jeudi 27 avril 2017

LA FRANCE ET LE SYNDROME DU PSEUDO-ASSIMILÉ: "FERMER LA FRONTIÈRE AUX AUTRES ÉTRANGERS DERRIÈRE SOI"



ILS N'ONT PLUS HONTE, CES NOIRS ET AFRICAINS DE FRANCE !

Par Abdelaziz Moundé Njimbam, Journaliste
 

DES QU'ILS OBTIENNENT LA NATIONALITÉ, ILS FERMENT LA FRONTIÈRE A LEURS FRÈRES ET SŒURS, A L'INTELLIGENCE COLLECTIVE ET L'OUVRENT A MARINE LE PEN, QUI COMME LE DIABLE A APPRIS A S'HABILLER EN PRADA!

Ils ont quitté la misère, fui les guerres, sont sortis des quartiers pauvres, sont venus poursuivre des études ou se chercher comme on dit à Douala, ont bénéficié d'un bon système de soin et de la sécurité sociale. Dans leurs villages, villes et quartiers, il n'y avait pas d'eau et parfois d’électricité. Pour certains autres, les parents, en pillant les caisses de l’État, leur ont offert un confortable gîte en Hexagone.

Mais dès qu'ils ont trouvé le soleil, un HLM, un boulot confortable de "seul noir" dans sa boîte, appris à sourire et raconter quelques sornettes sur l'Afrique à ses collègues ou à son conjoint toubab, ils tournent les talons et gagnent les médailles d'assimilation: "chui franchais moi! Se débattant comme une silure dans le lac Tchad ou la Seine pour prendre l'accent parisien, seul admis, les autres picard, provençal, marseillais, n'étant pas cap pour faire carrière.

Intégrés à la fois à la vie quotidienne, ils sont invisibles à la télé. Maintenant qu'ils ont, un bout de papier, la fameuse nationalité ou le passeport bordeaux, ils trouvent qu'il "y'a trop d'étrangers" dans leur France usurpée, "qu'il faut que Marine Le Pen fasse le nettoyage". Ah, ces fameux mots dont ne se privaient pas les nazis! Qui a dit que les plus grands professeurs de médecine pouvaient trouver un vaccin contre le syndrome de Stockholm? Cette maladie dont la manifestation essentielle est l'adoration et le culte que l'esclave finit par vouer et faire au maître.

Je n'ai jamais cru à ces fariboles bibliques ou des livres saints sur la prétendue malédiction des Noirs. Je suis trop fier de l’œuvre de Cheikh Anta Diop, du travail pharaonique de ces historiens et des chroniques d'Herodote et de tous les maîtres de la philosophie et des mathématiques en Grèce, de Thalés, Archimède, Euclide à Erastothène, qui ont restitué et documenté l'héritage, la profondeur et le rôle matriciel et décisif de la Vallée du Nil africaine dans l'émergence de la science et de la civilisation, pour me laisser égarer par des mythes inventés de toutes pièces.

Je sais trop bien que depuis l'autorisation de la Traite des Noirs par le pape Nicolas V, l'expansion coloniale, une macabre entreprise de démolition par la propagande de l'histoire et de l'image de l'Africain, du Nègre a été entreprise avec succès, faisant du Noir, l'ennemi du Noir. Depuis, le savant "diviser pour mieux régner" de Lyautey, théoricien militaire de la colonisation, à Madagascar, de Gallieni, bourreau de Madagascar ou de Lamberton, pourfendeur des Bamiléké au Cameroun, l'Africain est devenu la bête noire de l'Africain, le Camerounais en France parle de manière jouissive quand il dit qu'il "ne fréquente pas les Camerounais"...

Depuis les traites arabes et atlantiques, les sociétés africaines ont été perturbées et les représentations brouillées. Conséquence: dans les mondes musulmans, chrétiens et en Occident, on a progressivement identifié l'esclave à l'Africain noir, le dominé à l'homme de couleur. On lui a assigné, la place terrible du négatif : contraire des " Blancs ", de la " civilisation ", de l'humain même. Et donc nécessairement hors du temps de l'histoire pour reprendre Nicolas Sarkozy, applaudi par des Noirs. Depuis aussi, le Noir a été formé à mépriser, détester, combattre et éviter son semblable. Regardez les guerres homériques et fratricides qui existent en France entre eux. Ils ont tellement intégré pour beaucoup les représentations et ce qui est dit sur eux, qu'ils ne se gênent plus pour les confirmer par leurs actes.

Alors, dès qu'un minable homme politique en France l'ouvre, c'est un nouveau Bal nègre. Dès qu'une héritière de l'extrême-droite se répand pour dégueuler des fadaises sur l'immigration, les aides dont profiteraient les Africains et les étrangers et ces messages subliminaux et sous-textes glissés en douce, sur fond de banalisation de la parole raciste, l'on ne s'étonne pas de voir surgir une camarilla de fans basanés. Ils ont réussi, ne font pas de bruit, ne vont pas à Chateaurouge, ne fréquentent pas ces " Maliens villageois " qui refusent de s'intégrer. Dès que la madone des fachos fait un tour au Tchad, chez un Déby débonnaire, et fait une incise sur le Cfa, elle devient la nouvelle coqueluche de ceux qui font tourner leurs cerveaux au ralenti.

N'oublions jamais qu'avant d'être utilisés et spoliés pour les deux guerres mondiales, les tirailleurs furent une " Force Noire ", créée par Louis Faidherbe pour les besoins de l'expansion coloniale, avant que Charles Mangin ne préconise leur usage en 1910 en métropole. La conquête du Sénégal et le dépeçage de l'ancien et prestigieux Empire du Mali s'est faite avec l'aide d'Africains enrôlés dans l'Armée française. En septembre 1958, c'est un Tchadien commandé par un chef français qui a porté le coup de grâce à Um Nyobé, héros de l'Indépendance, au Cameroun.

N'oublions pas, qu'en élaborant le Code Noir, bréviaires de l'expansion esclavagiste et colonialiste française, Louis XIV et son ministre Colbert, comme les Portugais et les Espagnols avant eux, ont pu compter sur l'appui sur d'autres Noirs qui leur ont facilité la tâche.

L'histoire bégaie, mais se répète souvent. Mais, il faut que les résistants, les Africains et les Noirs dignes osent lever la tête et s'engager pour que cesse en France, cette entreprise brutale, assortie de mensonges et de dénégations, sur l'immigration, sur l'Autre et la Diversité. Qu'ils osent dire à ces monstres de politique qui se drapent désormais dans des vêtements présentables des choses simples:

- Nous préférons le bruit de nos frères Maliens au silence sur la guerre cachée de la France au Cameroun.

- Nous préférons nos odeurs à celle du napalm qui a tué des centaines de milliers d'Africains.

- Nous préférons tous ces débrouillards qui gagnent honnêtement leurs euros à toute cette élite qui profite de l'escroquerie institutionnelle du franc cfa.

- Nous préférons l'ardeur et la joie de vivre de ces nounous et travailleurs de l'ombre au bruit de bottes des soldats dans toutes ces guerres.

- Il n'y a aucune commune mesure entre les petites aides versées aux Africains en France et toute l'exploitation des richesses, des savoirs et des hommes dont bénéficient la France et l'Occident.

- Les Africains ont encore des leçons de violence à apprendre de tous ceux qui ont inventé génocides, guerres, razzias et conflits pour occuper et piller le monde.
 Abdelaziz Moundé Njimbam, Journaliste


MOBILISONS-NOUS !

HONNEUR AUX AFRO-FRANCAIS ET À L'AFRIQUE.

LUNDI 1er MAI 2017. 15 H. PLACE DE LA RÉPUBLIQUE. PARIS.

NE LAISSONS PLUS PIÉTINER L'IMMIGRATION AFRICAINE
NE NOUS FAISONS PLUS INSULTER POUR DE PRÉTENDUES AIDES SOCIALES QUI NE VALENT PAS TOUTE CETTE SPOLIATION DE L'AFRIQUE DEPUIS TANT DE SIÈCLES

NE LAISSONS PLUS PROSPÉRER LE RACISME

CÉLÉBRONS NOS VALEURS, NOTRE DIGNITÉ, NOS TALENTS ET NOS COMPÉTENCES.

NE LAISSONS PLUS LE DÉBAT SUR LA COLONISATION, LA LIBÉRATION DE L'AFRIQUE ET LA FIN DES RELATIONS INÉGALITAIRES ENTRE LA FRANCE ET L'AFRIQUE CONFISQUÉ PAR D'AUTRES.

RASSEMBLONS-NOUS ! INVITEZ DU MONDE AUTOUR DE VOUS!
 
 
 

jeudi 20 avril 2017

France, #AvantLeVote : ce que proposent les candidats en matière d’immigration?

Droit d’asile, quotas d’immigration, contrôle des frontières… une ligne de fracture profonde se dessine entre les candidats.

LE MONDE |


C’est un record dans l’histoire française : la France a enregistré 85 700 demandes d’asile en 2016. Même si c’est peu par rapport aux voisins italien (121 200) et allemand (722 300), cet afflux de migrants, dû à la guerre de Syrie et à des conflits ou à des situations humanitaires plus anciens (Soudan, Afghanistan, Haïti), a propulsé la question de l’accueil que la France peut ou doit leur réserver au centre de la campagne présidentielle.

Mais si les questions des frontières, de l’intégration ou de l’identité se sont fait une place importante dans la campagne, les réponses qu’y ont apportées les candidats dans leurs programmes sont maigres (une centaine de propositions sur plus de trois mille au total) et très polarisées. Une France ouverte ou fermée, voici les principales promesses des onze candidats à l’élection présidentielle.

Les frontières dans et autour de l’Europe

Par les accords de Schengen, tous les citoyens peuvent circuler librement à l’intérieur de la zone éponyme (vingt-six Etats dont vingt-deux de l’Union européenne). Et à l’extérieur, l’agence Frontex tente d’assurer la surveillance face à l’afflux de migrants.

La question des frontières est symptomatique de l’embarras des candidats, hors extrême droite, face à la fois au drame humanitaire des migrants mais aussi à l’enjeu que représente la surveillance des mouvements terroristes.

A l’extrême droite, les positions ont le mérite de la clarté : Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen pensent que la régulation de l’immigration n’est plus assurée par Frontex et qu’il faut sortir de Schengen pour retrouver les frontières nationales, celles-ci devant par conséquent être renforcées. Il faudrait ainsi recréer six mille postes de douanier, selon la candidate du Front national, qui demande aussi le rappel des réservistes.

Défendant un double niveau de frontières, François Fillon se dit favorable au maintien dans Schengen (et au triplement du budget de Frontex) mais aussi à « la réintroduction temporaire des contrôles aux frontières intérieures » (une opération en réalité déjà en place depuis les attentats de novembre 2015).

En face, il y a ceux qui pensent que les frontières actuelles de Schengen sont déjà suffisantes : Benoît Hamon, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. Mais avec des nuances fortes puisque Emmanuel Macron voudrait renforcer les effectifs des gardiens des frontières de l’Europe quand Jean-Luc Mélenchon voudrait, lui, mettre un terme à la « militarisation de la politique de contrôle des flux migratoires ».

L’extrême gauche assume, elle, de vouloir abolir toutes les frontières, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Union européenne – disent Nathalie Arthaud et Philippe Poutou, dans un esprit « internationaliste » et « solidaire ».

Le droit d’asile

Face à l’affluence de migrants, l’application effective du droit d’asile, principe énoncé dans le préambule de la Constitution, fait débat dans la classe politique. C’est d’ailleurs sur cette question que le spectre des promesses des candidats est le plus large : quand Nathalie Arthaud et Philippe Poutou souhaitent régulariser tous les sans-papiers, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan veulent, eux, au contraire, durcir les conditions de l’asile. Le candidat de Debout la France avance une dizaine de mesures pour ce faire, dont l’assignation à résidence des demandeurs d’asile. La candidate du Front national insiste, elle, sur la nécessité de « rendre impossible la régularisation ou la naturalisation des étrangers en situation illégale ».

Entre ces pôles extrêmes, deux candidats proposent de favoriser l’accueil des demandeurs d’asile, notamment en instaurant un visa humanitaire (Benoît Hamon) et en construisant des camps d’accueil aux normes internationales (Jean-Luc Mélenchon). Trois autres candidats désirent raccourcir le délai de réponse de l’administration (Emmanuel Macron, Jacques Cheminade et François Fillon). C’est donc sur les services publics spécifiques aux réfugiés que reposent les promesses de la majorité des candidats.

Des quotas

En 2016, environ 227 500 étrangers ont obtenu leur premier titre de séjour en France, une augmentation de 4,6 % par rapport à 2015. Une hausse principalement liée à des admissions pour motifs humanitaires. Ces obtentions ne sont pas limitées par des quotas ; la France n’a jamais appliqué une telle limitation, contrairement aux Etats-Unis par exemple. Une majorité de candidats y sont défavorables (Nathalie Arthaud, Jacques Cheminade, Benoît Hamon, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou).

Parmi ceux qui ne se positionnent pas : Jean Lassalle et François Asselineau. Ce dernier se contente d’ailleurs de proposer un référendum sur l’ensemble des questions liées de près ou de loin aux volumes de migrants – quotas, regroupement familial, droit du sol…

Trois candidats défendent l’instauration de quotas. La position la plus extrême est sans trop de surprise celle de Marine Le Pen, qui recommande de « réduire l’immigration légale à un solde annuel de dix mille [personnes] ». Elle est suivie sur le principe par François Fillon, qui veut l’inscrire dans la Constitution, et par Nicolas Dupont-Aignan, qui veut « voter chaque année au Parlement un plafond d’immigration » lié au taux de chômage.

En 2006, Nicolas Sarkozy avait déjà formé le souhait d’établir des quotas, mais cette ambition s’était opposée au risque d’une censure du Conseil constitutionnel et avait été ajournée.

Le droit du sol

Le droit du sol consiste à attribuer la nationalité française aux enfants nés en France. Plus exactement, un enfant né en France de parents étrangers devient actuellement automatiquement français à ses 18 ans, s’il vit dans notre pays et s’il y a vécu plus de cinq ans ; et ce depuis 1515. Certains candidats proposent de restreindre cette possibilité (Nicolas Dupont-Aignan, François Fillon), voire de la supprimer (Marine Le Pen).

Pour la candidate du Front national, il s’agit de faire en sorte que « l’acquisition de la nationalité française [soit] possible uniquement par la filiation ou la naturalisation, dont les conditions seront par ailleurs plus exigeantes »… Ce qui peut s’avérer dans bien des cas très complexe, voire impossible. Non seulement pour des Français dont les ascendants venaient de l’étranger il y a quelques générations, mais aussi pour nombre d’autres cas – pieds-noirs, Alsaciens, dont les familles furent allemandes au début du siècle dernier…

A l’opposé, Jacques Cheminade, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon veulent maintenir le droit du sol. Quatre candidats ne prennent pas position sur cet épineux sujet : Nathalie Arthaud, Benoît Hamon, Jean Lassalle et Philippe Poutou.

Le regroupement familial

Le regroupement familial permet à des membres de la famille d’un ressortissant étranger de le rejoindre en France (les immigrés qui ont acquis la nationalité française et veulent faire venir conjoint ou enfant se situent dans le cadre du droit au séjour). Sur ce sujet, les positions sont réparties de façon égale entre trois groupes : le maintien des conditions actuelles (Jacques Cheminade, Benoît Hamon et Emmanuel Macron), l’assouplissement (Nathalie Arthaud, Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou) et le durcissement (Nicolas Dupont-Aignan, François Fillon et Marine Le Pen).

La candidate du Front national parle de « mettre fin à l’automaticité » du regroupement familial. C’est loin d’être le cas actuellement puisqu’il faut avoir une carte de séjour, répondre à des conditions précises de résidence (au moins dix-huit mois) et de ressources (gagner au moins 1 139 euros par mois et avoir un logement d’au moins 28 m² pour un couple sans enfant par exemple). Par ailleurs, le demandeur doit respecter les principes essentiels qui régissent la vie familiale en France : monogamie, égalité femmes-hommes, respect de la liberté du mariage (et l’époux ou l’épouse doit être majeur), scolarisation des enfants…

Plusieurs candidats, comme Emmanuel Macron, rappellent, à raison, que ce dispositif ne concerne que peu d’entrées (environ 12 000 par an) et dépend surtout des « engagements internationaux de la France et la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme ».

L’aide médicale d’Etat

L’aide médicale d’Etat (AME) offre une couverture de soins minimale aux résidents étrangers en situation irrégulière et précaire qui sont en France depuis au moins trois mois et dont les ressources ne dépassent pas un plafond (9 709 euros par an pour une personne seule par exemple).

Quatre candidats veulent la maintenir : Jacques Cheminade, Benoît Hamon, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. Au contraire, Marine Le Pen veut la supprimer. Nicolas Dupont-Aignan et François Fillon vont encore plus loin en demandant, pour le premier, « un délai de carence de cinq ans pour les étrangers avant de pouvoir prétendre aux aides sociales », et pour le second un délai de deux ans (épargnant par ailleurs Sécurité sociale et Assurance-chômage pour ceux qui cotisent).

mercredi 12 avril 2017

Le centre d’accueil, une parenthèse pour préparer le futur des exilés

Les centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) accompagnent les migrants à mieux appréhender la vie en France

LE MONDE | | Par
Des demandeurs d’asile dans le hall du CADA Coallia de Rennes, le 6 avril 2017.
« On est en suspension chaque jour, c’est un peu difficile. » Anastasia, 26 ans, est arrivée d’Ukraine en octobre 2015. Après avoir connu l’hébergement d’urgence, à Lorient (Morbihan), elle s’est installée avec ses deux enfants dans un studio avec kitchenette et douche au centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) à Rennes (Ille-et-Vilaine), en février 2016. Un an plus tard, elle a obtenu son statut de réfugiée et s’apprête à quitter le centre collectif géré par l’association Coallia, mandatée par l’Etat. « Enfin ! », dit la jeune femme qui maîtrise bien le français, le russe et l’anglais.
A l’image d’Anastasia, pour nombre de demandeurs d’asile, le séjour en CADA constitue une étape importante. Parce que ce temps est mis à profit pour appréhender les étapes de la procédure de demande de protection. Parce que cette période permet, aussi, de commencer à se familiariser avec la vie dans un pays que l’on découvre. Anastasia, qui s’est inscrite à Pôle emploi et a déjà trouvé un logement social dans lequel elle va emménager courant avril, en témoigne :
« Au CADA, j’ai appris beaucoup de choses sur la France – vie administrative, santé, école – ainsi que mes droits en tant que demandeur d’asile, cela m’a beaucoup aidée pour préparer mon futur. »
Pour autant, ce séjour en CADA est aussi synonyme d’attente inquiète. Car tout y est suspendu à la décision de l’Office de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) sur l’obtention, ou non, du statut de réfugié (dix ans) ou de la protection subsidiaire (un an). « On ne sait jamais quand elle va tomber », souligne Anouk Rosenfeld, travailleuse sociale.

L’attente en CADA a tendance à se réduire

Aujourd’hui, toutefois, cette attente en CADA a plutôt tendance à se réduire. « La durée moyenne est de neuf mois » quand il en fallait le double il y a encore deux ans, observe Armelle Musellec, la cheffe de service du centre rennais. « La réforme de l’asile du 29 juillet 2015 a accéléré les procédures et l’origine des populations (Soudan, Erythrée…) a écourté les délais d’instruction par l’Ofpra. » L’organisme avance « un délai moyen d’instruction passé de plus de sept mois en 2015 à cinq mois en 2016 », mais il n’est pas simple de parler de moyenne tant les délais sont variables.
« Autrefois, (…) les gens avaient le temps de digérer les choses »
 
Si elle est positive, cette accélération de l’instruction des demandes d’asile peut avoir ses revers. Dans le centre rennais (133 places), le « taux de rotation » des exilés est devenu « énorme », explique Armelle Musellec, dont l’équipe se compose, en dehors des services généraux, de cinq travailleurs sociaux, d’une secrétaire, d’une psychologue à mi-temps et d’une personne à l’accueil. Ce qui peut compliquer l’accompagnement – social et administratif –, élément essentiel du séjour. « Autrefois, la procédure était plus longue, les gens avaient le temps de digérer les choses », explique Laurence Blouin, secrétaire au centre d’accueil depuis vingt-huit ans. Auparavant, le CADA de Rennes accueillait majoritairement des familles.

Anouk Rosenfeld, quant à elle, se souvient d’une Nigériane qui « a mis deux ans à pouvoir parler de son histoire ». En contrepoint, elle évoque la rapidité avec laquelle « un jeune Eryhtréen passé par Calais est arrivé au CADA le 24 janvier, a été convoqué à l’Ofpra le lendemain, et a obtenu son statut de réfugié le 1er mars ».

Au CADA Coallia de Quimperlé, Abdul*, un Soudanais de 31 ans que nous suivons depuis son départ de Calais, dit aussi que « tout va très vite ». « Il y a un an, j’étais encore au Soudan. » Arrivé en juin 2016 à Calais, il a été convoqué à la fin de février à l’Ofpra, après à peine deux mois passés au CAO de Cancale et être arrivé dans le Finistère le 21 décembre. Il a obtenu son statut de réfugié le 9 mars, et s’inquiète :
« C’est très rapide pour comprendre ce qu’il t’arrive, c’est compliqué la vie en France. »

Dispositifs d’insertion saturés

« Les délais de prise en charge sont très courts, même pour nous », dit sa référente sociale, Marine Le Mer, qui déplore, comme ses collègues rennaises, « des dispositifs d’insertion saturés ». « La procédure s’accélère, mais si derrière on ne crée pas des places d’insertion… », souligne Armelle Musellec.

« Au Soudan, c’est une honte de ne pas travailler »
 
Ne pas pouvoir travailler pendant la durée de la procédure n’est pas simple non plus. « Au Soudan, c’est une honte de ne pas travailler à mon âge, explique Abdul. Moi, je recommence tout à zéro », « non par choix, mais parce que j’ai des raisons de devoir le faire », tient-il à nuancer. Chez ces hommes, l’inactivité couplée aux sévices vécus génère des états dépressifs.

Il est difficile pour ces populations « traumatisées par des persécutions dans leur pays, auxquelles se surajoutent un trajet terrible et des conditions d’errance en France depuis plusieurs années parfois » d’être dans une dynamique d’asile. « Auparavant, les familles arrivaient avec un trajet plus court, le parcours était différent », précise Alice Fimoud, travailleuse sociale au centre rennais. « Certaines personnes sont larguées », renchérit Anouk Rosenfeld.

« Faire le deuil de leur statut professionnel »

Suivi psychologiquement, Mohammed*, 32 ans, qui a déposé un recours à la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), et dont les seules activités consistent « à manger et à dormir », a vécu « des choses terribles au Soudan ». Sa référente, Mme Rosenfeld, a déniché dans un garage solidaire de quoi occuper bénévolement cet ancien mécanicien une journée par semaine, et ce en dépit du problème linguistique. Cependant « par réalisme, beaucoup sont amenés à faire le deuil de leur statut professionnel », dit Armelle Musellec.

Le cas échéant, le travailleur social dirigera une personne en détresse vers Marie-Laure Choquet, psychologue depuis treize ans au CADA de Rennes. Elle estime « entre trente et cinquante » le nombre de personnes qu’elle voit en moyenne cinq à dix fois dans l’année. Depuis deux ans, elle reçoit de nombreux hommes isolés originaires du Soudan. Aux « lointains » traumatismes d’origine s’ajoutent ceux vécus durant leur périple, a-t-elle noté, dont « la Libye », passage obligé pour nombre d’entre eux, véritable carrefour de l’immigration irrégulière où le trafic a explosé depuis la chute de Mouammar Kadhafi.

 
Fait récent, le Soudan se retrouve dans le carré de tête des arrivées dans les quatre CADA gérés par Coallia d’Ille-et-Vilaine, avec la venue de 45 demandeurs d’asile isolés en provenance des centres d’accueil et d’orientation (CAO), où ce public a été incité à se rendre après le démantèlement de la « jungle » de Calais, à la fin d’octobre 2016. Les CADA observent aussi « le retour » des Afghans.

Une grande majorité de primo-arrivants non francophones
 
Un changement notable pour l’équipe du centre de Rennes, composée, en dehors des services généraux, de cinq travailleurs sociaux, d’une secrétaire, d’une psychologue à mi-temps et d’une personne à l’accueil. « Le public a changé », admet Armelle Musellec, qui précise que l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Offii) « demande d’accueillir en priorité des personnes isolées ». Ce sont dans leur grande majorité des primo-arrivants non francophones, « présentant des lacunes en termes de repères (temps, espace, codes sociaux) ». « On doit les préparer pour l’extérieur », rappelle-t-elle.

A Rennes, « chaque ménage [une personne isolée ou une famille] a deux référents », dit Armelle Musellec. L’un intervient dans le volet social (accès aux droits communs, couverture maladie universelle, obligation scolaire, etc.), l’autre dans celui de la procédure. Documents traduits, interprète, chacun des travailleurs sociaux s’occupe d’une vingtaine de « ménages ».
« Le volet santé est très important, souligne Alice Fimoud. Certains découvrent leur diabète à leur arrivée en France. Et il faut parfois des mois d’accompagnement pour qu’une personne puisse appeler elle-même un médecin ! »
« Quand les gens n’ont plus besoin de nous, c’est bon signe », lance-t-elle en souriant.

Dignité et solidarité

« On entend des récits de vie terribles, dit Anouk Rosenfeld. Ce qui me frappe, c’est la dignité de ces gens, leur capacité à faire face. C’est assez rare qu’ils s’écroulent devant nous. » Globalement « ils nous font confiance », disent Anouk et Alice, qui « apportent tout leur soin au récit » et pointent l’importance de la préparation à l’entretien à l’Ofpra, une étape cruciale : s’ils essuient un refus, « un moment toujours difficile à vivre, où leur parole est mise en doute », les exilés pourront déposer un recours devant la CNDA, où là encore, il faudra attendre une convocation dans des délais qui varient. Et s’ils sont à nouveau déboutés de leur demande à ce stade, ils auront un mois pour quitter le dispositif.
Anouk Rosenfeld (à droite) et Alice Fimoud (à gauche), deux des cinq travailleurs sociaux du CADA Coallia de Rennes.
« Certaines nationalités considèrent le personnel de service féminin comme leur propre femme de ménage », déplore Nadia Lemmouchi, agente de service depuis vingt-sept ans au centre, qui estime « qu’elle avait plus de contacts avec les résidents il y a quelques années ». Un poste de chargé d’information collective a été créé l’an dernier pour répondre aux besoins spécifiques de ce public. Rédiger son CV, déclarer ses impôts, faire une demande de logement social, les valeurs de la République, les modes de garde ou encore la gestion d’un budget sont quelques-uns des intitulés des sessions auxquelles sont conviés les résidents.

Toutes les intervenantes du centre rennais observent « la solidarité qui existe entre ces personnes isolées qui se sont côtoyées à Calais puis en CAO ». Courses, cuisine, difficultés financières, « ils s’entraident », « c’est un soutien pour nous aussi », remarque Alice Fimoud, « nous ne sommes qu’un passage dans leur vie ». Mais si la misère de leur exil les a amenés à se côtoyer, « il faut également privilégier un travail individuel, pour ne pas qu’ils s’oublient », fait remarquer Armelle Musellec.

A ce titre l’apprentissage du français demeure essentiel. Les résidents du CADA de Rennes sont invités à suivre « les ateliers de français » dispensés par Katell Merrien, rattachée au centre provisoire d’hébergement (CPH) qui jouxte le CADA. Cette professeuse de 36 ans travaille sur l’insertion culturelle dans la ville, proposant visites et activités. « Les jeunes venus de Calais s’y rendent en nombre », dit-elle. Gratuité des transports, de la carte de bibliothèque, « Rennes est une ville très aidante ».
Car l’étape suivante sera celle de l’intégration, tout retour dans le pays d’origine étant désormais interdit lorsqu’on est réfugié. « Nous avons deux ressentis contradictoires », explique Abdul* :
« Nous sommes très heureux de nous sentir protégés mais nous avons le mal du pays. C’est un cauchemar de se réveiller en pensant être dans sa famille. (…) Il n’y a pas de solution magique finale. »
* Les prénoms ont été modifiés à la demande des intervenants.

 
Anne Guillard
Journaliste au Monde

samedi 1 avril 2017

France: Les vraies-fausses solutions des candidats sur l’immigration


Marine Le Pen donne le ton et entraîne François Fillon. Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron et Benoît Hamon traitent le sujet a minima.

LE MONDE | | Par


Poste-frontière de Menton, le 7 février.
Fermeture des frontières, remise en cause du regroupement familial et du droit du sol, « priorité nationale »… En matière de politique migratoire, Marine Le Pen donne le ton de la campagne présidentielle. Rien d’étonnant, puisque le Front national s’est construit à partir de ce thème. Alors, avec ses onze engagements sur la question migratoire – sur 144 –, la candidate frontiste entraîne dans son sillage le candidat de la droite républicaine, François Fillon, l’obligeant à se positionner, quand les trois autres ténors, eux, ne prennent pas la peine de déconstruire son discours et traitent le dossier a minima.

« Arrêter l’immigration » : la mesure phare de Mme Le Pen est un vrai slogan politique. Comme son vieux refrain d’un solde migratoire annuel réduit à 10 000 nouveaux venus par an. Vingt fois moins qu’aujourd’hui, puisque, en 2016, 227 550 étrangers ont obtenu un premier titre de séjour, et l’on s’accorde à penser qu’environ 150 000 restent en France. Mais cette donnée, stable dans le temps, est loin d’être imputable au « laxisme de gauche » que fustige le FN, puisque sous Nicolas Sarkozy, l’ordre de grandeur était identique, avec 193 120 entrées en 2012. Ce taux d’immigration annuel de 0,3 % de la population est d’ailleurs identique un peu partout en Europe.

Réduire l’immigration familiale

Lorsqu’on s’intéresse au total des entrées, 32 282 l’ont été pour « raison humanitaire » en 2016 et 22 575 pour motif de travail. A côté apparaissent les deux plus grosses masses : les 70 250 étudiants et les 88 010 entrants de l’immigration familiale. Difficile de rester populaire en coupant dans les entrées d’étudiants alors que la « course aux talents » est devenue mondiale. En revanche, Marine Le Pen, comme François Fillon, rêve de réduire l’immigration familiale.

Pour que l’argument passe, la candidate fait comme si toute cette immigration relevait du regroupement familial – dont elle voudrait durcir les conditions d’application. Pourtant, le regroupement concernait seulement 11 514 personnes en 2015. Les autres entrants sont très majoritairement des conjoints de Français. Aussi, comme l’observe l’historien et politologue Patrick Weil, « il faudra que Mme Le Pen surveille les mariages pour éviter que chaque année, quelque 50 000 Français choisissent un conjoint à l’étranger ».

Le démographe François Héran lui emboîte le pas, rappelant que les seuls qui ont prohibé le droit à vivre en famille « sont les pays communistes et ceux du Golfe. Car pour séparer de force les conjoints et empêcher les enfants de rejoindre leurs parents, il faut une coercition omniprésente, incompatible avec l’Etat de droit et les conventions internationales. Prétendre qu’on pourra “arrêter l’immigration” et se dégager aisément de nos engagements juridiques internationaux, c’est faire croire qu’on peut abolir la réalité », insiste l’ex-patron de l’Institut national d’études démographiques.

« Dissuasion migratoire »

Plus prudent, parce qu’il ne chiffre pas ses objectifs, M. Fillon veut « réduire au maximum » l’immigration. Il propose de conditionner le regroupement familial à « une maîtrise de la langue française par l’ensemble de la famille ». De plus, il soumettrait ces entrées à des « quotas » discutés chaque année au Parlement, après inscription dans la Constitution d’un lien direct entre « capacités d’accueil » et « immigration ». Déjà dans le programme Sarkozy en 2007, reprise dans celui de François Hollande entre les deux tours, en 2012, cette mesure n’a jamais été appliquée. En fait, elle n’est applicable que sur une immigration de travail, qui en France est inférieure à 10 % des entrées…

Outre ces formules à tendance électoraliste, Mme Le Pen et M. Fillon tablent tous deux sur ce qu’on pourrait appeler une « dissuasion migratoire » passant par un durcissement des conditions d’accueil. Ainsi, M. Fillon veut supprimer toute prestation sociale avant deux ans de résidence régulière en France, en finir avec l’Aide médicale d’Etat (AME), et cantonner ces derniers à un hébergement d’urgence spécifique, différent de celui offert aux Français. Mme Le Pen, qui veut aussi supprimer l’AME, pousse la logique un cran plus loin en disant vouloir mettre fin à toute régularisation de sans-papiers et en préconisant une « priorité nationale », inscrite dans la Constitution – qui permettrait notamment aux seuls Français d’obtenir un logement social.

Elle supprimerait le droit du sol qu’elle qualifie de « semi-automatique », alors qu’il « n’a rien d’automatique, puisqu’il faut aujourd’hui être né sur le sol français, y vivre encore à sa majorité et y avoir vécu entre-temps au moins cinq ans pour l’obtenir » rappelle M. Héran.

La gauche peu prolixe

Dans ce paysage où le slogan est roi, la gauche ne prend plus le temps de déconstruire les mensonges. Les propositions de Benoît Hamon illustrent bien le malaise du PS sur cette thématique. S’inscrivant dans la droite ligne d’un quinquennat durant lequel le chef de l’Etat n’a fait qu’un seul discours sur l’immigration, où une loi sur les titres de séjour a été présentée au Parlement au cœur de l’été 2015 pour éviter les débats, il n’aborde l’immigration que sous son angle le plus consensuel : l’asile. La création d’un visa humanitaire pour éviter aux réfugiés les dangers de la route et la fin du règlement de Dublin qui rend le pays d’entrée dans l’Union européenne responsable du dossier lui tiennent lieu de maigre programme.

Jean-Luc Mélenchon n’est pas plus prolixe. Partisan du « chacun chez soi », le candidat de La France insoumise focalise ses rares propositions sur les pays d’origine, privilégiant l’arrêt des guerres, le codéveloppement et la lutte contre le dérèglement climatique. « Le premier devoir est de tarir le flux et nous devons avoir comme mot d’ordre : chacun doit pouvoir vivre dans son pays », insistait-il, le 13 mars, en meeting. Et il se limite pour les exilés à « faciliter l’accès à la nationalité » des migrants légaux et à « rétablir la carte de dix ans comme séjour de référence ».

Entre l’approche « asile » du PS et le verrouillage à droite, Emmanuel Macron essaie de se faire une petite place discrète sur ce thème, en piochant dans des idées qui traînent à droite et à gauche, mais en oubliant qu’elles ont déjà échoué. Ainsi met-il en exergue l’« immigration choisie », prônée haut et fort par Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2011 – et conservée en catimini sous François Hollande –, même si les « visas compétences talents » n’ont été délivrés qu’à 220 personnes en 2016 et les « visas scientifiques » à 3 350. Le candidat d’En marche ! reprend aussi l’idée de renvoyer les déboutés du droit d’asile, lesquels restent aujourd’hui à 97 % sur le territoire – un sujet sur lequel droite comme gauche ont échoué. Difficile de croire que le raccourcissement des délais de procédure qu’il prône suffira à changer la donne.

Obsession des territoires infranchissables

Il y a quand même un sujet qui inspire l’ensemble des cinq candidats : la très symbolique « gestion des frontières ». Avec des nuances. Si MM. Fillon, Hamon, Macron et Mélenchon sont favorables à un maintien de la France dans l’espace Schengen, Mme Le Pen fait de cette sortie un préalable. Elle propose d’ailleurs de recréer 6 000 postes de douaniers, des effectifs à mettre en lien avec les 5 000 gardiens des frontières de l’Europe que M. Macron estime nécessaires, ou avec le triplement du budget de Frontex proposé par M. Fillon. Mais quand elle rêve de murer l’Hexagone, ses challengers, eux, plébiscitent le même type de protection plus loin, aux limites de l’UE.

M. Fillon est le seul à ajouter à ces frontières lointaines « la réintroduction temporaire des contrôles aux frontières intérieures ». C’est oublier au passage que l’opération est en place depuis les attentats de novembre 2015… Cette obsession des territoires infranchissables autour de la France ou de l’UE dessine en tout cas une ligne de convergence à laquelle M. Mélenchon est le seul à ne pas souscrire, lui qui refuse « la militarisation de la politique de contrôle des flux migratoires ».

 Maryline Baumard
Journaliste