Selon Marine
Le Pen, ils toucheraient plus qu’un retraité, seraient logés et soignés…
Des affirmations maintes fois répétées et toujours aussi fausses.
Marine Le Pen était dans le Nord, dimanche 24 février, pour présenter
Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national (RN) pour les
élections européennes. Lors de son discours, la présidente du parti
d’extrême droite a présenté la situation des migrants comme enviable par
rapport à celle des Français modestes, notamment retraités. Des
approximations devenues un grand classique du discours frontiste.
Ce qu’elle a dit :
Dénonçant « toutes ces micro-injustices » sur lesquelles « la révolte des “gilets jaunes” a braqué enfin la lumière des projecteurs », la responsable du RN a fait mine de s’interroger:
« Est-ce
qu’il est normal qu’un migrant fraîchement débarqué puisse toucher
davantage qu’un retraité modeste qui a travaillé et cotisé et toute sa
vie ? Est-il normal qu’il ait accès à un logement et ait un revenu
social immédiat ou des soins totalement gratuits lorsque nos
compatriotes dans la difficulté sont sans emploi, sans toit, ou
renoncent à des soins par manque de moyens ? »
Des affirmations souvent répétées par Marine Le Pen… mais toujours fausses.
1. Non, les migrants ne touchent pas davantage que les retraités
L’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA
ou minimum vieillesse) est versée à ceux, âgés de plus de 65 ans, qui
perçoivent des revenus inférieurs à 868 euros mensuels, pour une
personne seule, ou 1 347 euros pour un couple. Le montant de l’ASPA
s’ajoute aux ressources personnelles : il comble la différence entre les
revenus et, si ces derniers y sont inférieurs, les plafonds de 868 et
1 347 euros (autrement dit, un retraité seul avec un revenu de
500 euros, par exemple, percevra une ASPA de 368 euros). Il n’est pas
nécessaire d’avoir travaillé et cotisé pour percevoir cette allocation.
En clair, aucune personne âgée de plus de 65 ans ne peut percevoir moins
que ces montants.
En revanche, son versement n’est pas automatique, il faut en faire la
demande. C’est ce qu’a rappelé le président de la République, samedi
23 février au Salon de l’agriculture, à un retraité qui l’interpellait sur ses faibles revenus.
Un étranger peut percevoir l’ASPA s’il réside sur le territoire
français depuis au moins dix ans, de façon légale. Un cas assez peu
probable quand on est « fraîchement débarqué ». En dessous de 65 ans, un migrant, s’il est en situation irrégulière ou qu’il n’a pas d’attestation de demandeur d’asile (valable un mois puis à renouveler), n’a droit à rien.
Un demandeur d’asile peut bénéficier, pendant la période d’instruction de son dossier, de l’allocation au demandeur d’asile (ADA),
soit 6,80 euros par jour, à quoi peuvent s’ajouter 7,40 euros si aucune
place d’hébergement n’a été proposée. Soit un total maximal de
440 euros pour un mois de trente et un jours.
2. Non, un migrant n’a pas accès automatiquement à un logement
D’abord, Marine Le Pen occulte les différents dispositifs d’hébergement d’urgence,
de transition, et de réinsertion dont les Français peuvent bénéficier.
Ensuite, les migrants en situation irrégulière ou en cours de
régularisation n’ont pas accès aux logements sociaux. Les réfugiés,
quant à eux, ne peuvent y avoir accès qu’à la marge, dans des zones qui
disposent de logements vacants, comme l’explique le ministère de l’intérieur sur son site.
Un peu plus d’une personne sans domicile sur deux (53 %) est de nationalité étrangère, selon les chiffres de l’Insee en 2012. Une surreprésentation flagrante quand on sait que les étrangers représentent environ 6 % de la population.
3. Non, un migrant n’a pas accès à un revenu social immédiat
Comme
expliqué plus haut, un migrant disposant d’une attestation de demandeur
d’asile touche entre 6,80 euros et 14,20 euros d’allocation par jour.
Par ailleurs, les demandeurs d’asile ne sont pas éligibles au revenu de solidarité active (RSA, environ 550 euros par mois) car il faut disposer d’un titre de séjour autorisant à travailler depuis plus de cinq ans (pour les étrangers non communautaires).
Quant
aux allocations familiales, considérées comme un « gagne-pain » par les
partisans d’un durcissement des politiques migratoires, les demandeurs
d’asile n’y ont pas droit non plus, pas plus qu’aux aides au logement.
Il y a des exceptions, notamment pour les apatrides
ou les mères isolées. Mais globalement, la part des étrangers non
communautaires dans les bénéficiaires du RMI, puis du RSA, n’a pas
varié, oscillant autour de 13 % des allocataires.
4. Non, un migrant n’a pas accès à des soins totalement gratuits
Là
encore, c’est une antienne de l’extrême droite, certains allant jusqu’à
affirmer – à tort – que les personnes en situation irrégulière peuvent bénéficier de cures thermales gratuites. Pourtant, les droits des migrants en la matière sont limités.
Tant
que le demandeur d’asile n’est pas reconnu comme tel, il ne peut être
pris en charge que pour une urgence, et uniquement dans les hôpitaux où
des permanences d’accès aux soins de santé (PASS)
ont été mises en place. Il existe en outre un dispositif accessible à
partir du moment où la demande est acceptée : c’est l’aide médicale
d’Etat (AME), soumise à conditions de ressources et de résidence stable en France
(seuls les mineurs peuvent en bénéficier sans condition). Elle ne donne
droit qu’à un panier restreint de soins et n’est pas accessible à des
membres de la famille résidant à l’étranger.
Une fois sa demande d’asile enregistrée, il peut bénéficier (en cotisant s’il travaille) de la protection universelle maladie (PUMa) : frais médicaux et hospitaliers sont alors pris en charge intégralement… en théorie. Dans la réalité, tous les praticiens n’acceptent pas les patients sous ce régime.
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