Source:
http://www.libelyon.fr
Le
constat ci-dessus paraît presque réducteur par à rapport à l'étendue
véritable des blocages rencontrés par les personnes d'origine
étrangère dans l'accès au travail en France. À bien des égards
chaque étude faîte sur le sujet devient aussitôt obsolète, vue l'ampleur jamais mesurée du phénomène, et
l'interdiction toujours en vigueur des statistiques dits ethniques.
Pourtant
l'impression largement répandue au sein de l'opinion publique
française, qu'il existerait comme une sorte de "prime
à la nationalité
française" dans l'accès au travail des personnes
d'origine étrangère (notamment d'Afrique noire et du Maghreb), n'a
jamais été aussi fausse qu'aujourd'hui. De même laisser croire que
celles d'entre-elles qui finissent par trouver le fameux sésame
(c'est-à-dire un emploi stable) seraient, ou moins diplômées, ou
moins expérimentées (que leurs collègues français communément dits de souche) ne
se vérifie pas forcément.
Bien
au contraire...sur le terrain les données ne semblent pas aussi
tranchées.
Souvent
le français d’origine africaine au maghrébine, comme l'étranger
détenteur d'un titre de séjour avec autorisation de travail,
occupent des emplois ou des fonctions relativement en deçà de ses
références académiques et de ses compétences réelles. L'accès à nationalité française n'apporte pas toujours de
changement significatif dans les opportunités d'emploi, à
l'exception notable de l'accès aux concours de la fonction publique
désormais ouvert une fois la naturalisation notifiée.
Il n'empêche, la généralisation des clichés et des préjugés perdure. Elle a
même tendance à s'accentuer pour ces populations, plus exposées que les autres à l'insécurité de l'emploi et à la précarité
sociale. Beaucoup ont ainsi fini par considérer leurs diplômes
universitaires et expériences professionnelles (acquis y compris au
sein des pays membres de l'OCDE) comme de véritables freins à leur
insertion professionnelle en France. La tendance assez répandue consiste à systématiquement «revoir à la baisse»
les prétentions professionnelles, à ne jamais mentionner certains
diplômes ou études supérieurs sur les CV, à postuler
prioritairement pour des emplois d'ouvriers, d'employés en intérim,
d'agent administratif ou de sécurité, voire d'aide à domicile...
afin de se donner le plus de chances pour décrocher un emploi.
L'emprise
du délit de faciès se répand insidieusement sous la forme d'une véritable ségrégation professionnelle; bien au-delà des chiffres officiels disponibles sur le
chômage des français d'origine étrangère et des immigrés.
Joël
Didier Engo
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