Macky SALL, Président du Sénégal (Sommet UE-Afrique, Malte, novembre
2015): «On ne peut pas insister à réadmettre les Africains chez eux
pendant qu'on parle d'accueillir les Syriens et d'autres. C'est un
traitement différencié que nous condamnons, parce que c'est
discriminatoire».
Par RFI
Les dirigeants européens et africains réunis jeudi à Malte lors d'un sommet sur les questions migratoires ont adopté un plan d'action prévoyant un fonds d’1,8 milliard d'euros pour financer des projets de développement et une meilleure gestion des réfugiés. Des conclusions loin d'être spectaculaires et qui laissent plusieurs questions sans réponse.
Par RFI
Les dirigeants européens et africains réunis jeudi à Malte lors d'un sommet sur les questions migratoires ont adopté un plan d'action prévoyant un fonds d’1,8 milliard d'euros pour financer des projets de développement et une meilleure gestion des réfugiés. Des conclusions loin d'être spectaculaires et qui laissent plusieurs questions sans réponse.
L'accord final
n'est qu'un cadre politique, soulignent les diplomates. A l'évidence,
Européens et Africains devront continuer à discuter. Notamment de la
réadmission dans leur pays d'origine des déboutés du droit d'asile en
Europe.
D'accord sur le principe, les Africains demandent encore des
précisions sur les modalités concrètes de cette demande européenne. Le
président sénégalais Macky Sall, président en exercice de la Cédéao, a
clairement fait savoir que l'Afrique de l'Ouest refuserait toute mesure
qui la contraindrait à violer ses propres règles.
Si l'ouverture de centres de rétention en Afrique a été
catégoriquement rejetée, une plus grande coopération pour lutter contre
les trafics a été décidée avec enthousiasme. C'est le Niger notamment
qui va ouvrir la voie, avec la création d'une force d'investigation
conjointe pour ce pays carrefour.
Qui accueillir?
Mais la question de la mobilité légale des Africains vers l'Europe reste dans le vague. Le doublement des visas pour les étudiants et les chercheurs ne règle pas la question de la difficulté et des vexations pour obtenir un sésame vers le Nord.
Et pour ce qui est du renvoi dans leur pays d'origine des
sans-papiers en Europe, peu d'avancées. Dix pays volontaires vont
participer à une expérience visant à mieux déterminer la nationalité des
migrants qui pourraient être renvoyés, sur la base du volontariat, mais
rien de plus.
L'Erythrée étant le premier pourvoyeur de passagers des bateaux de
fortune qui s'élancent de la Libye, aucune annonce n'a été faite sur le
sujet. Aucun projet n'a été lancé au Soudan ou en Libye, pays que
traverse la route qu'ils empruntent. Un soutien financier à l'Ethiopie
voisine a simplement été convenu pour qu'elle puisse faire face à
l'afflux mensuel de milliers de fugitifs.
■ La démonstration d’unité de l’Afrique
Pendant ces 24 heures, ce qui a été marquant, c’est l'unité africaine face aux demandes européennes.
On a ainsi pu voir le président ivoirien Alassane Ouattara reprendre
mot pour mot le discours de la présidente de la Commission africaine.
Les présidents nigérien et sénégalais ont répété de concert que les 1,8 milliard d'euros promis par l'Europe
étaient bienvenus, mais insuffisants si l'on souhaite prendre la
question du développement de l'Afrique au sérieux. Tous deux ont
également dit que la gouvernance du commerce mondial était injuste et
contribuait à vider l'Afrique de sa jeunesse.
Il semble donc que le bloc africain, sûr du bien-fondé de son
analyse, a pris l'Europe au mot, quitte à bousculer ses partenaires du
Nord. De l'aveu des négociateurs, de nombreuses réunions restreintes ont
été nécessaires au cours du sommet pour parvenir à des annonces. Et les
discussions ont parfois été difficiles, comme en a convenu le Premier
ministre maltais Joseph Muscat.
Finalement, l'Afrique a répondu clairement aux questions qui lui ont
été posées par l'Europe : pour que les Africains restent chez eux, il va
falloir moins de crispations et plus d'intelligence.
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