FIGARO DEMAIN -
Treize ONG, dont Emmaüs, la Ligue des Droits de l'Homme ou Réseau Action
Climat, publient un rapport détaillant leurs propositions pour lutter
contre le chômage. Ces mesures visent à promouvoir la transition
climatique.
Les associations entrent en campagne. «Nous
soumettons au débat public une proposition qui permet de donner une
réponse au chômage et d'entrer de plain-pied dans la transition
écologique», affirme un rapport publié par 13 syndicats et associations
sociales et environnementales, dont les Amis de la terre, Attac France,
Emmaüs, la Fédération syndicale Unitaire (FSU), la Ligue des droits de
l'Homme ou Réseau Action Climat.
● Quels métiers
Le collectif citoyen propose «la création d'un million d'emplois de la transition écologique d'ici 2020, majoritairement mais pas uniquement dans les métiers «classiques» de la transition écologique».
Pour
atteindre cet objectif, les créations d'emplois climat ne doivent pas
se limiter aux seuls secteurs habi-tuellement liés à la transition
écologique, souligne le collectif citoyen. Ainsi, les acteurs du monde
associatif encouragent la mise en place d'un enseignement sur la transition énergétique dans
les établissements scolaires ainsi que dans les espaces publics, les
universités ou encore les associations d'activités extrascolaires.
Parallèlement, les associations prônent une accélération de la lutte contre la précarité énergétique dans
le bâtiment ou celle des transports. Pour se faire, les signataires du
rapport militent pour une transformation des activités utiles au niveau
social et écologique mais «non rentables économiquement» en emplois
pérennes. Ces métiers concernent par exemple ceux liés à la valorisation
des déchets organiques sous forme de compost, recyclage de matériaux de
déconstruction ou réparation de petit électroménager.
Dans ce rapport, les associations estiment en outre qu'il faudrait redéfinir un statut juridique de l'économie collaborative pour la valoriser.
● Comment créer ces emplois
Ainsi, le collectif prône la création de 250.000 emplois aidés,
comme les emplois d'avenir, le contrat unique d'insertion ou d'autres
contrats de ce type. Le coût de cette mesure est évalué entre 3,5 et 4
milliards d'euros par les auteurs du rapport. Pour la financer, les
associations proposent de puiser dans les recettes de la taxe carbone
française qui devrait rapporter 5,9 milliards d'euros en 2017, 7,8
milliards d'euros en 2018, 9,3 milliards d'euros en 2019 et 10,8
milliards d'euros en 2020.
Par ailleurs, le collectif souhaite la création de 100.000 emplois «transitions écologiques»
dans le secteur public. Cette dépense annuelle est évaluée à 5
milliards d'euros. Les associations justifient la création de ces
emplois par la mise en place des politiques de la transition écologique
et de la loi de transition énergétique.
Le rapport estime en outre que l'Etat pourrait soutenir la création de 650.000 emplois dans les secteurs de la transition écologique.
Par exemple, des investissements dans le domaine de la rénovation des
bâtiments pour améliorer les performances énergétiques en France montre
«qu'il faudrait investir annuellement 4,7 milliards d'euros d'argent
public (ce qui mobiliserait 4,8 milliards d'euros d'investissement par
an de la part des ménages en complément des aides de l'Etat) pour passer
de 500.000 rénovations ambitieuses annuelles en 2017 à 900.000 en 2020.
Ce scénario permettrait la création d'environ 125.000 emplois», indique
le rapport. De son côté, les recettes et collecte de charges salariales
et patronales rapporteraient, à l'Etat, un gain d'environ 37,6
milliards d'euros, estime l'étude.
Le rapport indique en outre que le secteur des énergies renouvelables est en croissance et ne cesse de créer des emplois.
Les auteurs citent par ailleurs d'autres secteur comme celui du vélo
qui pourrait changer de dimension à l'horizon 2020. «Nous recommandons
ainsi d'attribuer des aides publiques, conditionnées à la création
d'emplois pour les secteurs de la transition écologique selon l'impact
écologique, social et selon le potentiel de création d'emplois»,
soulignent les auteurs de l'étude.
● Compenser les emplois détruits
Les associations estiment en parallèle que 446.000 emplois seront détruits dans
les secteurs fragilisés par la transition écologique. Ainsi, pour créer
un million d'emplois nets, c'est en réalité 1,446 million d'emplois qui
doivent être créés.
● Comment financer le programme évalué à 105 milliards d'euros
Pour créer ces 1,446 million d'emplois, l'association estime l'investissement à «105 milliards d'euros en 2020 en
rythme de croisière en dépenses publiques et privées». Ces
investissements peuvent prendre la forme de subventions, de crédits
d'impôts mais aussi de l'épargne des ménages et des emprunts, souligne
le rapport. Les auteurs du rapport encouragent les pouvoirs publics à se
mobiliser.
Outre les propositions avancées, ils suggèrent de lutter davantage contre l'évasion et la fraude fiscale.
Ils rappellent qu'en décembre 2012, des travaux réalisés par la
Commission européenne évaluaient à plus de 1000 milliards d'euros la
fraude et l'évasion fiscales en Europe dont la part de la France est
estimée à plus de 160 milliards d'euros.
Par ailleurs, les associations rappellent que les niches fiscales en faveur des énergies fossiles représentent
un manque à gagner de 13 milliards d'euros, selon un rapport de la Cour
des comptes. Les auteurs de l'étude suggèrent que certaines aides
soient réorientées dans le cadre de la transition énergétique.
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