dimanche 26 janvier 2025

France: la surenchère xénophobe et raciste d'un ministre fasciste de l'intérieur ...

Alors lorsque M. Retailleau aura ainsi durci et re-durci indéfiniment les conditions de régularisation des étrangers en France, pense-t-il sérieusement que cela changera fondamentalement la composition multi-ethnique et culturelle de la population française, la conjoncture économique nationale et internationale, et même les mouvements migratoires à l'échelle globale (auxquels participent également des milliers de ressortissants français en Amérique, en Afrique, en Asie, en Océanie et partout sur cette planète...)??? Cette surenchère xénophobe et raciste récurrente participe simplement d'une démagogie populiste en direction des réactionnaires de droite et d'extrême droite, plongeant ainsi délibérément des milliers d'étrangers dans une incertitude planifiée de régularisation, qui les rend corvéables à merci auprès des employeurs, et surtout expulsables sur un saut d'humeur des agents des différentes préfectures et sous-préfectures de France. Il revient en réalité aux différents pays d'origine de veiller au respect du droit international par la France, en matière d'accueil et de séjour des étrangers, en lui appliquant la stricte réciprocité pour ses ressortissants. L'époque des diktats à sens unique des anciens maîtres coloniaux vers les anciennes colonies est révolue. Il faudrait désormais le rappeler à toute cette classe politique fasciste qui surfe en permanence sur la xénophobie et les cliché racistes éculés à des fins électoralistes en occident. Ça suffit!!! Joël Didier Engo, Association NOUS PAS BOUGER
http://www.nouspasbouger.org Bruno Retailleau durcit la ligne sur la régularisation des sans-papiers Dans une circulaire envoyée à l’ensemble des préfets, qui abroge la circulaire Valls, le ministre de l’intérieur leur demande de privilégier les régularisations des travailleurs dans les métiers en tension et d’exiger sept ans de présence en France pour tous les autres. Par Julia Pascual, Le Monde C’est un virage à droite, de ceux qui valent pour leur symbole, mais tout autant pour leurs implications réelles dans la vie des gens. Des sans-papiers, en l’occurrence. Bruno Retailleau a diffusé, jeudi 23 janvier, à l’ensemble des préfets la nouvelle circulaire qui va désormais régir l’accès à la régularisation des étrangers sans titre de séjour. Et l’impulsion donnée par le ministre de l’intérieur est celle d’un durcissement. Dans le texte de trois pages, dont Le Monde a obtenu copie, le ministre de l’intérieur demande aux préfets de recentrer les régularisations qu’ils accordent sur les travailleurs dans les métiers en tension, par opposition à la régularisation des personnes au titre de leur vie personnelle et familiale en France, majoritaire aujourd’hui. La régularisation des salariés des métiers en tension, introduite par la loi sur l’immigration de janvier 2024, exige trois ans de présence en France et douze mois d’ancienneté dans le travail et l’exercice d’un métier relevant d’une liste arrêtée par décret. Pour tout ce qui ne relève pas de ces travailleurs, les critères d’admission au séjour sont notoirement durcis. Ainsi, la régularisation sera conditionnée à une « durée de présence d’au moins sept ans » sur le territoire, contre cinq ans aujourd’hui. Les préfets devront également apprécier la maîtrise du français par un « diplôme français ou bien une certification linguistique ». Tout élément tendant à constituer une « menace à l’ordre public » sera rédhibitoire (dans les faits, cela était déjà le cas). De même, si l’étranger a déjà fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire (OQTF) sans l’exécuter, il ne pourra obtenir un titre de séjour. Un point non négligeable, compte tenu de l’allongement d’un à trois ans de la durée de validité d’une OQTF, depuis la loi sur l’immigration de 2024. Enfin, tout refus de régularisation devra enfin être « systématiquement » assorti d’une OQTF. «On régularisait déjà au compte-gouttes, et on va vers de nouvelles restrictions, sur la base de pseudo-critères d’intégration comme la langue, qui devient un levier d’exclusion, dénonce, auprès du Monde, la secrétaire générale de la Cimade, Fanélie Carrey-Conte. Quel est le sens de maintenir dans la précarité des gens qui travaillent, des personnes qui pourraient sortir de l’hébergement d’urgence saturé, de faire vivre dans la peur de la séparation ? On est dans le choix de la fermeture et du déclin.» Avantages et imperfections de la circulaire Valls Vendredi matin, le personnel politique avait encore peu réagi à ce nouveau texte. Invité de TF1, le vice-président de l’Assemblée nationale et macroniste historique Roland Lescure s’est néanmoins dit « en désaccord ». « On surfe sur une vague anti-immigration (…). Je pense qu’on va trop loin », a-t-il déploré sur TF1. Quelques anciens macronistes s’étaient aussi exprimés, jeudi, sur le réseau social X, à l’image de Sacha Houlié, député (non inscrit) de la Vienne en rupture avec les macronistes : « Plusieurs pays européens (Allemagne, Espagne, Italie) ont procédé à des régularisations, la France s’entête dans la mauvaise voie, a-t-il écrit. Quand vous ne trouverez plus personne pour vous soigner, pour s’occuper de vos parents ou de vos enfants, pour vous servir au restaurant ou construire vos routes ou vos maisons, vous penserez au populisme crasse de M. Retailleau. » « Les Français méritent mieux que cette démagogie qui est une forme d’irrespect », a également déclaré l’ancien ministre de la santé et député des Yvelines (Place publique) Aurélien Rousseau. Bruno Retailleau entend distiller au compte-gouttes les régularisations. Sa circulaire abroge la circulaire Valls, en vigueur depuis 2012, qui tenait jusque-là lieu de boîte à outils pour les préfets. Le ministre a voulu la réduire et la durcir. Et, au passage, il a drastiquement diminué les critères d’appréciation. « Rien n’est précisé sur la durée de scolarisation des enfants. Ça va être laissé à l’arbitraire des préfets », pressent Serge Slama, professeur de droit public à l’université Grenoble-Alpes. « On ne voit pas comment un dossier peut être considéré comme recevable, ça renforce le pouvoir discrétionnaire du préfet », abonde Jean-Albert Guidou, du collectif migrants de la CGT. Plus optimiste, un préfet veut croire à sa « possibilité de débloquer des situations ». « Le ministre veut une approche plus stricte, mais il ne nous a fixé aucun objectif quantitatif », se rassure-t-il. Un autre haut fonctionnaire a une analyse différente : « A la lecture du texte, un préfet ne régularisera plus pour motif familial et privé », lâche-t-il. Le texte de 2012 de 12 pages signé par Manuel Valls, ancien ministre de l’intérieur de François Hollande (et actuel ministre des outre-mer de François Bayrou), n’avait, cependant, pas fait la preuve de son obsolescence. Au sein du ministère de l’intérieur, depuis sa mise en œuvre, on n’osait jusque-là y toucher et on vantait plutôt sa praticité. La circulaire Valls permettait de sortir des limbes, peu ou prou, 30 000 personnes chaque année – sur une population de sans-papiers estimée, de façon approximative, entre 400 000 et 700 000 personnes. Qualifiée de soupape, elle cadrait, à travers des critères indicatifs, mais non opposables en droit, une forme de régularisation « au fil de l’eau ». Place Beauvau, on la préférait, car plus discrète, aux grandes opérations de régularisations décidées à intervalles réguliers à partir des années 1970, politiquement plus inflammables dans une arène où l’extrême droite n’a eu de cesse de renforcer son poids électoral, en faisant de la lutte contre l’immigration la pierre angulaire de ses programmes. Même les préfets les plus orthodoxes lui trouvaient l’avantage de sortir de situations inextricables, par exemple, des étrangers ni régularisables ni expulsables, à l’image de parents d’enfants scolarisés depuis plusieurs années. Du côté des personnes sans papiers et des associations ou avocats qui les soutiennent, la circulaire Valls comportait des avantages et des imperfections. Elle était la promesse d’un avenir en France, au terme d’années difficiles dans l’irrégularité. Mais n’ayant pas force de loi, elle laissait entier le pouvoir d’appréciation discrétionnaire des préfets – « l’arbitraire », disaient les plus critiques. Liberté était en effet laissée à ces commis de l’Etat d’en faire l’application ou pas. La circulaire Valls était donc très inégalement mise en œuvre sur le territoire. Des préfectures étaient rétives à l’appliquer, quand d’autres se montraient plus bienveillantes, comme Paris. C’est d’ailleurs pour sortir partiellement de cette ambiguïté que, lorsqu’il était ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, l’actuel garde des sceaux, a voulu un temps permettre une régularisation de droit des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension. Dans un contexte post-Covid-19 où des secteurs entiers de l’économie avaient grandement besoin de main-d’œuvre, comme l’hôtellerie-restauration, l’agriculture ou encore le bâtiment, l’ex-maire de Tourcoing (Nord) avait joué une partition qu’il résumait ainsi : « Etre méchant avec les méchants et gentil avec les gentils. » Un totem à abattre En l’espèce, le projet de loi « asile et immigration », tel que présenté fin 2022 par le ministre, faisait la part belle aux mesures élargissant les possibilités d’expulser les étrangers constituant un trouble à l’ordre public et, dans un équilibre incertain, devait aussi permettre de reconnaître l’apport des sans-papiers à l’économie. « Nous ne donnons peut-être pas assez de titres de séjour aux gens qui travaillent et qu’un certain patronat utilise comme une armée de réserve, pour parler comme [Karl] Marx », avait déclaré M. Darmanin, dans un entretien au Monde, le 2 novembre 2022. Mais, sans surprise, en l’absence de majorité parlementaire, le gouvernement a ensuite choisi de faire alliance avec la droite sénatoriale – dont Bruno Retailleau était alors le chef de file – pour assurer l’adoption de son texte. Et, chez Les Républicains (LR), la mesure sur la régularisation de droit a d’emblée été une ligne rouge, un totem à détruire. Fin 2023, alors que les débats parlementaires battaient leur plein, Bruno Retailleau s’était même enorgueilli d’avoir obtenu, dans l’entreprise de négociation de l’appui de son groupe, l’engagement du gouvernement en faveur d’une « réécriture durcie » de la circulaire Valls. Sans doute ne savait-il pas encore qu’il en serait l’auteur. La loi sur l’immigration, promulguée en janvier 2024, a bien créé une nouvelle possibilité de régularisation aux critères plus souples que ceux de la circulaire Valls, mais toujours à la main des préfets et uniquement dans des métiers en tension, dont la liste – arrêtée par décret et jugée obsolète aujourd’hui – n’a toujours pas été mise à jour. La dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron, le 9 juin 2024, et l’avènement, place Beauvau, de Bruno Retailleau et d’une ligne LR plus dure, a fait le reste. A son arrivée au poste de ministre de l’intérieur, auquel il s’est maintenu entre le gouvernement Barnier et le gouvernement Bayrou, Bruno Retailleau n’a pas fait mystère de son ambition : réduire l’immigration, légale et illégale, quitte à sembler délaisser les autres sujets régaliens de son portefeuille. Et, dès octobre 2024, il a annoncé à un parterre de préfets conviés au ministère son intention de remplacer la circulaire Valls. C’est désormais chose faite. Julia Pascual,Le Monde

dimanche 15 septembre 2024

Immigration: combattre ces politiciens extrémistes européens qui criminalisent les organisations humanitaires d'aide aux migrants

Il faut désormais systématiquement poursuivre et faire sévèrement condamner tous ces criminels politiques qui instrumentalisent la haine des migrants à des fins pouvoiristes en Europe; en laissant délibérément des milliers de ces derniers mourir sans secours humanitaire en méditerranées, à la suite des accords de sous-traitance particulièrement inhumains conclus avec un certain nombre de pays du Maghreb. L'immigration clandestine doit être traitée à la source, en rompant ou conditionnant clairement à la bonne gouvernance les relations avec nombre de dictatures corrompues des pays de départ en Afrique. En effet on n'empêchera jamais des personnes sans perspective d'avenir d'essayer obstinément de changer leurs conditions, et par ricochet celles plus largement de leurs familles. Joël Didier Engo, Association Nous Pas Bouger http://www.nouspasbouger.org
Italie : six ans de prison requis contre Matteo Salvini pour avoir refusé de laisser accoster des migrants en 2019 L’ex-ministre de l’intérieur d’extrême droite avait mis en œuvre la politique des « ports fermés » en vertu de laquelle l’Italie refusait l’entrée aux navires humanitaires qui secouraient les migrants en Méditerranée. Le Monde avec AFP Les procureurs italiens ont requis, samedi 14 septembre, une peine de six ans de prison à l’encontre de Matteo Salvini, vice-premier ministre italien d’extrême droite, pour avoir empêché des migrants de débarquer dans un port italien en 2019. M. Salvini, qui fait partie de la coalition de la première ministre, Giorgia Meloni, est jugé pour privation de liberté et abus de pouvoir présumés pour avoir maintenu 147 migrants en mer pendant des semaines sur un navire géré par l’organisation caritative Open Arms. « L’accusation a demandé que l’ancien ministre de l’intérieur Salvini soit condamné à six ans de prison », a déclaré à l’Agence France-Presse l’avocat d’Open Arms, Arturo Salerni, alors que les débats touchent à leur fin. Le verdict de ce procès, qui a débuté en octobre 2021, devrait être rendu le mois prochain, a-t-il ajouté. M. Salvini n’était pas présent à l’audience. Il avait auparavant publié sur Facebook : « Je le referais si j’avais à le refaire : défendre les frontières contre les migrants illégaux n’est pas un crime. » « Il est incroyable qu’un ministre de la République risque six ans de prison pour avoir fait son travail en défendant les frontières de la nation, comme l’exige le mandat qu’il a reçu de ses concitoyens », a-t-il ajouté sur X. Conditions sanitaires désastreuses Au moment de résumer son réquisitoire, le procureur Geri Ferrara, du tribunal de Palerme, a estimé qu’« un principe-clé n’est pas discutable : entre les droits de l’homme et la protection de la souveraineté de l’Etat, les droits de l’homme doivent prévaloir dans notre système heureusement démocratique ». Le navire est resté bloqué en mer pendant près de trois semaines avant que les migrants soient finalement autorisés par la justice à débarquer sur l’île italienne de Lampedusa. Les membres d’Open Arms avaient assuré que l’état physique et mental des migrants avait atteint un point critique lorsque les conditions sanitaires à bord étaient devenues désastreuses, notamment en raison d’une épidémie de gale. M. Salvini, chef du parti anti-immigration de la Ligue et ministre de l’intérieur à l’époque, a déclaré en janvier qu’il avait estimé que « la situation n’était pas dangereuse » à bord du navire. En 2019, alors qu’il participait au gouvernement de Giuseppe Conte, il avait mis en œuvre la politique dite des « ports fermés » en vertu de laquelle l’Italie refusait l’entrée aux navires humanitaires qui secouraient les migrants en Méditerranée. Une grande partie du procès a consisté à déterminer si la responsabilité de cette affaire incombait au gouvernement de M. Conte ou à M. Salvini seul. Il a déjà été poursuivi pour un chef d’accusation similaire, mais les poursuites ont été annulées par un tribunal de Catane en 2021. Le Monde avec AFP

samedi 15 juin 2024

Les limites d'une dérive d'extrême droite dans un pays multi-ethnique régi par un cantonnement/confinement insidieux et raciste des minorités

À l'image de la célèbre équipe de France de Football (LES BLEUS) majoritairement composée de joueurs d'origine africaine et étrangère, la France est aujourd'hui un pays multi-ethnique dans lequel paradoxalement des segments identitaires de la population votent massivement en faveur d'une extrême droite ouvertement xénophobe et raciste... Ce phénomène deviendra forcément de plus en plus incompatible voire inconciliable avec la nécessaire cohésion nationale, et pas seulement en matière de football. Parce que ces jeunes ne sont pas dans la même servilité coloniale que leurs lointains aînés, et commenceront inévitablement à se poser des questions de conscience, notamment sur le sens moral, éthique, civique de leur "sacrifice" pour une patrie suprémaciste ethnique qui discrimine et rejette foncièrement nombre de leurs semblables. Il s'agit ici d'un questionnement qui deviendra inévitable pour toutes ces générations françaises issues de la diversité notamment africaine, avec une tentation voire une tendance grandissante à privilégier les pays d'origine des parents et des grands parents. D'une manière ou d'une autre, quoiqu'ils fassent pour la France, l’inconscient général finit - y compris en dépit de leur notoriété - par les renvoyer à leur couleur de peau et à leurs supposés pays d'origine. C'est une mentalité hélas très ancrée dans la culture politique et médiatique de ce pays, et on ne saurait objectivement la réduire au Rassemblement national anciennement Front National. Autant en avertir suffisamment ces jeunes issus de l'immigration ou de couleur. Car fondamentalement un pays qui ne vous accepte pas comme ses ressortissants à part entière ne sera jamais le vôtre. Formellement Oui, mais affectivement Non, quelque soit votre contribution à son rayonnement. Il est en cela peut-être trop tard de les appeler au sursaut électoral, alors précisément que tout les a toujours tenu éloigner.
Joël Didier Engo, Association NOUS PAS BOUGER http://www.nouspasbouger.org

samedi 1 juin 2024

Demandeurs d’asile : « Derrière les “défaillances systémiques” du dispositif d’accueil français, il y a un refus d’adopter des solutions pragmatiques »

Par Guillaume Rossignol directeur du Jesuit Refugiee Service Source: Le Monde.fr Alors que la manière dont la France accueille les demandeurs d’asile est régulièrement pointée, Guillaume Rossignol, directeur du Service jésuite des réfugiés, invite, dans une tribune au « Monde », à ne pas céder à l’idéologie, à respecter les droits des personnes et à choisir des solutions à la fois humaines et viables.
En mars 2024, un arrêt du Conseil du contentieux des étrangers belge a empêché le transfert d’un demandeur d’asile vers la France au vu de « défaillances systémiques » du dispositif d’accueil de l’Etat français. Selon cet arrêt, ce demandeur d’asile risquait d’être traité de manière incompatible avec ses droits fondamentaux. « Certaines nuits, je reste assis sur une chaise près des agents de sécurité d’un hôpital, par crainte d’être de nouveau agressé durant mon sommeil », témoigne, par exemple, M. N., demandeur d’asile, accompagné par le Service jésuite des réfugiés (JRS France). Les défaillances dans l’accueil des demandeurs d’asile ne sont pas nouvelles. La France a ainsi été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme en 2021 pour les traitements inhumains et dégradants dont avaient été victimes des personnes en demande d’asile. Mais le plus inquiétant est l’ampleur de ces défaillances. Au 31 mars 2024, selon les chiffres issus d’Eurostat et de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), un organisme chargé de délivrer les « conditions matérielles d’accueil », c’est-à-dire une domiciliation, un hébergement et une allocation minimale assurant aux demandeurs un niveau de vie digne qui garantisse leur subsistance et protège leur santé physique et mentale, plus de 46 000 personnes en demande d’asile en étaient privées. Justifier l’injustifiable Or, plus qu’une crise du système d’accueil contre laquelle « on ne pourrait rien » – elle résulterait, par exemple, de l’impossibilité de traiter de trop nombreuses demandes –, certains cas manifestent une volonté délibérée de laisser perdurer ces situations et de justifier l’injustifiable, en s’abritant derrière le paravent du « droit ». Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Le recours croissant des pays de l’UE à une « immigration choisie » pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre Ainsi en est-il de la politique française envers les demandeurs d’asile dits « dublinés », par référence au règlement européen de Dublin, organisant les procédures d’asile au sein de l’Union européenne (UE) et dont les principes ont été globalement repris par le pacte européen sur l’asile et la migration adopté le 14 mai 2024. Lire aussi la tribune | Article réservé à nos abonnés Migrations : « L’UE multiplie les contournements ou les contraventions au droit européen » Ces personnes, qui ont demandé la protection internationale de la France et y séjournent, sont entrées sur le territoire de l’UE par un autre pays. En application des textes précités, la France peut, pendant une durée de dix-huit mois, demander leur transfert dans le pays par lequel elles sont entrées dans l’UE (procédure Dublin) afin que ce pays assume et instruise lui-même la demande d’asile. Mais, une fois passé ce délai, la France devient responsable de leur demande d’asile. Or, nos autorités refusent à ces personnes tout moyen de subsistance, prétendant ne pas y être tenues en application du droit en vigueur. L’accès au travail des demandeurs d’asile Quelle que soit l’interprétation que l’on donne du droit français ou européen applicable, les priver d’une allocation et d’un hébergement en plus d’un accès au travail, c’est laisser les demandeurs d’asile dans une situation inhumaine et dégradante qui ne peut être conforme à aucun droit. Une première en la matière, le Service jésuite des réfugiés (JRS France) vient d’introduire devant le Conseil d’Etat une requête « en reconnaissance de droits » − un dispositif original introduit par une loi de 2016 sur la modernisation de la justice du XXIe siècle − pour faire reconnaître les droits individuels de l’ensemble de ces personnes au bénéfice des « conditions matérielles d’accueil ». Nous ne devons pas laisser justifier l’injustifiable, mais garder le souci de la justice. Derrière ces « défaillances systémiques » du dispositif d’accueil français, il y a aussi un refus d’adopter des solutions pragmatiques, en laissant l’idéologie prendre le dessus. Selon l’économiste El Mouhoub Mouhoud, président de l’université Paris-Dauphine-PSL, nous assistons à un « recul inquiétant de l’argumentation rationnelle » sur les questions d’immigration. Ainsi, une grande pluralité d’acteurs, y compris le Medef et les syndicats de salariés, se sont prononcés en faveur d’une solution simple : l’accès au travail des demandeurs d’asile. Cela réduirait, en effet, les coûts de leur accueil tout en leur permettant de se sentir utiles et en faisant rentrer des ressources dans le budget de l’Etat, à l’heure où les finances sont au rouge, le tout dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, puisque les trois quarts des PME françaises déclaraient, fin 2023, rechercher en vain du personnel. Renoncer aux discours réducteurs D’après un rapport de JRS France, fondé sur les données d’enquêtes publiques de la Commission européenne, la France est le seul pays de l’Union européenne, avec la Hongrie, à ne pas accorder aux demandeurs d’asile un accès effectif au marché du travail. Lire aussi la tribune | Article réservé à nos abonnés Pacte européen sur la migration et l’asile : « Le régime d’asile actuel est inhumain par nature ; il doit être réformé en profondeur » Si tous les autres pays européens le font, ce n’est pas uniquement parce que c’est un droit établi par la directive européenne accueil mais aussi, et peut-être d’abord, parce que cela sert leurs intérêts économiques et sociaux sans que soit constaté pour autant un quelconque « appel d’air ». Il nous faut garder le souci de la réalité ; la réalité, c’est bâtir des solutions viables qui ne renoncent pas à l’humain. Si les situations indignes se propagent, c’est que nous n’y résistons pas avec assez de force, parce que nous perdons la perception de l’unicité et du caractère irremplaçable de chacun. C’est là le danger qui nous menace et menace l’Europe. Dans son poème Restons éveillés, dédié aux travailleurs immigrés, Missak Manouchian nous l’intimait déjà : il nous faut renoncer aux discours réducteurs pour garder claire vision et hauteur de vue. Guillaume Rossignol est directeur de JRS France (Service jésuite des réfugiés), une organisation catholique internationale qui agit aux côtés des demandeurs d’asile et des réfugiés. Guillaume Rossignol (directeur du Jesuit Refugiee Service)

lundi 22 janvier 2024

France: les excès d'une criminalisation croissante du droit des étrangers

Des milliers d'étrangers en situation régulière sont délibérément plongés dans l'illégalité par des lenteurs administratives organisées dans les préfectures et sous préfectures de France, les empêchant notamment d'obtenir des rendez-vous sur les plate-formes numériques souvent soit fermées soit saturées. Cela se traduit par des suspensions et des pertes de droits sociaux, puis quelques fois des licenciements par des employeurs littéralement acculés par une législation pénalisante. Cette situation perdure en réalité depuis les deux confinements du Covid-19 et devrait s'empirer avec la nouvelle loi-immigration raciste et xénophobe qui met officiellement en place une préférence nationale en France.
Marches contre la Loi-immigration: où sont les associations de sans-papiers de France? À quoi ou à qui sert-il de participer à des marches sur une Loi-Immigration xénophobe et raciste instaurant clairement la préférence nationale, dans lesquelles les organisations de sans-papiers n'auraient pas été conviées et sont ainsi tenues à l'écart??? Il faut aussi en finir avec ce vieux paternalisme suprémaciste où des leaders souvent de la gauche française s'estiment plus légitimes et crédibles de parler puis représenter les populations issues de la diversité à leur place, dont les étrangers réguliers et irréguliers de France pour notamment savoir défendre mieux que ceux-ci leurs droits bafoués. Notre association ne participe plus à ce marché de dupe consistant en une petite imposture humaniste et républicaine dans un pays dont les institutions (y compris les formations politiques et syndicales) s'accommodent largement sans le dire avec un racisme systémique d’État. Les victimes, premières concernées, sont complètement rendues invisibles et inaudibles par les joutes politiciennes. Que grand bien leur fasse!!!
Association NOUS PAS BOUGER http://www.nouspasbouger.org

vendredi 5 janvier 2024

Loi immigration: le devoir moral de sensibiliser les migrants Africains sur l'inhospitalité de l'Europe, et singulièrement de la France

Il arrive un moment où le désir de vivre dignement chez soi doit pouvoir l'emporter sur toute volonté d'affronter des obstacles de plus en plus insurmontables dans la clandestinité en Europe, et singulièrement en France. Dans un tel contexte, notre devoir moral est aussi de sensibiliser sur ces difficultés inhérentes à des sociétés ouvertement xénophobes et racistes. Puis d'inciter les migrants africains à privilégier d'autres destinations, à défaut de rester ou retourner dans leurs pays d'origine respectifs. L'attraction croissante exercée par les pays étrangers sur la jeunesse française Dites-le à tous les réactionnaires nombrilistes initiateurs de la Loi Immigration la plus raciste et xénophobe jamais adoptée en France sous la cinquième république... Nombre de jeunes Français dits de souche préfèrent de plus en plus non seulement migrer à l'étranger pour étudier, mais également pour s'y établir définitivement. Et s'il venait donc à tous ces pays (notamment d'Amérique, d'Asie, d'Océanie, et même d'Afrique, etc...) la tentation de leur appliquer systématiquement la réciprocité en termes de restrictions des visas, de cautions universitaires, de privations des droits sociaux, et d'accès aux marchés du travail, etc...comme le fait progressivement la France??? Le drame de la France c'est précisément qu'elle est gouvernée par une classe dirigeante (politique et économique) complètement déconnectée de la réalité économique et sociale de la population, à force de se coopter et se reproduire entre-elle en différents cercles clientélistes très fermés. Joël Didier Engo, Association NOUS PAS BOUGER
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jeudi 21 décembre 2023

L'imaginaire appel d'air: cette usine à fantasmes nombrilistes à l'origine de la conversion du macronisme au lepenisme

À force d'agiter toutes les menaces d'inspiration xénophobe et raciste contre les immigrés depuis des décennies, espérons que la classe politique qui les a mises en exécution avec la préférence nationale aura le courage d'en faire un bilan objectif dans quelques années, sans s'abriter derrière d'autres motifs fallacieux et populistes. https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/01/11/immigration-le-mythe-de-l-appel-d-air_6157358_3232.html Parce qu'elle devra rivaliser d'ingéniosité pour vendre l'attractivité de la France à des migrants qu'elle prive aujourd'hui de regroupement familial, de soins sanitaires, de toute forme d'épanouissement social et professionnel, de droit du sol, etc... dans un monde intégré et multipolaire où d'autres destinations plus compétitives tendent littéralement les bras aux plus talentueux d'entre-eux. Les Français voulus de souche devront quant à eux réapprendre à balayer leurs rues, à s'occuper de leurs vieillards et malades, à œuvrer dans le bâtiment, ou à cuisiner dans les restaurants, etc... avec des salaires modiques et des couvertures sociales dérisoires. https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/12/19/l-economie-va-avoir-massivement-besoin-de-travailleurs-etrangers-alerte-le-patronat_6206706_823448.html Au moins en aurons-nous peut-être terminé avec ce chantage permanent à un supposé "appel d'air" qui a alimenté bien des énormités réactionnaires sur la migration internationale depuis une quarantaine d'années dans ce pays.
Un décrochage généralisé quasiment programmé En effet lorsque la xénophobie et le racisme deviennent le seul vrai fond de commerce d'une certaine classe politique et surtout dirigeante, cela témoigne de son extrême médiocrité et ne mérite pas qu'on lui accorde une trop grande importance en pleine mondialisation. https://www.nouspasbouger.org/entretien-avec-voa-sur-la-suspension-des-visas/ Il faut davantage la plaindre en évitant soigneusement d’être pollué au quotidien par ses nuisances suprémacistes agitant la peur du "grand remplacement", notamment à travers toutes ces chaînes de télévision en continu à la solde de milliardaires réactionnaires ayant parfois paradoxalement fait fortune à l’étranger, notamment en Afrique, et qui lui servent de caisse de résonance. Parce qu'un pays développé qui refoule les étudiants étrangers au nom de la préférence identitaire nationale n'a plus sa place, du moins ne l'aura plus, dans le peloton des nations compétitives et innovantes de la planète. Son décrochage généralisé est quasiment programmé. Joël Didier Engo, Association NOUS PAS BOUGER
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