Le ministre de l'économie Emmanuel Macron dit une vérité pas bonne à dire en France; qui mériterait pourtant d'être enfin vulgarisée auprès des classes populaires, notamment les plus précarisées, attirées par les thèses xénophobes du Front National.
C'est aussi parce que ne leur est pas suffisamment et simplement expliqué les mécanismes économiques que certains se fourvoient vers le Front National. Il suffirait en effet de leur faire comprendre qu'une partie de la prospérité économique d'un grand pays développé comme la France se noue ou se joue dans sa capacité d'intégration des nouvelles migrations, dont l'accès à terme au plein emploi pour nombre de chômeurs et d'exclus d'aujourd'hui et de demain. Les migrants d'aujourd'hui sont naturellement appelés à devenir de nouvelles forces actives, productives, consommatrices insérées dans les rouages de l'économie Française, Allemande, Européenne... .
En Allemagne la droite semble être parvenue à faire entendre ce message; là où en France elle rivalise davantage par la surenchère de ses positions et propositions pendant cette crise des migrants en Europe: "fermeture des frontières, renvoi des réfugiés dans leurs pays d'origine, suppression des aides sociales, ouverture des camps de réfugiés dans le Maghreb"... et j'en passe.
Bref force est de constater avec regret que l'Allemagne a encore un train d'avance sur la France sur les questions migratoires et économiques.
C'est aussi parce que ne leur est pas suffisamment et simplement expliqué les mécanismes économiques que certains se fourvoient vers le Front National. Il suffirait en effet de leur faire comprendre qu'une partie de la prospérité économique d'un grand pays développé comme la France se noue ou se joue dans sa capacité d'intégration des nouvelles migrations, dont l'accès à terme au plein emploi pour nombre de chômeurs et d'exclus d'aujourd'hui et de demain. Les migrants d'aujourd'hui sont naturellement appelés à devenir de nouvelles forces actives, productives, consommatrices insérées dans les rouages de l'économie Française, Allemande, Européenne... .
En Allemagne la droite semble être parvenue à faire entendre ce message; là où en France elle rivalise davantage par la surenchère de ses positions et propositions pendant cette crise des migrants en Europe: "fermeture des frontières, renvoi des réfugiés dans leurs pays d'origine, suppression des aides sociales, ouverture des camps de réfugiés dans le Maghreb"... et j'en passe.
Bref force est de constater avec regret que l'Allemagne a encore un train d'avance sur la France sur les questions migratoires et économiques.
Joël Didier Engo
Philippe Torreton: «Cher François, n'attends pas l'Europe pour agir»
Libération 7 septembre 2015
Cher François,
Comme nous tous, Européens normalement constitués, tu as été ému aux larmes par la photo de ce gosse échoué, mort ; car un enfant de cet âge n’est pas fait pour avoir cette position sur une plage. Personnellement, l’image m’a fait sursauter, comme un coup. Je suppose que quelque chose de cet ordre a dû se produire en toi, puisque tu as pris le micro pour nous parler et nous communiquer ta volonté d’agir – et vite.
Je suis urgemment d’accord avec toi. Nous sommes des millions à être d’accord avec toi. C’est pourquoi – et je te le dis solennellement – arrête de te planquer derrière les autres ! Car tu en appelles à l’Europe en sachant pertinemment que rien de bien concret ne viendra dans les prochaines semaines. Car tu dénonces les comportements nationalistes et xénophobes de certains collègues européens comme si tu voulais justifier d’avance notre probable attentisme.
Propose, cher François. Ne calcule pas, pour une fois. Ne viens pas nous dire, dans six mois, que tu regrettes de ne pas avoir pris des mesures pour soulager le flot de malheurs que subissent les réfugiés – que certains journalistes s’évertuent à appeler «migrants».
Le gouvernement d’Angela Merkel n’a pas attendu un assouplissement du bras droit tendu d’Orban pour proposer à son peuple d’accueillir, chez ceux qui en ont la place, des familles en déroute. Il verse déjà un loyer aux Allemands qui reçoivent des exilés. Cela permet à des personnes âgées, qui occupent parfois des surfaces trop grandes pour elles, d’héberger ces pères, mères et enfants dans le calme, le repos, le confort, la paix, l’hygiène et surtout cette valeur précieuse que l’on voit sur nos pièces de monnaie : la fraternité.
Organise cela chez nous, cher François. Donne aux Français, si nombreux le 11 janvier dernier, la possibilité de prouver leur grandeur. Je suis certain que des centaines de milliers d’entre nous sont prêts, si on les aide, à ouvrir leurs portes. Nos grands-parents, nos arrières grands-parents ont connu les routes, les bombes, le vol, la peur, le dénuement, la faim : autorise-nous à prouver que nous n’oublions rien, que cette société qui nous contraint à n’être que des êtres «consommant» n’a pas encore gagné, que nos cerveaux sont malgré tout disponibles pour la solidarité, l’amour et la compassion. Laisse cette France-là ridiculiser l’autre France, celle qui craint l’étranger, le stigmatise, cette France qui s’invente des voitures calcinées quand il n’y en a pas, qui compte, qui «faciès», qui pose des problèmes de robinets alors qu’il s’agit de frères en souffrance.
Aide-nous, par cette mesure simple, à tourner le dos aux décomplexés. N’attends pas l’Europe. Prends sur toi, on te couvre. Mets au plus vite sur pieds cette aide financière, cette participation au loyer, et les portes s’ouvriront. N’oublie pas que la courbe du chômage ne s’inverse pas, donc que les Français ne sont pas très riches : voilà qui permettrait à beaucoup d’entre nous de faire ce pas vers l’autre. Je compte sur toi. Vite.
Comme nous tous, Européens normalement constitués, tu as été ému aux larmes par la photo de ce gosse échoué, mort ; car un enfant de cet âge n’est pas fait pour avoir cette position sur une plage. Personnellement, l’image m’a fait sursauter, comme un coup. Je suppose que quelque chose de cet ordre a dû se produire en toi, puisque tu as pris le micro pour nous parler et nous communiquer ta volonté d’agir – et vite.
Je suis urgemment d’accord avec toi. Nous sommes des millions à être d’accord avec toi. C’est pourquoi – et je te le dis solennellement – arrête de te planquer derrière les autres ! Car tu en appelles à l’Europe en sachant pertinemment que rien de bien concret ne viendra dans les prochaines semaines. Car tu dénonces les comportements nationalistes et xénophobes de certains collègues européens comme si tu voulais justifier d’avance notre probable attentisme.
Propose, cher François. Ne calcule pas, pour une fois. Ne viens pas nous dire, dans six mois, que tu regrettes de ne pas avoir pris des mesures pour soulager le flot de malheurs que subissent les réfugiés – que certains journalistes s’évertuent à appeler «migrants».
Le gouvernement d’Angela Merkel n’a pas attendu un assouplissement du bras droit tendu d’Orban pour proposer à son peuple d’accueillir, chez ceux qui en ont la place, des familles en déroute. Il verse déjà un loyer aux Allemands qui reçoivent des exilés. Cela permet à des personnes âgées, qui occupent parfois des surfaces trop grandes pour elles, d’héberger ces pères, mères et enfants dans le calme, le repos, le confort, la paix, l’hygiène et surtout cette valeur précieuse que l’on voit sur nos pièces de monnaie : la fraternité.
Organise cela chez nous, cher François. Donne aux Français, si nombreux le 11 janvier dernier, la possibilité de prouver leur grandeur. Je suis certain que des centaines de milliers d’entre nous sont prêts, si on les aide, à ouvrir leurs portes. Nos grands-parents, nos arrières grands-parents ont connu les routes, les bombes, le vol, la peur, le dénuement, la faim : autorise-nous à prouver que nous n’oublions rien, que cette société qui nous contraint à n’être que des êtres «consommant» n’a pas encore gagné, que nos cerveaux sont malgré tout disponibles pour la solidarité, l’amour et la compassion. Laisse cette France-là ridiculiser l’autre France, celle qui craint l’étranger, le stigmatise, cette France qui s’invente des voitures calcinées quand il n’y en a pas, qui compte, qui «faciès», qui pose des problèmes de robinets alors qu’il s’agit de frères en souffrance.
Aide-nous, par cette mesure simple, à tourner le dos aux décomplexés. N’attends pas l’Europe. Prends sur toi, on te couvre. Mets au plus vite sur pieds cette aide financière, cette participation au loyer, et les portes s’ouvriront. N’oublie pas que la courbe du chômage ne s’inverse pas, donc que les Français ne sont pas très riches : voilà qui permettrait à beaucoup d’entre nous de faire ce pas vers l’autre. Je compte sur toi. Vite.
Hollande ouvre la porte à 24.000 réfugiés en deux ans
Face à l'afflux massif de réfugiés en Europe, François Hollande a annoncé lundi que la France était prête à accueillir 24.000 personnes en deux ans, et plaidé pour un mécanisme de quotas entre les pays européens, sous peine d'échec de l'espace Schengen de libre circulation en Europe.
"La Commission européenne va proposer de
répartir 120.000 réfugiés sur les deux prochaines années, ce qui
représentera pour la France 24.000 personnes. Nous le ferons", a affirmé
M. Hollande, lors de sa conférence de presse semestrielle.
Jusqu’à présent, la France avait pris un engagement de principe pour l’accueil de 9.000 réfugiés et demandeurs d’asile, dans le cadre de propositions de la Commission européenne portant sur 60.000 personnes au total.
Mais "c’est le devoir de la France, où le droit d’asile fait partie intégrante de son âme, de sa chair", une France "marquée par des générations d’exilés ou de réfugiés qui sont venus au cours des décennies passées faire la France avec nous", a ajouté le chef de l’Etat.
Alors que les Européens peinent à s’accorder sur l’accueil des réfugiés, François Hollande a averti que c’était la survie même de la libre circulation en Europe qui était menacée si les Etats-membres ne jouaient pas le jeu de la "solidarité" et de la "responsabilité".
Un "mécanisme nouveau" doit maintenant être adopté par les pays européens, et "s’il n’y a pas cette politique d’ensemble, ce mécanisme ne fonctionnera pas, il explosera, et ce sera à ce moment-là un afflux considérable et sans doute la fin de Schengen, le retour aux frontières nationales", a-t-il estimé.
Dans ce contexte et alors que plus de 360.000 personnes ont traversé la Méditerranée depuis le début de l’année selon les Nations unies, il a de nouveau plaidé pour le "mécanisme permanent et obligatoire d’accueil des réfugiés pour répartir l’effort entre tous les pays européens", proposé la semaine dernière avec Angela Merkel. "Le mot important, c’est +obligatoire+", a-t-il martelé.
- "Principe de solidarité" -
Le chef de l’Etat a aussi annoncé, au nom "du principe de solidarité", qu’il était "prêt à accueillir", dans les prochaines semaines, "plusieurs centaines voire un millier" de réfugiés fraîchement arrivés en Allemagne, qui a encore enregistré 20.000 migrants supplémentaires durant le week-end à Munich.
Annonçant que la France allait sans doute enregistrer 60.000 demandes d’asile cette année, soit un "chiffre pratiquement stable", il a averti que le pays ne pourrait pas rester dans cette situation quand l’Allemagne voisine comptera dans le même temps "800.000" demandes.
Le chef de l’Etat, qui a employé à plusieurs reprises les termes de "réfugiés" et de "déplacés", a assuré qu’il ne se déterminait sur ce dossier pas en fonction des sondages, majoritairement réticents à l’accueil des migrants.
Il est nécessaire de "faire des choix" qui "compteront le moment venu pour le jugement de l’Histoire", a-t-il assuré, en évoquant le souvenir du petit Aylan, "enfant martyr, symbole des 3.000 naufragés qui ont trouvé la mort au bout de leur chemin depuis le début de l’année".
Tout en saluant les initiatives lancées par des diocèses, des citoyens ou des villes, il a souligné qu’elles devaient être "coordonnées, organisées de manière digne et sérieuse".
Mais il a répété qu’"il y aura des raccompagnements qui devront se faire", pour ceux qui ne peuvent prétendre au statut de réfugié.
"La condition pour agir efficacement, c’est la mise en place de contrôles aux frontières de l’Union", en Italie, en Grèce, en Hongrie, avec "des centres de contrôle et d’enregistrement" pour "accueillir", mais aussi "établir la distinction entre ceux qui relèvent du droit d’asile et ceux qui doivent être raccompagnés de façon digne", a-t-il affirmé.
La crise migratoire est "dramatique, elle est grave", mais "elle peut être maîtrisée et elle le sera", a-t-il ajouté. Il a toutefois mis en garde contre une "crise humanitaire gigantesque" si des centres d’accueil des réfugiés n’étaient pas mis en place "de l’autre côté de la Méditerranée", pour "retenir, accueillir ces populations au plus près de leur pays d’origine".
"Nous devons élaborer une véritable politique de co-développement", qui sera l’objet du sommet de La Valette le 11 novembre, a-t-il affirmé.
Source: LCP Assemblée Nationale 07 septembre 2015
Jusqu’à présent, la France avait pris un engagement de principe pour l’accueil de 9.000 réfugiés et demandeurs d’asile, dans le cadre de propositions de la Commission européenne portant sur 60.000 personnes au total.
Mais "c’est le devoir de la France, où le droit d’asile fait partie intégrante de son âme, de sa chair", une France "marquée par des générations d’exilés ou de réfugiés qui sont venus au cours des décennies passées faire la France avec nous", a ajouté le chef de l’Etat.
Alors que les Européens peinent à s’accorder sur l’accueil des réfugiés, François Hollande a averti que c’était la survie même de la libre circulation en Europe qui était menacée si les Etats-membres ne jouaient pas le jeu de la "solidarité" et de la "responsabilité".
Un "mécanisme nouveau" doit maintenant être adopté par les pays européens, et "s’il n’y a pas cette politique d’ensemble, ce mécanisme ne fonctionnera pas, il explosera, et ce sera à ce moment-là un afflux considérable et sans doute la fin de Schengen, le retour aux frontières nationales", a-t-il estimé.
Dans ce contexte et alors que plus de 360.000 personnes ont traversé la Méditerranée depuis le début de l’année selon les Nations unies, il a de nouveau plaidé pour le "mécanisme permanent et obligatoire d’accueil des réfugiés pour répartir l’effort entre tous les pays européens", proposé la semaine dernière avec Angela Merkel. "Le mot important, c’est +obligatoire+", a-t-il martelé.
- "Principe de solidarité" -
Le chef de l’Etat a aussi annoncé, au nom "du principe de solidarité", qu’il était "prêt à accueillir", dans les prochaines semaines, "plusieurs centaines voire un millier" de réfugiés fraîchement arrivés en Allemagne, qui a encore enregistré 20.000 migrants supplémentaires durant le week-end à Munich.
Annonçant que la France allait sans doute enregistrer 60.000 demandes d’asile cette année, soit un "chiffre pratiquement stable", il a averti que le pays ne pourrait pas rester dans cette situation quand l’Allemagne voisine comptera dans le même temps "800.000" demandes.
Le chef de l’Etat, qui a employé à plusieurs reprises les termes de "réfugiés" et de "déplacés", a assuré qu’il ne se déterminait sur ce dossier pas en fonction des sondages, majoritairement réticents à l’accueil des migrants.
Il est nécessaire de "faire des choix" qui "compteront le moment venu pour le jugement de l’Histoire", a-t-il assuré, en évoquant le souvenir du petit Aylan, "enfant martyr, symbole des 3.000 naufragés qui ont trouvé la mort au bout de leur chemin depuis le début de l’année".
Tout en saluant les initiatives lancées par des diocèses, des citoyens ou des villes, il a souligné qu’elles devaient être "coordonnées, organisées de manière digne et sérieuse".
Mais il a répété qu’"il y aura des raccompagnements qui devront se faire", pour ceux qui ne peuvent prétendre au statut de réfugié.
"La condition pour agir efficacement, c’est la mise en place de contrôles aux frontières de l’Union", en Italie, en Grèce, en Hongrie, avec "des centres de contrôle et d’enregistrement" pour "accueillir", mais aussi "établir la distinction entre ceux qui relèvent du droit d’asile et ceux qui doivent être raccompagnés de façon digne", a-t-il affirmé.
La crise migratoire est "dramatique, elle est grave", mais "elle peut être maîtrisée et elle le sera", a-t-il ajouté. Il a toutefois mis en garde contre une "crise humanitaire gigantesque" si des centres d’accueil des réfugiés n’étaient pas mis en place "de l’autre côté de la Méditerranée", pour "retenir, accueillir ces populations au plus près de leur pays d’origine".
"Nous devons élaborer une véritable politique de co-développement", qui sera l’objet du sommet de La Valette le 11 novembre, a-t-il affirmé.
Source: LCP Assemblée Nationale 07 septembre 2015
EN IMAGES. Des milliers de réfugiés accueillis à bras ouverts en Allemagne
Photo: DIAPORAMA République, en soutien aux réfugiés
République, en soutien aux réfugiés
Plusieurs milliers de personnes se sont réunies place de la République samedi à Paris en faveur de l'accueil des migrants.
Accueil des réfugiés: qui s’engage dans l'UE, à quelle hauteur
Lors
de son premier «discours sur l’état de l’Union», mercredi 9 septembre à
Strasbourg, le président de la commission européenne, Jean-Claude
Juncker, devrait proposer une nouvelle répartition – cette fois-ci
obligatoire – de 120 000 demandeurs d’asile entre les Vingt-Huit. Alors
que l'Allemagne a vu affluer 20 000 exilés le week-end dernier, la
France devrait en accueillir 24 000 sur deux ans.
Avant la réunion européenne convoquée d’urgence à Bruxelles le 14
septembre pour faire face à l’exode de milliers de ressortissants du
Moyen-Orient et de la Corne de l’Afrique, les négociations entre États
membres de l’Union européenne (UE) battent leur plein sur l’accueil des
demandeurs d’asile. L’accélération de l’afflux, conjuguée à l’émotion
suscitée dans le monde par les photos d’Aylan Kurdi, l’enfant syrien
retrouvé mort sur une plage turque près de Bodrum, provoque des
repositionnements. La plupart des pays affichent désormais leur volonté
de ne pas rester inactifs, mais les écarts restent marqués entre les uns
et les autres.
Les tout derniers chiffres sont éloquents ; ils donnent une idée de
l’ampleur des efforts à fournir. Depuis le début de l’année, 365 000
personnes ont traversé la Méditerranée pour rejoindre les côtes
européennes, parmi lesquelles au moins 2 700 sont mortes lors du
périple, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM),
contre 207 000 sur l’ensemble de l’année 2014. Les ressortissants
syriens et érythréens sont les plus représentés dans ces déplacements
historiques de population. Au cours du seul mois de juillet, 110 000
personnes ont débarqué en Grèce et en Italie, soit deux fois plus qu’un
an auparavant. Le week-end dernier, 20 000 sont arrivées en Allemagne
après avoir marché au travers des Balkans.
Au tournant de l'été, les pays de l'UE ont pris conscience des bouleversements à l'œuvre. Lors de son premier « discours sur l’état de l’Union », le 9 septembre à Strasbourg, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, devrait proposer une nouvelle répartition de 120 000 demandeurs d’asile (en plus des 32 000 « partagés » en juillet) entre les États membres de l’UE. Parmi eux, 50 400 viendraient de Grèce, 15 600 d’Italie et 54 000 de Hongrie. Le dispositif serait cette fois-ci obligatoire. Le sommet européen des 25 et 26 juin n’avait abouti qu’à la mise en place d’un mécanisme (retenant quatre critères : le PIB, la population, le taux de chômage et le nombre de demandes d’asile déjà enregistrées dans le pays) basé sur le volontariat. La France et l’Allemagne, entre autres, avaient rejeté le principe de quotas contraignants, mais les récents événements les ont fait changer d’avis. François Hollande et Angela Merkel plaident depuis le 3 septembre pour la mise en place d’un « mécanisme permanent et obligatoire de relocalisation ».
Annoncé par François Hollande pendant sa conférence de presse du 7 septembre,
l’engagement de la France d’accueillir 24 000 demandeurs d’asile
supplémentaires sur deux ans apparaît de faible envergure. Même s’il
s’ajoute aux 6 700 validés en juillet et aux quelque 60 000 dossiers
examinés en moyenne chaque année via les voies classiques par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).
Selon le nouveau plan Juncker, l'Allemagne devrait recevoir 31 400 exilés en plus. Étant donné l’intensité des récentes arrivées, le pays s’attend à ouvrir ses portes à 800 000 personnes cette année, soit dix fois plus que la France. Signe d’une certaine fébrilité, le ministre français de l’intérieur Bernard Cazeneuve a indiqué, après la déclaration du président de la République, que l’Hexagone allait venir chercher en urgence 1 000 des demandeurs d'asile récemment entrés en Allemagne.
À part l’Italie, la Grèce et la Hongrie, tous les pays sont sollicités, y compris ceux qui ont par le passé indiqué être opposés à des quotas : l’Espagne est attendue à hauteur de 14 900, la Pologne 9 200, la République tchèque 2 900, la Roumanie 4 600, les Pays-Bas 7 200, la Belgique 4 500, la Suède 4 400. Les exigences ont été revues à la baisse pour les pays baltes (780 pour la Lituanie, 526 pour la Lettonie, 373 pour l’Estonie) dans l’espoir qu’ils se rallient à un plan qui nécessite une majorité qualifiée pour être adopté.
Lors de la réunion du groupe de Visegrad, en fin de semaine dernière, la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie avaient réaffirmé leur opposition à un dispositif directif. Mais la Commission espère que l’effet produit par la mort du petit Aylan sur les opinions publiques locales les contraindra à se montrer plus ouverts. Bénéficiant statutairement d’exemptions, le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark sont eux invités à participer de manière volontaire. Réalisant un virage à 180 degrés, le premier ministre britannique David Cameron a annoncé le 7 septembre son intention d’accueillir 20 000 Syriens au cours des cinq prochaines années, après avoir exclu tout assouplissement de sa politique et refusé que son pays soit associé à cette politique de quotas.
En échange de l’accueil, les États devraient recevoir 6 000 euros par personne, prélevés sur le budget communautaire, tandis que la Grèce, l’Italie et la Hongrie se verraient attribuer 500 euros afin de couvrir les frais de voyage des personnes quittant leur sol. Concrètement, les personnes seraient réparties après avoir été identifiées et enregistrées dans des centres temporaires, appelés hotspots, dans lesquels un premier tri serait effectué entre demandeurs d’asile et migrants dits économiques, ces derniers ayant « vocation à être raccompagnés dans leur pays d’origine », selon l’expression reprise par François Hollande.
Ailleurs dans le monde, le choc des images a fait vaciller les citoyens et encouragé les solidarités, mais les propositions concrètes sont rares. Les pays du Golfe restent en retrait. Aux États-Unis, des voix s’élèvent pour inciter Washington à intervenir. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) met la pression en appelant le pays à prendre en charge quelque 16 300 réfugiés enregistrés par l’agence onusienne. En vain : l’administration américaine ne bouge pas.
En Australie, plusieurs personnalités ont lancé le 7 septembre un appel pour que le pays s’engage aux côtés de l’UE. L'opposition travailliste a demandé que soient accueillis 10 000 migrants supplémentaires tandis que la ministre des affaires étrangères Julie Bishop et le ministre adjoint des finances Josh Frydenberg ont invité le chef du gouvernement à prendre exemple sur la décision prise en 1999 par le premier ministre de l’époque John Howard d’accepter 4 000 personnes fuyant le conflit au Kosovo. Mais Tony Abbott pour l’instant refuse de revoir son quota annuel de 13 750 arrivées, acceptant tout juste d’augmenter la part des Syriens. L’Islande, avec son appel de 10 000 habitants d’héberger des réfugiés, apparaît comme un cas à part. En Amérique du Sud, la présidente brésilienne Dilma Rousseff a déclaré, dans son message annuel délivré à l'occasion de la fête nationale du pays, être prête à accueillir à « bras ouverts » des exilés syriens. Le Chili, l'Argentine, l'Uruguay et la Colombie se sont également proposés, mais sur des volumes réduits plus symboliques que de nature à changer la donne.
Au tournant de l'été, les pays de l'UE ont pris conscience des bouleversements à l'œuvre. Lors de son premier « discours sur l’état de l’Union », le 9 septembre à Strasbourg, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, devrait proposer une nouvelle répartition de 120 000 demandeurs d’asile (en plus des 32 000 « partagés » en juillet) entre les États membres de l’UE. Parmi eux, 50 400 viendraient de Grèce, 15 600 d’Italie et 54 000 de Hongrie. Le dispositif serait cette fois-ci obligatoire. Le sommet européen des 25 et 26 juin n’avait abouti qu’à la mise en place d’un mécanisme (retenant quatre critères : le PIB, la population, le taux de chômage et le nombre de demandes d’asile déjà enregistrées dans le pays) basé sur le volontariat. La France et l’Allemagne, entre autres, avaient rejeté le principe de quotas contraignants, mais les récents événements les ont fait changer d’avis. François Hollande et Angela Merkel plaident depuis le 3 septembre pour la mise en place d’un « mécanisme permanent et obligatoire de relocalisation ».
Le nouveau plan de répartition que Jean-Claude Juncker devrait proposer le 9 septembre 2015. © Reuters
Selon le nouveau plan Juncker, l'Allemagne devrait recevoir 31 400 exilés en plus. Étant donné l’intensité des récentes arrivées, le pays s’attend à ouvrir ses portes à 800 000 personnes cette année, soit dix fois plus que la France. Signe d’une certaine fébrilité, le ministre français de l’intérieur Bernard Cazeneuve a indiqué, après la déclaration du président de la République, que l’Hexagone allait venir chercher en urgence 1 000 des demandeurs d'asile récemment entrés en Allemagne.
À part l’Italie, la Grèce et la Hongrie, tous les pays sont sollicités, y compris ceux qui ont par le passé indiqué être opposés à des quotas : l’Espagne est attendue à hauteur de 14 900, la Pologne 9 200, la République tchèque 2 900, la Roumanie 4 600, les Pays-Bas 7 200, la Belgique 4 500, la Suède 4 400. Les exigences ont été revues à la baisse pour les pays baltes (780 pour la Lituanie, 526 pour la Lettonie, 373 pour l’Estonie) dans l’espoir qu’ils se rallient à un plan qui nécessite une majorité qualifiée pour être adopté.
Lors de la réunion du groupe de Visegrad, en fin de semaine dernière, la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie avaient réaffirmé leur opposition à un dispositif directif. Mais la Commission espère que l’effet produit par la mort du petit Aylan sur les opinions publiques locales les contraindra à se montrer plus ouverts. Bénéficiant statutairement d’exemptions, le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark sont eux invités à participer de manière volontaire. Réalisant un virage à 180 degrés, le premier ministre britannique David Cameron a annoncé le 7 septembre son intention d’accueillir 20 000 Syriens au cours des cinq prochaines années, après avoir exclu tout assouplissement de sa politique et refusé que son pays soit associé à cette politique de quotas.
En échange de l’accueil, les États devraient recevoir 6 000 euros par personne, prélevés sur le budget communautaire, tandis que la Grèce, l’Italie et la Hongrie se verraient attribuer 500 euros afin de couvrir les frais de voyage des personnes quittant leur sol. Concrètement, les personnes seraient réparties après avoir été identifiées et enregistrées dans des centres temporaires, appelés hotspots, dans lesquels un premier tri serait effectué entre demandeurs d’asile et migrants dits économiques, ces derniers ayant « vocation à être raccompagnés dans leur pays d’origine », selon l’expression reprise par François Hollande.
Ailleurs dans le monde, le choc des images a fait vaciller les citoyens et encouragé les solidarités, mais les propositions concrètes sont rares. Les pays du Golfe restent en retrait. Aux États-Unis, des voix s’élèvent pour inciter Washington à intervenir. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) met la pression en appelant le pays à prendre en charge quelque 16 300 réfugiés enregistrés par l’agence onusienne. En vain : l’administration américaine ne bouge pas.
En Australie, plusieurs personnalités ont lancé le 7 septembre un appel pour que le pays s’engage aux côtés de l’UE. L'opposition travailliste a demandé que soient accueillis 10 000 migrants supplémentaires tandis que la ministre des affaires étrangères Julie Bishop et le ministre adjoint des finances Josh Frydenberg ont invité le chef du gouvernement à prendre exemple sur la décision prise en 1999 par le premier ministre de l’époque John Howard d’accepter 4 000 personnes fuyant le conflit au Kosovo. Mais Tony Abbott pour l’instant refuse de revoir son quota annuel de 13 750 arrivées, acceptant tout juste d’augmenter la part des Syriens. L’Islande, avec son appel de 10 000 habitants d’héberger des réfugiés, apparaît comme un cas à part. En Amérique du Sud, la présidente brésilienne Dilma Rousseff a déclaré, dans son message annuel délivré à l'occasion de la fête nationale du pays, être prête à accueillir à « bras ouverts » des exilés syriens. Le Chili, l'Argentine, l'Uruguay et la Colombie se sont également proposés, mais sur des volumes réduits plus symboliques que de nature à changer la donne.
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