Par Christian Lemenestrel, Le Figaro Prémium 22 septembre 2015
Les ministres européens de l'Intérieur ont
voté mardi, à une large majorité, un plan de répartition qui se fera de
manière volontaire.
Accusés d'égoïsme face au drame des réfugiés
syriens, les Européens ont finalement fait montre mardi d'un minimum de
solidarité et se sont répartis la prise en charge de 120.000 demandeurs d'asile débarqués
en Italie et en Grèce, afin de soulager ces deux pays. Cela n'a pas été
sans mal. Près de trois jours de tractations et un vote ont été
nécessaires pour contourner l'opposition de la Hongrie,
de la République tchèque, de la Roumanie ainsi que de la Slovaquie, et
pour boucler l'accord adopté par les ministres de l'Intérieur de l'UE.
La solution est ponctuelle. Elle évacue le
problème avant la réunion des chefs d'État et de gouvernement de l'UE
mercredi soir à Bruxelles, mais ne donne pas les moyens de gérer une
crise humanitaire qui s'annonce longue. «Il faut empêcher que d'autres
n'arrivent», a insisté le ministre allemand Thomas de Maizière. «Nous ne
devons pas envoyer le signal que nous pouvons accueillir tout le monde,
tout de suite. Ce ne serait pas responsable», enchaîne son homologue
français, Bernard Cazeneuve.
L'annonce par Angela Merkel que
l'Allemagne ne renverrait plus les demandeurs d'asile syriens arrivés
sur son territoire a en effet créé «un effet d'appel considérable»,
déplore un diplomate européen de haut rang. Au sommet, ce mercredi, la
chancelière «ne devra pas s'étonner de devoir répondre à des questions
désagréables», avance un autre. L'accord a éliminé toute idée de quotas.
«Personne ne veut créer un mécanisme permanent de répartition», a
expliqué un des négociateurs. L'opposition des pays d'Europe centrale a
tué la proposition défendue par le président de la Commission
européenne, Jean-Claude Juncker.
La répartition se fera de manière volontaire et
en deux temps: d'abord 66.000 demandeurs - 50.400 venus de Grèce et
15 600 d'Italie - vont se voir proposer un pays d'accueil, pour
soumettre leur demande d'asile. Arithmétiquement, ils viennent s'ajouter
au chiffre de 60.000 demandeurs déjà accepté par l'UE en juin (40.000
venus de Grèce et d'Italie, avec 20.000 proposés hors d'Europe par le
Haut Commissariat aux réfugiés). Une deuxième offre de 54.600 places
reste en réserve. La Hongrie, braquée dans son opposition de principe, a
en effet refusé d'être soulagée de son contingent initial.
Pour
les réfugiés bénéficiaires du nouveau système, il ne sera pas question
de choisir la destination. Certes, 17.036 iront en Allemagne, terre de
leurs rêves. Mais les autres iront ailleurs, y compris en Hongrie
(1294), l'un des pays les plus hostiles à leur arrivée. Pas question non
plus de refuser de se faire enregistrer. La sanction serait immédiate:
considérés comme des migrants économiques, les récalcitrants seront
condamnés au retour de l'autre côté de la Méditerranée. La solidarité
européenne impose aux pays de première entrée de prendre leurs
responsabilités en enregistrant les arrivants. Ce sera le rôle des
centres de tri - les hotspots - créés et gérés par l'Union européenne en
Italie et en Grèce. Ils vont permettre d'identifier les arrivants et de
faire une sélection entre ceux qui peuvent bénéficier d'une protection
et ceux qui, considérés comme des migrants économiques, sont voués au
retour. La France s'est beaucoup investie pour la création de ces
centres et en a fait une condition à sa solidarité.
Migrations : le Tchadien Idriss Deby Itno accuse l’Europe
Le chef de l'Etat tchadien a estimé lors de son séjourau Niger que l'Europe est seule responsable de la
crise migratoire qui prévaut actuellement avec ses cortèges de morts et
de tristesse.
Idriss Deby Itno dénonce notamment la déstabilisation des pays
africains et du Moyen-Orient et l'exploitation des matières premières
du continent africain qui seraient les principales causes du départ
massif des jeunes vers l'Europe.
"La pauvreté nourrit le
terrorisme" l’Europe doit repenser sa politique vis à vis de l'Afrique
estime le président Idriss Deby Itno qui trouve inacceptable que
l'Europe refuse d'accueillir les réfugiés.
S'exprimant sur BBC
Afrique, le dirigeant tchadien a indiqué que l'afflux des réfugiés du
Moyen-Orient vers l’Europe conjugué à ce qui se passe depuis quelques
années en Afrique au sud du Sahara doivent faire réfléchir les
européens.
La gouvernance mondiale doit arrêter le désordre non
pas par la mise en place de mur de barbelé mais par des actions
concrètes de développement notamment en arrêtant de créer des désordres.
À en croire le chef de l’État tchadien ce sont des pays fragiles comme le
Niger et le Tchad qui sont les premiers à en subir les conséquences.
BBC AFRIQUE
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