollars, l'équivalent du PIB du
Japon et de la France réunis).
«En dépit des inquiétudes et des controverses qui les entourent, les
migrations transfrontières sont le résultat normal d'un monde plus
interconnecté et d'un marché mondial du travail», note l'étude, qui se
présente comme une défense et illustration des phénomènes migratoires.
McKinsey établit dès le départ la distinction entre les «migrants
volontaires» (on parle parfois de migrants économiques), qui constituent
90 % du total, et les autres (10 %, près de 25 millions de personnes),
réfugiés ou chercheurs d'asile. Les personnels des entreprises
multinationales, les expatriés sont des migrants, mais pas les
travailleurs transfrontaliers, qui se déplacent chaque jour dans un
autre pays. Car, par définition, «le migrant vit dans un pays où il
n'est pas né», ce qui exclut également les immigrés de deuxième ou
troisième définition.
De la campagne électorale de Donald Trump,
qui proposait d'édifier un mur entre le Mexique et les États-Unis,
à la guerre en Syrie et aux émigrés clandestins africains, qui
traversent à leurs risques et périls la Méditerranée, les polémiques
n'ont fait que croître. Sans conteste, les États-Unis sont le premier
pays de destination de migrants (47 millions), même si l'Union
européenne (plus la Suisse et la Norvège) constitue la première terre
d'accueil (58 millions), ce chiffre incluant les migrations
intra-européennes. Aujourd'hui, les migrants représentent 15 % de la
population totale aux États-Unis, 13 % en Europe occidentale et 48 %
dans les pays du Golfe arabique.
D'un strict point de vue économique, les migrants, et pas seulement
les gens hautement qualifiés, sont plus productifs en s'expatriant. Ils
apportent quelque «3000 milliards de dollars de plus (par an) que s'ils
étaient restés dans leurs pays d'origine». Rien que pour l'économie
américaine, l'apport des immigrés est essentiel, de l'ordre de
2500 milliards de dollars, un chiffre considérable équivalent au PIB de
la France, et que Donald Trump sera amené à méditer.
Une récente
étude du National Bureau of Economic Research signalait d'ailleurs
récemment que plus de la moitié des Ph. D. (les docteurs en sciences)
travaillant dans les secteurs des Stem (Science, Technology, Engineering
and Mathematics) étaient des migrants (travaillant aux États-Unis sans y
être nés).
Salaires inférieurs
De même, l'apport
financier des migrants au développement des États où ils sont nés est
essentiel. McKinsey rappelle que les envois de fonds à leur famille par
les émigrés ont totalisé 580 milliards de dollars en 2014. Ces
remittances,
comme on dit en anglais, sont devenues la première forme d'aide au
développement, loin devant l'aide publique au développement. Ces flux
sont considérables pour l'Inde (70 milliards de dollars remittances),
pour la Chine (62 milliards) et les Philippines (28 milliards).
Autre
question très débattue, «de nombreuses études académiques ont démontré
que l'immigration ne nuit pas à l'emploi ou aux salaires des
autochtones», explique l'étude de McKinsey. Même si elle peut avoir des
effets négatifs si l'on observe un grand mouvement de migrants dans une
région spécifique, si les migrants constituent des substituts directs
aux travailleurs nationaux et si l'économie du pays de destination est
en récession. Par ailleurs, si les migrants gagnent à partir de leur
pays natal, leurs revenus restent en revanche inférieurs de 20 % à 30 %
aux rémunérations des autochtones (à qualification égale).
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