Nicolas Sarkozy compare l'afflux de migrants en Méditerranée à "une grosse fuite d'eau".
Si
une personnalité française est particulièrement mal placée pour faire
des comparaisons outrageantes dans la crise migratoire actuelle,
notamment vis-à-vis du continent Africain qu'il a plongé dans une
instabilité sans pareille après son aventure libyenne, c'est bien
Nicolas Sarkozy.
Peut-être pourrait-il réfléchir sur ces paroles
pleines de sagesse du Président Sénégalais Macky Sall, lorsqu'il dit à
l'adresse de l'Europe que "la barricade ne suffira pas". Parce que c'est
toute l'architecture du partenariat économique entre les deux
continents - au-delà des dictatures et de la mauvaise gouvernance
endémiques dans certains pays - qui doit inévitablement être repensée.
Joël Didier Engo
Immigration : Macky Sall avertit l’Europe que "la barricade ne suffira pas"
Par mardi 16 juin 2015
En effet en marge de la 33e session du Comité d’orientation du NEPAD, à
Johannesburg, le Président du Sénégal, Macky Sall, s’est prononcé sur
la vague d’immigration de l’Afrique vers l’Europe et les modalités de
résolution des flux migratoires. Le dirigeant sénégalais a tenu à mettre
en garde l’Europe sur le fait que « se barricader » n’est pas la
solution pour freiner l’immigration.
Le Président Macky Sall a fait un diagnostic sans complaisance qui lui
permet de considérer que la meilleure réponse à apporter aux flux
migratoires incontrôlés, c’est un partenariat économique gagnant-gagnant
entre l’Europe et l’Afrique, faisant la corrélation avec les drames de
l’immigration. Pour le dirigeant sénégalais, il faut établir un
partenariat qui prend en compte les rapports historiques entre les deux
continents et qui mettrait fin à l’injustice économique et financière
que subit l’Afrique à travers des contrats d’exploitation de ses
ressources humaines souvent inéquitables et injustes.
«La barricade ne suffira pas... L’Europe doit accompagner l’Afrique»
« L’Afrique vit très difficilement ce drame et est en train de
s’organiser au plan continental pour apporter une réponse qui se
déclinera forcément à travers des réponses nationales et nous préparons
aussi la rencontre de Malte avec l’Europe, pour apporter une réponse à
ce drame. Notre responsabilité de leaders africains consiste à trouver
des solutions pour fixer les populations africaines sur le continent.
Mais l’Europe aura bien entendu un rôle à jouer. L’Europe doit
accompagner l’Afrique sur le développement de l’emploi en Afrique à
travers des secteurs comme l’agriculture, l’agro-industrie puisque, sur
ce plan, nous avons des défis majeurs en matière de développement et en
matière de création d’emplois. Mais la barricade seule, le Frontex seul
ne suffiraient pas à fermer l’Europe. Sinon, l’histoire rattrapera
l’Europe. Elle avait elle-même fait appel à l’Afrique à des moments
difficiles. Aujourd’hui, tout ce que nous demandons, c’est un traitement
avec la dignité requise et une collaboration internationale pour que
l’Afrique assure l’avenir de sa jeunesse ».
«Nous ne pouvons pas accepter qu’on traite l’Afrique avec mépris»
« L’attitude de l’Europe par rapport à ces flux massifs peut sans doute
se comprendre sous un certain angle mais, en même temps, il y a quelque
chose qui me choque dans cette distribution de quotas, puisque entre
l’Afrique et l’Europe, c’est une vieille histoire qui n’a pas commencé
maintenant. Il ne faut quand même pas qu’on oublie tout ce qui a lié ces
deux continents. Je ne suis pas partisan du rappel de l’histoire,
puisque nous devons aller de l’avant, mais nous ne pouvons pas non plus
accepter qu’on traite l’Afrique avec mépris. Nous ne pouvons plus
accepter ce genre de comportement ni de discours. Ce continent a trop
payé pour des bêtises de l’humanité à travers la traite négrière, la
colonisation. Nos ressources continuent encore à être pillées. C’est le
sens de mon discours au G7 », a réagi le Président sénégalais quant aux
quotas d’accueil établis et aux difficultés d’obtention de cartes de
séjour des Africains en Europe.
«Il faut mettre fin à l’injustice dans les relations d’affaires»
« Car même si nous avons des ressources, les contrats et les codes qui
déterminent et qui régulent les secteurs des hydrocarbures et des mines
ne permettent pas aux pays africains d’avoir des ressources financières à
la hauteur de leurs potentialités. Donc, indépendamment des questions
de corruption et de démocratie, il y a, fondamentalement, une question
d’injustice que l’Afrique pose aujourd’hui sur la table et exige qu’il y
ait plus d’équité afin justement qu’en retour, elle s’occupe elle-même
du développement du continent.
Source: http://www.afrik.com
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