dimanche 15 novembre 2015

Attentats terroristes de Paris: traquer les fondamentalistes jusqu'aux mosquées

  

Sans céder à une quelconque islamophobie, pourquoi s'arrêter uniquement à l'expulsion des imams radicalisés? Il faudrait peut-être aussi envisager la fermeture des mosquées qui attirent - notamment les vendredis et samedi - des groupes de fidèles fondamentalistes et radicalisés, venant parfois de partout sauf du voisinage immédiat. 

En effet si ces fondamentalistes fréquentent aussi assidûment une mosquée identifiée, notamment celle de la rue Jean-Pierre Timbaud dans le onzième à Paris, ce ne serait pas uniquement en raison de l'insuffisance réelle des lieux de culte musulman dans la région île de France, mais peut-être aussi parce qu'elle peut constituer sans que l'imam ne l'exprime, un point de ralliement pour djihadistes convaincus.

Il faudrait désormais pousser la réflexion sur le fondamentalisme musulman plus loin que les apparences républicaines et citoyennes convenues des imams...en s'efforçant en même temps de ne pas sombrer dans une stigmatisation des musulmans.
Là réside toute la difficulté.

Joël Didier Engo



Bernard Cazeneuve veut dissoudre les mosquées radicales

Par LIBERATION


La mesure sera étudiée prochainement en conseil des ministres a annoncé le ministre de l'Intérieur.

Une disposition pour la dissolution des mosquées radicales sera étudiée prochainement en conseil des ministres, a annoncé dimanche le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, deux jours après les attentats de Paris et l’instauration de l’état d’urgence.

«L’état d’urgence, c’est la volonté, à travers la prorogation et la révision de la loi de 1955, de pouvoir de façon ferme et déterminée procéder à l’expulsion de ceux qui doivent être expulsés parce qu’ils prêchent la haine en France, qu’ils ont été engagés ou qu’on soupçonne l’engagement dans des actions à caractère terroriste, a déclaré le ministre sur France 2. «Ça veut dire aussi, j’ai engagé des démarches en ce sens et il y aura une délibération en conseil des ministres, la dissolution des mosquées dans lesquelles des acteurs appellent ou profèrent la haine. Tout cela doit être mis en oeuvre dans la plus grande fermeté», a-t-il poursuivi.

Bernard Cazeneuve a également rappelé «l’augmentation très significative des moyens» des services de renseignement avant même les attentats de vendredi, avec notamment «1 500 emplois créés», «près de 233 millions d’euros investis» et «des nouvelles dispositions législatives».

«Est-ce que dans le contexte de guerre que nous vivons, il faut aller au-delà ? La réponse a été donnée par le Président et le Premier ministre: oui, il le faut. L’état d’urgence donne des moyens: assignations à résidence, perquisitions... Ces moyens seront entièrement et pleinement utilisés», a-t-il ajouté. «Quelles que soient les précautions que nous prenons face à des barbares qui ont déclaré la guerre, le risque zéro n’existe pas», a-t-il rappelé, en assurant que «cette guerre sera gagnée par la République française, par la démocratie, en raison des valeurs que nous portons et de la fermeté que nous portons à notre action», a-t-il assuré.

Il a exhorté les Français «à continuer à vivre», «parce que ce que les terroristes veulent nous imposer par l’effroi, c’est le refus de vivre comme nous l’avons fait jusqu’à présent avec notre modèle de civilisation, notre amour de la liberté, de la culture, du vivre ensemble».

LIBERATION 

Fiche S, déchéance de nationalité, expulsions : 11 propositions « sécuritaires » passées au crible

Les Décodeurs, Le Monde| 18.11.2015 
 
 Par
Depuis les attentats du 13 novembre, les responsables politiques multiplient les propositions de mesures sécuritaires censées mieux prévenir une nouvelle attaque terroriste en France. Sans toujours vérifier, si elles sont réllement applicables. Passage en revue de onze d’entre elles.

1. Criminaliser la consultation de sites djihadistes

Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains (LR), souhaite que « toute personne convaincue de consulter des sites djihadistes » soit « considérée comme djihadiste ». « Consulter ces sites doit être reconnu comme un délit », passible, comme la consultation de sites pédophiles, de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende, préconise-t-il.
Est-ce possible ?

2. Enfermer ou assigner à résidence tous les djihadistes présumés fichés "S"

Comme après les attentats de janvier, la droite et l'extrême droite réclament des mesures spécifiques à l'encontre de toutes les personnes faisant l'objet d'une « fiche S ». Nicolas Sarkozy veut les assigner à résidence avec un bracelet électronique « le temps que les forces de sécurité aient pu évaluer la dangerosité de ces personnes », tandis que le député Georges Fenech veut perquisitionner les lieux qu'ils fréquentent et que son homologue Laurent Wauquiez entend les enfermer dans des « centres d'internement antiterroristes spécifiquement dédiés ».
Est-ce possible ?

3. Fermer les mosquées radicales

Après les attentats de janvier 2015, le gouvernement s'est progressivement rallié à cette idée défendue jusqu'alors par le Front national. En juin 2015, après l'attentat en Isère, Manuel Valls s'est dit prêt à « fermer des mosquées » et à « dissoudre des associations » quand elles se montrent suspectes de sympathies ou de complicités avec l'islamisme radical. Un appel répété par le premier ministre au lendemain des attentats du 13 novembre.
Est-ce possible ?

4. Expulser des imams

Marine Le Pen a repris son antienne après les attentats : « La France doit [...] expulser les étrangers qui prêchent la haine sur notre sol. » Bernard Cazeneuve a quant à lui prôné une révision de la loi de 1955 sur l'état d'urgence pour « pouvoir de façon ferme et déterminée procéder à l'expulsion de ceux qui doivent être expulsés parce qu'ils prêchent la haine en France, qu'ils ont été engagés ou qu'on soupçonne l'engagement dans des actions à caractère terroriste ».
Est-ce possible ?

5. Modifier la loi sur l'état d'urgence

Le dispositif d'état d'urgence, activé dès samedi par François Hollande, date de 1955 et de la guerre d'Algérie. Le président et son ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve souhaitent le modifier pour « faciliter perquisitions, placements à résidence et saisies ».
Est-ce possible ?

6. Déchoir les djihadistes de leur nationalité

Les propositions sur la déchéance de nationalité étaient jusqu'il y a peu l'apanage de la droite et de l'extrême droite, depuis que Nicolas Sarkozy avait mis ce sujet au cœur de sa politique sécuritaire avec le discours de Grenoble, en 2010. Un certain Manuel Valls dénonçait alors un « débat nauséabond porté par l'ancien président. »

Depuis qu'elle est au pouvoir, la gauche a bien évolué sur le sujet. Dès 2014, Valls Manuel expliquait qu'il « n'y a pas de tabou »  à « déchoir de la nationalité ceux qui s'attaquent aux intérêts fondamentaux de notre pays », en ciblant les Français partis faire le djihad en Syrie.

Manuel Valls est même allé un cran plus loin en estimant que « nous devons déchoir de leur nationalité ceux qui bafouent l'âme française ». Le député filloniste Serge Grouard, a réclamé pour sa part une déchéance de nationalité pour « tous ceux qui sont partis en Syrie », ou qui sont « convaincus de proximité avec les organisations terroristes ».

Cela rejoint aussi les propositions de Marine Le Pen pour qui les « binationaux participant de ces mouvances islamistes doivent être déchus de leur nationalité et interdits de territoire. »
Est-ce possible ?

7. Interdire aux djihadistes de revenir en France

Le président souhaite aussi que la loi puisse interdire à un binational de revenir sur le sol français s'il présente un risque pour la sécurité nationale, sauf s'il se soumet à des contrôles stricts.
Or, l'interdiction de territoire français (ITF) ne concerne que les personnes condamnées pour des crimes ou délits graves et ne peut être appliquée préventivement. En revanche, un arrêté préfectoral ou ministériel d'expulsion peut déjà être prononcé à l'encontre des individus soupçonnés de représenter une menace pour la sécurité et les intérêts de la nation. La France expulse ainsi déjà les individus jugés dangereux.
Est-ce possible ?

8. Rétablir l'indignité nationale

Lundi 16 novembre, le député filloniste Serge Grouard a repris une proposition lancée par l'UMP après les attentats de janvier : rétablir pour les terroristes « l'indignité nationale » avec la possibilité de privation de biens.
Est-ce possible ?

9. Appeler les citoyens à la rescousse des militaires

Comment faire face à la menace terroriste permanente avec des effectifs militaires constants ? Les patrons de l'UDI et du MoDem, Jean-Christophe Lagarde et François Bayrou, et le radical Jean-Michel Baylet, ont tous trois proposé dimanche à François Hollande de créer « une garde nationale qui permette aux citoyens de venir relayer les forces de l'ordre, équipée, entraînée, formée, encadrée ». Le député LR Jacques Myard avait déjà défendu cette mesure en janvier, après les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher.
Est-ce possible ?

10. Créer une commission d'enquête sur les attentats

Mardi 17 novembre, Nicolas Sarkozy a exhorté les députés LR à demander une commission d'enquête sur les attentats.
Est-ce possible ?

11. Arrêter l'entrée des migrants

Pour Marine Le Pen, les attentats du 13 novembre ont fourni la preuve du danger des flux de réfugiés qui arrivent en Europe. « Par précaution », elle demande donc « l'arrêt immédiat de tout accueil de migrants en France et l'arrêt immédiat de leur dispersion dans les communes de France, villes comme villages ». Quant au sénateur frontiste Stéphane Ravier, il a tweeté : « Le Président de la République annonce la fermeture des frontières. C'est hélas toujours trop tard que l'on nous écoute. »

Ont-ils changé d'avis ?

 

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