mercredi 17 juin 2015

Bernard Cazeneuve promet 10 000 places d'hébergement en plus pour gérer l'asile...À prendre évidemment!


10 000, pouvait-il en faire plus ou moins? Ce n'est vraiment plus la question...
 

Ces migrants sont là ...pour la plupart des réfugiés, souvent de transit en France...et la décence voudrait qu'ils soient abrités dans des lieux offrant un minimum d'humanité, de dignité...pour peu qu'ils soient considérés comme des semblables.

Voilà le fond du débat. 

Le reste participe de l'habituelle polémique politicienne de celles et ceux qui pensent prospérer en agitant la peur d'un appel d'air, sachant pertinemment que le poids de la migration est d'abord supporté par les pays voisins: en Afrique pour les migrants Africains, au Liban et en Jordanie pour les Syriens, en Iran pour les Afghans et j'en passe...

Joël Didier Engo

Le plan timide du gouvernement face au drame des migrants

  Par Le Monde


Un groupe de migrants évacué par la police italienne à Vintimille, mardi 16 juin.

Une dose d’humanitaire et une dose d’expulsion : le plan proposé en conseil des ministres, mercredi, par le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, pour répondre aux conséquences en France de la crise migratoire européenne ressemble à un cocktail savamment dosé pour déminer un sujet politiquement explosif. Au risque de fâcher tout le monde…

La chasse aux migrants délogés de leurs installations successives dans Paris, qui scande la vie de la capitale depuis deux semaines et la proposition de la maire de Paris, Anne Hidalgo, de créer pour eux des centres de transit, nourrissent le débat politique français et conduisent à une surenchère dans la volonté d’accueillir ou non les centaines de migrants qui passent par la France après avoir débarqué sur les côtes italiennes. Dans ce contexte, le plan du ministre de l’intérieur, qui répond à une commande du chef de l’État le 8 juin, a pour ambition de jouer un rôle pacificateur.

Les demandeurs d’asile et les réfugiés en sont les premiers bénéficiaires, grâce à la création de 9 500 places d’hébergement supplémentaires. En même temps, le ministre veut multiplier par deux le nombre de retours volontaires des migrants économiques et optimiser le remplissage de ses centres de rétention administrative (CRA), dernière étape avant le renvoi forcé.

Renvoyer plus d’étrangers

La dose d’humanitaire est un message adressé à la gauche, à la sphère associative, aux citoyens parisiens engagés depuis deux semaines dans l’aide aux migrants évacués du campement de La Chapelle le 28 mai, et à tous ceux qui souhaitent un traitement plus digne des demandeurs d’asile condamnés à dormir dehors. Elle veut envoyer un signal à ceux qui pensent que le gouvernement Valls – et avant lui le gouvernement Ayrault – n’ont pas créé de vraie rupture avec la politique de l’ère Sarkozy. Le volet sécuritaire, lui, s’adresse à l’extrême droite, à la droite et plus largement à une opinion publique pour laquelle, dans un débat mal posé, renvoyer plus d’étrangers est un gage de bonne politique migratoire.

Le sujet est clivant. C’est en effet sur ce dossier du renvoi des étrangers qu’a achoppé la loi asile. Prévu pour passer au Parlement en procédure accélérée et s’inscrire dans la loi française en juillet, le projet de loi s’est conclu fin juin par un désaccord en commission mixte paritaire. Les Républicains ayant insisté pour que les refus d’octroi du statut de réfugié valent obligation de quitter le territoire, la députée (PS) Sandrine Mazetier, qui portait le dossier pour l’Assemblée nationale, a préféré renvoyer le texte à un nouvel examen par les deux chambres.

«Pôles d’éloignement»

Dans le plan présenté mercredi, Bernard Cazeneuve choisit de donner des gages sur ce sujet. La création annoncée de « pôles d’éloignement » aux contours encore flous est un moyen d’effacer l’image « laxiste » qui colle aux socialistes. Une autre manière aussi d’entériner que le « bon » étranger est un demandeur d’asile, un réfugié ou titulaire d’une carte talent pour les universitaires, les artistes, les étudiants les plus brillants… Cette même philosophie sous-tend le texte de loi sur les titres de séjour (qui va aussi arriver en discussion fin juillet au parlement). On n’est pas loin de l’« émigration choisie » de Nicolas Sarkozy, même si cette expression est réfutée place Beauvau.

Depuis son arrivée à l’intérieur, Bernard Cazeneuve insiste régulièrement sur « l’accroissement de 13 % des retours forcés hors Union européenne depuis 2012 ». Pour poursuivre cette courbe et surtout renouer avec les départs volontaires qui eux sont en baisse de 18,6 % entre 2013 et 2014, son plan prévoit d’expérimenter « de nouveaux dispositifs de préparation au retour », déclare-t-il sans donner de détail. Une version qui pourrait être assez proche des « Maisons du retour » que la sénatrice UDI Valérie Létard avait fait introduire lors de la première discussion sur la loi asile. Politiquement, le plan Cazeneuve a un mot pour chaque sensibilité politique.


Les efforts faits en faveur des demandeurs d’asile sont censés contrebalancer les renvois. Des moyens supplémentaires vont être débloqués pour les réfugiés, que M. Cazeneuve présente comme « une préoccupation ».

Marchandage en cours

L’effort conséquent en nombre de logements, fait conjointement avec la ministre du logement, Sylvia Pinel, n’efface pourtant pas le marchandage en cours sur la part que la France pourrait prendre dans une répartition européenne des réfugiés débarqués en Italie. L’exécutif s’était fait tirer l’oreille pour réinstaller 500 Syriens quand l’Allemagne acceptait d’en prendre 10 000 (sur 130 000 personnes jugées prioritaires par le HCR). Depuis, elle a doublé ce contingent, mais reste toujours loin derrière l’Allemagne qui a donné son aval pour recevoir 10 000 personnes supplémentaires.


La loi ne suffira pas à changer le visage de l’asile dans l’Hexagone. Plus que par son faible taux d’hébergement des demandeurs, la France se caractérise depuis des années par son peu de générosité. En première lecture, la France octroie l’asile à 17 % des demandeurs (22 % selon Eurostat qui calcule autrement). En Allemagne, ce taux est de 42 % en 2014 selon Eurostat, en Belgique de 40 %, en Finlande de 67 %, au Royaume-Uni de 39 % et globalement dans l’UE de 45 %.

Jusqu’au mois de mai, les Érythréens qui, avec les Soudanais peuplent les campements parisiens, avaient bien peu de chance d’obtenir un statut de réfugié. 14,8 % pour les Érythréens en première instance, alors que « pour l’Érythrée, le taux est de 100 % en Suède et de 85 % dans la plupart des pays », précise Gérard Sadik, de la Cimade. Pour les Soudanais, c’est la même chose. 279 ont obtenu le statut de réfugié en 2014 pour 990 refusés. « Pour eux, les proportions sont inversées des deux côtés de la Manche, estime M. Sadik. Près de 75 % d’accord au Royaume-Uni et autant de rejets en France. » Quant aux Syriens, fierté de l’OFPRA avec leurs 96 % de taux d’acceptation, 40 % entre eux n’obtiennent pas le statut de réfugiés, mais une simple protection subsidiaire bien moins avantageuse.

 Maryline Baumard, Journaliste Le Monde


Accueil des migrants : les cinq points clés du plan du gouvernement

L' Obs 17 juin 2015

Le ministre de l'Intérieur a présenté ses objectifs d’amélioration de la prise en charge des demandeurs d’asile. Un plan qui se voulait "ambitieux" mais qui reste timide.


Un exercice d'équilibriste pour un sujet clivant. Le gouvernement a annoncé ses objectifs d’amélioration de la prise en charge des migrants, à l’issue du conseil des ministres mercredi 17 juin. Il prévoit des mesures humanitaires mais aussi un renforcement des expulsions. Si certains volets peuvent satisfaire la gauche, d’autres répondent davantage aux exigences de la droite la droite. De quoi irriter tout le monde, rappelle "Le Monde".

Dans un contexte de "crise humanitaire sans précédent" - illustré par les évacuations parisiennes et les drames récurrents en Méditerranée - le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, veut de "l’humanité et de la fermeté". Davantage de logements mais aussi plus de lutte contre l’immigration irrégulière.
Notre dispositif d'accueil des demandeurs d'asile est embolisé et le dispositif d'hébergement d'urgence ne fonctionne pas de manière satisfaisante", précise Bernard Cazeneuve.
Voici les cinq points à retenir du plan annoncé ce mercredi.

14.000 places d’hébergements pour les demandeurs d’asile

Le gouvernement s’engage à créer 4.000 places supplémentaires en centres d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) d’ici fin 2016, dont 2.000 à la fin de l’année. Seules les personnes qui ont déposé un dossier peuvent prétendre à ces hébergements.

Les places créées depuis 2012 approcheraient ainsi les 12.200. La capacité d’accueil devrait atteindre près de 34.000 places, indique "Libération". Soit un doublement en dix ans.

25.500 logements adaptés pour les réfugiés

Une fois la demande d’asile acceptée, les migrants peuvent obtenir le statut de réfugié. Pour ceux-là précisément, le gouvernement veut créer 5.000 logements accompagnés, donc autonomes, abordables et adaptés. Les réfugiés sont alors accompagnés par un gestionnaire afin de faciliter leur insertion.

Les 5.000 logements seront créés parmi 3.000 habitations vacantes dans le parc social, 1.000 places en résidences locatives, et 1.000 places en intermédiations locatives.

Pour les réfugiés les plus vulnérables, 500 places en centres provisoires d’hébergement seront créées.

31.500 places d’hébergements d’urgence pour les migrants en transit

Un autre effort portera sur l’hébergement d’urgence, réservé aux migrants en transit. 1.500 places seront créées "pour une mise à l’abri temporaire de ceux qui arrivent sur notre territoire", signale Sylvia Pinel, la ministre du Logement.
Il y aura une différence notable avec les solutions proposées aujourd’hui : les personnes seront suivies, accompagnées et orientées vers les dispositifs les plus adaptés, ou éloignées du territoire".

4 Améliorer l’accueil des migrants à Calais

La dose d’"humanisation" du plan du gouvernement s’applique aussi à la situation migratoire de Calais. "Près de 3.000 personnes vivent dans des conditions sanitaires indignes sur la lande. Nous devons mettre en place un aménagement renforcé", explique Sylvia Pinel.

Des points d’eau, des structures modulaires, de l’éclairage et des sanitaires vont être mis en place. Un opérateur sera également "présent en permanence pour des missions de nettoyage et de médiation".

5 Renforcer les mesures d’éloignement

"Eloigner davantage ceux qui révèlent de l’immigration irrégulière", c'est l’autre volet de ce plan. Une annonce qui vise à rassurer ceux qui craignent un "afflux de clandestins".
Il n'y a pas de tabou car pas de politique d'asile soutenable si nous ne reconduisons pas ceux qui ne peuvent rester sur le territoire de notre pays", affirme Bernard Cazeneuve.
Parmi les mesures :
  • La mise en place d’une task-force de la police judiciaire pour démanteler des réseaux de passeurs. Elle sera coordonnée par l’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et l’emploi d’étrangers sans titre (Ocriest). Les contrôles seront renforcés aux frontières et dans les points stratégiques (gares, ports…).
  • Les 1.400 places de rétention administrative - qui sont occupées aux deux tiers actuellement - seront optimisées. Ce qui favorisera une augmentation du nombre de retours contraints.
  • Les aides au retour et à la réinsertion vont, elles aussi, augmenter. "Un objectif minimal de versement de 8.000 aides au retour vers des pays extérieurs à l’UE, contre 4 000 en 2014, est visé", précise le ministre de l’Intérieur.
Avec 22 % de demandes d’asile acceptées, la France ne fait pas partie des bons élèves de l’Union européenne en matière d’immigration. En Allemagne, le taux est de 42 %, et en Finlande de 67%. La moyenne de l’Union européenne s’établit à 45%.


Juliette Pousson, L'OBS

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