vendredi 5 août 2011

Norvège: la stupéfiante découverte d'un terroriste "de souche"?

Le double attentat perpétré contre ses concitoyens par un extrémiste norvégien le 22 juillet, devrait interpeller celles et ceux qui, journalistes, animateurs, chroniqueurs, hommes politiques..., ont donné l'impression ces derniers mois de s’accommoder plutôt bien avec l’émergence d'une supposée nouvelle extrême droite en Europe.













Sans vouloir établir de parallèle malvenu avec le terrible drame vécu dans la dignité et la douleur par la Norvège, on peut néanmoins questionner l'évolution récente des sociétés européennes.

En effet il était devenu banal d'offrir des tribunes médiatiques aux nouvelles figures de proue de l'extrême droite. Au nombre des raisons avancées, on nous expliquait : elles sont les mieux autorisées à traduire les peurs des opinions publiques car réputées plus proches des peuples et moins sujettes à des compromis politiques. De surcroît, elles se seraient suffisamment distancées des thèses racistes et xénophobes des vieux parrains, pour ne plus être suspectées de la moindre connivence avec le fascisme.

Pourtant, répandre ouvertement la haine des étrangers, des musulmans, des binationaux, ou du multiculturalisme... en jonglant habilement avec les mots, les références idéologiques et les figures historiques, n'enlève rien au vieux fond idéologique de l'extrême droite en Europe. Aujourd'hui curieusement c'est devenu une marque de courage politique, revendiquée y compris par des personnalités autrefois hors de tout soupçon d’extrémisme, et qui se donnent volontiers pour mission (messianique) de libérer définitivement les sociétés européennes de l'emprise du socialement et politiquement correct (entendu celui des intellectuels de gauche)

Voilà comment des thèses autrefois condamnées, sont aujourd'hui ouvertement défendues par les nouvelles égéries de la droite extrême, et trouvent même un retentissement inattendu dans les médias en Europe, nourrissant indirectement la fureur de certains anonymes déjà suffisamment remontés contre les musulmans, les arabes, les étrangers, ou le multiculturalisme... indistinctement assimilés à de nouveaux envahisseurs.

Et on se surprend à découvrir, au détour des bombes et des exécutions sommaires en Norvège, que l'auteur est précisément un Norvégien dit «de souche», tellement cela déjoue les pronostics préétablis par la théorie du choc des civilisations qui veut que l'ennemi soit nécessairement extérieur à nos "«valeurs chrétiennes», à notre «identité européenne», à notre civilisation occidentale... et soit, ou un musulman, ou un arabe, de préférence les deux à la fois.

Une certaine escalade réactionnaire en Europe a le don de venir brutalement nous rappeler en plein été, que «l'étranger» ne sera pas toujours celui que nous croyons !

Joël Didier Engo

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