Serge Michel, journaliste : "Le beur, le Noir, ça reste des sujets. Des collègues, non."
Par l'OBS,
Ils sont ministre, élu, avocat, ex-star du foot, grand frère d'un des adolescents électrocutés ou jeune ayant participé aux émeutes de 2005 : ils nous ont confié leurs souvenirs de ces événements.
Serge Michel (Iannis Giakoumopoulos pour
27 octobre 2005, Clichy-sous Bois. Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, meurent électrocutés après une course-poursuite avec la police. Le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prétend alors que les enfants sont des voleurs. A tort. Les amis des adolescents, leurs voisins, la jeunesse des quartiers populaires, ripostent par des émeutes qui, comme une traînée de poudre solidaire, se propagent à des centaines de villes partout en France.
Les images de voitures enflammées, d'Abribus couchés, de CRS en faction et de jeunes encapuchonnés font le tour du monde. La France apparaît comme un pays en guerre civile. Le gouvernement décrète l'état d'urgence. Plus de 6.000 personnes sont interpellées, 30 communes instaurent un couvre-feu.Dix ans après, que reste-t-il de ces affrontements? La justice a relaxé les policiers. Des personnes ont été, par leur fonction, leur histoire ou le hasard, touchées au plus près. Le journaliste Serge Michel se souvient.
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Quand
il débarque à Paris, au début de novembre 2005, Serge Michel,
journaliste du magazine suisse "l'Hebdo", n'a ni préjugé ni rapport
particulier avec la banlieue. "Je n'y projetais pas grand-chose.
C'étaient ces zones un peu grises qu'on traverse en TGV avant d'arriver à
la gare de Lyon." Il a juste un projet original : travailler non pas à
la manière des envoyés spéciaux, qui viennent faire leur sujet et puis
repartent, mais plutôt à la façon des correspondants qui enquêtent en
immersion dans un pays étranger. C'est ainsi qu'est né le Bondy Blog.Pendant trois mois, les journalistes de "l'Hebdo" se relaient dans un F2 de la cité populaire, située au cœur du 93. Ils ne racontent pas les voitures qui brûlent - "quand je suis arrivé, on n'en voyait déjà plus" - mais le quotidien, "les moments où les banlieues vivent et où les journalistes, paradoxalement, ne sont pas présents". "On a fait peu de faits divers, on a plutôt raconté les kebabs, le foot, et beaucoup de récits de vie."
A son grand étonnement, le Bondy Blog devient lui-même un sujet pour les médias français.
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