Tous
les jours devraient naturellement être des journées de la femme,
pour peu que dans nos éducations, cultures et enfances respectives
nous ait été inculqué cette nécessaire égalité qui soutend tout
épanouissement humain. Hélas force est de reconnaître que nous en
sommes encore très éloignés, y compris dans nos sociétés dites
avancées et civilisées, où des pesanteurs et stéréotypes
sociologiques persistent, non seulement vis-à-vis des femmes, mais
aussi des personnes de couleur.
J'en ai fait les frais à
Bergerac en Dordogne le vendredi 08 mars 2013, à 19h50!
Après
avoir visité la région toute l'après-midi, notamment Périgueux et
Brantôme,
nous décidons mon épouse et moi de nous offrir un restaurant
répertorié dans les guides comme «une bonne table».
Une fois à l'intérieur, nous sommes poliment éconduits à la
porte, muni d'une carte de visite, sous le prétexte que le
restaurant serait complet, alors que nous avons une salle aux trois
quarts vide devant nous à Bergerac,
à 19h50 un vendredi 08 mars 2013.
Bref
le ministère français des droits des femmes, aurait dû être celui
de l'égalité des droits et de la lutte contre les
discriminations...Sur le
terrain des discriminations au faciès, les femmes et les hommes de
couleur sont logés à la même enseigne. En politique les premières
semblent d'ailleurs mieux acceptées que leurs homologues masculins
d'origine noire africaine...
Il
faudrait bien évidemment pas réduire cette humiliation à un sujet
de plaisanterie, notamment celles et ceux qui sont coutumiers du
fait, avec le double discours officiel sur les questions aussi
sensibles que le respect des droits et de la dignité des personnes.
Parce que nous savons bien, expérience aidant, qu'il ne s'agit
souvent que d'une belle façade ou d'un bel habillage
droidel'hommiste,
très éloigné de la suprématie «raciale» qui prévaut encore
dans un certain inconscient collectif. C'est précisément le retard
pris par la patrie dite des droits de l'homme sur la lutte contre les
discriminations au faciès qui déconcerte, en comparaison avec
toutes les autres grandes démocraties pourtant abondamment décriées
par rapport à leur passé ségrégationniste.
L'antagonisme
entre racisme et sexisme n'en est pas un!
Le
racisme et le sexisme procèdent malheureusement des mêmes
stéréotypes d'infériorité véhiculés et imprimés dans nos
sociétés à l’égard des Hommes de couleur et des femmes. J'en
suis d'autant plus affecté - au-delà de ce que j'ai vécu à
Bergerac- que la lutte contre toutes les formes de discriminations a
toujours été la raison première de mon engagement militant . Je
mesure ainsi qu'au cœur de la France des Droits de la femme et de
l'homme, il existe encore un fossé avec nos belles et généreuses
postures souvent très parisiennes.
Qu'en
est-il en effet des milliers de femmes et d'hommes de couleur
sans-voix, souvent obligés de courber l’échine, de vivre leurs
humiliations en silence?
Il
se trouve que vendredi 08 Mars 2013 nous avions faim, ayant parcouru
tant et tant de petits villages et communes avec des bistrots fermés,
parce que la saison touristique dans le Périgord commence en Avril.
Bergerac semblait ainsi la ville moyenne indiquée- car votant
traditionnellement au centre gauche, peuplé dans une écrasante
majorité de français moyens dits de souche, accueillants,
relativement indifférents aux différences sociales et ethniques...
C'est
cette France profonde qui m'attire, non un tenancier de restaurant
qui a peut-être pensé que je pouvais encore souiller son
établissement avec ma couleur de peau; quand bien même j'étais en
la circonstance accompagné de mon épouse caucasienne, originaire du
nord de la France. En réalité les ressorts psychologiques d'un
racisme ou d'un sexisme de café de commerce ou de
comptoir...resteront à jamais impénétrables.
Un
racisme ordinaire qui ne peut bien-sûr entacher l'image de toute une
région
La
bêtise d'un individu ne peut et ne doit entacher toute une région,
notamment cette belle et tolérante Dordogne à laquelle je me suis
progressivement attaché, à force de rencontres avec ses habitants
simples, animés par une profonde humanité.
Les
vieux clichés ou préjugés racistes et sexistes ont malheureusement
la vie dure, en Dordogne comme partout ailleurs. Ce sont eux que nous
avons le devoir de dénoncer et combattre sans relâche.
Afin que cela ne se reproduise plus!
Joël
Didier Engo
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