En réalité le repli identitaire au relent xénophobe et raciste touche différentes parties du globe..avec une lame de fond néo-conservatrice, suprématiste aux accents voulus patriotiques et nationalistes.
Toutes les populations du monde sont ainsi successivement gagnées, y compris les franges que l'on aurait pu penser peu exposées voire affranchies définitivement par cette tentation, en raison de leur histoire coloniale particulièrement douloureuse, puis de leur migration souvent économique dans les zones les plus développées de la planète ...
À l'observation, je découvre que certains Africains frustrés peuvent de manière complètement décomplexée se révéler encore plus racistes et xénophobes dans une posture essentiellement victimaire, que le seraient des Italiens, des Français, ou des Américains soumis à des législations régissant fermement l'incitation à la haine ethno-raciale.
En effet au sein de certaines diasporas africaines le mot d'ordre semble "Être et Rester entre soi" en profitant au maximum des opportunités offertes par certains pays développés, plus particulièrement l'Occident. Quiconque s’écarte de ce schéma communautaire sur un plan affectif, citoyen, culturel, social, économique ou politique... est aussitôt assimilé sans le dire à un paria et même à un "traître vendu" aux blancs et impérialistes occidentaux, qu'il faut parfois sévèrement tancer, brocarder sur les plate-formes et réseaux sociaux, puis ostraciser.
Je constate ainsi chaque jour avec ces extrémistes identitaires très cyniques et opportunistes, la difficulté que nous aurons désormais dans nos organisations de la société civile à convaincre les pouvoirs politiques (quels qu'ils soient) d'accorder encore plus de moyens à l’intégration de certains migrants, puis à la mixité sociale par exemple en France et en Europe...Alors que nombre d'étrangers sub-sahariens se sont extrêmement fermés sur eux-mêmes sous l'emprise des nouveaux gourous dits panafricanistes et communautaristes, refusant catégoriquement toute forme de multiculturalisme, portant un regard très négatif sur les modèles républicain et démocratique, voyant en leurs pays d'accueil uniquement des prédateurs et bourreaux coloniaux (à l'image du climat particulièrement délétère qui règne au sein des diasporas africaines de Paris autour de la relation tendue entre la France et le Mali, les régimes militaires d'Afrique de l'ouest, puis les dictatures vieillissantes du continent).
Autant dire que notre combat pour une meilleure intégration et mixité sociale s'est singulièrement compliqué, au point de devenir pratiquement impossible auprès de personnes foncièrement intolérantes et haineuses.
L’Italie refuse désormais d’accueillir dans ses ports le bateau humanitaire «Aquarius» avec quelque 600 migrants à son bord.
«Aquarius», «Exodus» : terrible ressemblance
Ce n’est pas seulement une rime : Aquarius, Exodus… Le gouvernement italien vient d’annoncer par la voix de son ministre de l’Intérieur Matteo Salvini (Ligue) que l’Italie refusait désormais d’accueillir dans ses ports le bateau humanitaire Aquarius avec quelque 600 migrants à son bord.
Il a enjoint aux autorités de Malte de laisser le bateau amarrer dans
l’île, mais le gouvernement maltais a rétorqué qu’il n’avait rien à voir
dans cette affaire et qu’il refusait de laisser entrer l’Aquarius. En 1947, un bateau affrété par la Haganah, la branche militaire du mouvement sioniste et rebaptisé Exodus,
en référence à l’exode des Juifs en Egypte aux temps bibliques,
transportant plusieurs milliers de rescapés de la Shoah, avait été
arraisonné par la marine britannique et interdit de débarquer en
Palestine, but de son voyage. Le gouvernement britannique, pour ménager
les Etats arabes, avait promis d’interrompre l’immigration des juifs
d’Europe en Palestine. Le sort de ces passagers misérables, errant sur
les mers, avait touché le monde entier et favorisé, par l’émotion
suscitée, le vote d’une résolution de l’ONU prévoyant un partage de la
terre palestinienne entre Juifs et Arabes, ce qui conduisit à la
création de l’Etat d’Israël en 1948. Aquarius, Exodus : comment ne pas faire la comparaison?
Point Godwin, dira-t-on : le sort des Juifs d’Europe pendant la
guerre et celui des migrants d’aujourd’hui ne sauraient être comparé.
Certes. Mais beaucoup des migrants recueillis à bord de l’Aquarius
viennent de Libye. Or on connaît le sort de ces réfugiés dans la Libye
anarchique et violente. Beaucoup sont pris en otage à des fins de rançon
par des bandes sans scrupule, torturés, violés. Les conditions de
détention dans ce pays sont souvent inhumaines. On a même détecté la
présence dans certaines villes libyennes de «marchés aux esclaves» modernes,
qui évoquent un passé en principe révolu. Point d’extermination ni de
massacre de masse, bien sûr, distinguons les situations. Mais une
violation systématique, cruelle, barbare parfois, des droits humains les
plus élémentaires. Sur ce plan-là, et sur ce plan seulement, les
situations de l’Exodus et de l’Aquarius finissent par se ressembler.
La fermeture des ports au navire humanitaire, comme le rappelle
l’opposition italienne, est totalement contraire au droit maritime et
aux conventions internationales, qui prévoient l’accueil impératif des
naufragés en mer. L’Italie dirigée par la coalition populiste Ligue-Cinq
étoiles leur tourne le dos : immense régression. Il est vrai que
l’Italie n’est pas seule responsable. Salvini a beau jeu de rappeler que
d’autres pays européens manquent à leurs obligations et ferment autant
que possible leurs frontières aux migrants. Du coup l’Italie, comme la
Grèce, pour des raisons de proximité géographique, supporte la charge
principale de l’accueil des migrants venus du sud de l’Europe. C’est
l’impuissance de l’Union à organiser un accueil coordonné qui porte la
principale responsabilité de cette situation. Que cette impuissance
perdure et la comparaison Exodus-Aquarius deviendra de plus en plus pertinente.
Migrants : l’Italie avait-elle le droit de fermer ses ports à l’«Aquarius» ?
Le
ministre de l’intérieur italien a refusé l’entrée du navire
humanitaire, et à ses 629 passagers, dans ses ports. Madrid propose de
l’accueillir.
LE MONDE
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Par Delphine Bernard-Bruls
L’Espagne a annoncé, lundi 11 juin, être prête à accueillir l’Aquarius,
le navire de l’ONG française SOS-Méditerranée immobilisé entre les îles
sicilienne et maltaise. L’Italie et Malte ont successivement renoncé à ouvrir leurs eaux territoriales, et a fortiori leurs ports, à ce bateau et ses 629 passagers partis de Libye.
A quelles conditions peut-on opposer un tel refus ? La convention des Nations unies du droit de la mer recèle quelques ambiguïtés.
La localisation est primordiale
Tout d’abord, la localisation du navire humanitaire est capitale,
note Thibault Fleury-Graff, professeur de droit public, spécialiste du
droit international et des migrations à l’université Rennes-I et membre
du collectif Les Surligneurs.
Selon que le bateau se trouve dans les eaux territoriales (jusqu’à
12 milles marins des côtes, soit 22,2 kilomètres) d’un Etat ou dans les
eaux internationales, des juridictions différentes s’appliquent.
« L’Aquarius a reçu l’instruction du centre de coordination des secours maritimes italien (IMRCC) de rester en stand-by à sa position actuelle, soit 35 milles nautiques de l’Italie et 27 milles nautiques de Malte », a tweeté l’ONG SOS-Méditerranée dimanche dans la nuit.
La position géographique du bateau incarne l’enjeu de la tension entre Malte et l’Italie. Conformément à la convention Search and Rescue (SAR) de 1979, dont l’objectif est de coordonner la recherche et le secours en mer, chaque Etat est doté d’une zone de recherche des navires en détresse.
La notion de « passage inoffensif »
« Les Etats sont obligés de coopérer pour trouver une place sûre pour débarquer les migrants secourus dans leur zone de recherche et de sauvetage »,
a expliqué le porte-parole de l’Organisation internationale pour les
migrations (OIM), Leonard Doyle, citant des experts juridiques.
Le problème, c’est que l’Aquarius a passé la journée de lundi dans une zone SAR commune à Rome et La Valette. Cela peut expliquer le fait que l’Italie et Malte se soient renvoyé la balle.
Le ministre de l’intérieur italien, Matteo Salvini, n’a pas mis de texte juridique en avant pour appuyer sa décision d’interdire à l’Aquarius l’accès à ses ports.
L’article 17 de cette convention dispose que « les navires de tous les Etats (…) jouissent du droit de passage inoffensif dans la mer territoriale ». Les articles 18 et 19 définissent cette notion de « passage inoffensif ». Mais ils laissent place à « une certaine ambiguïté », selon M. Fleury-Graff.
« Zone grise du droit »
A propos de l’arrimage de navires dits « inoffensifs », le premier article dispose qu’« on entend par “passage”(…) se rendre dans les eaux intérieures ou les quitter, ou faire escale dans une (…) installation portuaire ou la quitter. (…) Le passage comprend l’arrêt et le mouillage, mais seulement (…) par suite d’un cas de force majeure ou de détresse ou dans le but de porter secours à des personnes, des navires ou des aéronefs en danger ou en détresse. »
Les 600 migrants à bord du navire ayant été secourus, ils pourraient ne plus être considérés, par les autorités italiennes, comme étant en situation de détresse.
L’Aquarius est-il « inoffensif » ? « C’est là que l’interprétation de Rome devient capitale : on est dans une zone grise du droit », estime le spécialiste de l’asile et de l’immigration. En droit international, « le passage est inoffensif tant qu’il ne porte pas atteinte à la paix, au bon ordre ou à la sécurité de l’Etat côtier », selon l’article 19 de la convention de Montego Bay. Ces atteintes peuvent concerner la menace de son « intégrité territoriale ou [son] indépendance politique », mais également ses « règlements (…) d’immigration ».
Le navire de SOS-Méditerranée enfreint-il ces règles internationales ? C’est ce que semble penser M. Salvini, qui a déclaré, vendredi 8 juin, que les ONG intervenant en Méditerranée agissaient « comme des taxis ». Convaincu que « certaines [ONG] font du bénévolat » mais que « d’autres font des affaires », il a réclamé une intervention de l’OTAN. Avant de prendre les devants vingt-quatre heures plus tard.
« Relocalisation » des migrants : la France a-t-elle tenu ses engagements vis-à-vis de l’Italie ?
Le
gouvernement italien, fustigé par l’exécutif français pour son refus
d’accueillir l’« Aquarius », renvoie la France à sa promesse de prendre
en charge près de 20 000 migrants arrivés en Italie et en Grèce.
LE MONDE
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Par Les Décodeurs
« Le pays le plus en tort par rapport à nous, c’est la France. » Accusé, mardi 12 juin, par le gouvernement français d’être cynique et irresponsable parce qu’il a refusé d’accueillir l’Aquarius, un bateau de l’ONG SOS-Méditerranée avec 629 migrants secourus à son bord, le ministre de l’intérieur d’extrême droite italien, Matteo Salvini, n’entend pas « accepter de leçons hypocrites de pays ayant préféré détourner la tête en matière d’immigration ».
Et de poursuivre :
« [La France] n’a pris jusqu’à présent que 640 migrants quand elle s’était engagée pour 9 610 personnes. »
Une référence au programme de relocalisation des demandeurs d’asile mis en place en 2015 par la Commission européenne, pour faire face à la crise migratoire. En raison de l’afflux massif de migrants en Italie et en Grèce cette année-là, la Commission avait décidé de contourner la « procédure Dublin », qui oblige les migrants à déposer leur demande d’asile dans le premier pays où ils arrivent, et de répartir
dans les différents Etats membres (et dans d’autres pays volontaires,
comme la Suisse ou la Norvège) les demandes de près de 100 000 migrants.
La France n’a pas atteint ses objectifs vis-à-vis de l’Italie
Les chiffres cités par M. Salvani correspondent, dans l’ensemble, à
la réalité : d’après les derniers chiffres de la Commission européenne,
datant de mai 2018, la France aurait accueilli seulement 635 migrants
arrivés en Italie… alors qu’elle s’était engagée à en recevoir 7 115, soit moins de 9 % de son quota.
La France fait partie des pays d'Europe de l'ouest et centrale ayant le moins accueilli de migrants arrivés en Italie
Nombre de personnes arrivées
en Italie et effectivement relocalisées dans les Etats européens, au 31
mai 2018. En haut, les pays ayant le plus respecté leur quota. En bas,
ceux étant les plus éloignés de leur quota.
Pologne ● Différence par rapport à l'engagement auprès de la Commission européenne : 1 861
« La relocalisation à partir de l’Italie n’a pas très bien fonctionné parce qu’une fois arrivés là, les migrants peuvent repartir seuls vers l’Europe du Nord »,
rappelle le directeur de l’Office français de protection des réfugiés
et apatrides (Ofpra), Pascal Brice, qui observe ainsi pourquoi ces
derniers n’ont pas souhaité entrer dans le dispositif.
Les populations qui traversent l’Italie comptent beaucoup de
Soudanais et d’Erythréens, deux nationalités dont les communautés sont
nombreuses en Europe du Nord et au Royaume-Uni, mais pas vraiment en
France. A ce point s’ajoute le fait que les Italiens ont attendu 2016
pour autoriser la Franceà venir dans les centres d’accueil (les « hot spots ») sur son territoire.
De meilleurs résultats concernant les migrants arrivés en Grèce
En revanche, l’Ofpra a très tôt pu se rendre en Grèce et entendre des migrants éligibles à l’asile, afin de leur proposer une relocalisation en France. L’Ofpra a pu travailler
en continu à Athènes, ce qui explique, en partie, le fait que les
engagements français vis-à-vis des Grecs aient été mieux tenus.
Migrants arrivés en Grèce : la France a accueilli plus de 60 % des personnes qu'elle s'était engagée à recevoir
Nombre de personnes arrivées
en Grèce et effectivement relocalisées dans les pays européens, au 31
mai 2018. En haut, les pays ayant le plus respecté leur quota (les
valeurs négatives indiquent qu'ils ont accueilli plus de personnes que
leur quota). En bas, ceux étant les plus éloignés de leur quota.
Pologne ● Différence par rapport à l'engagement auprès de la Commission européenne : 1 861
L’engagement de la France vis-à-vis de la Grèce pourrait d’ailleurs être amené à évoluer : près de 16 000 personnes sont encore en attente de prise en charge en Grèce.
Certaines personnalités respectables en France et
ailleurs en Europe avanceront à nouveau sans sourciller le risque
d'un "appel d'air"; pour surtout s'interdire
d'accorder un traitement digne (d'États dits civilisés) à tous ces
jeunes migrants tunisiens qui errent encore dans l'Est parisien
notamment.
L’Italie s'honore
d'autant plus en choisissant la solution de la régularisation, que
sa situation économique n'est pas des plus reluisante.
Seulement elle semble
avoir compris que la régularisation d'une centaine de jeunes migrants Tunisiens ne changera pas véritablement les flux actuels de
la migration (à l'issue parfois dramatique) dans ses frontières;
pas plus d’ailleurs que chacune des personnes appelées à être
régularisée dans le cadre de la nouvelle mesure gouvernementale ne
fera obligatoirement venir toute sa fratrie, tout son village, toute
sa ville, ou toute la Tunisie en Italie ou en Europe.
Le choix ou l'aventure de
la migration est souvent (hélas) un choix ou une aventure solitaire, rarement solidaire comme pour les réfugiés ou les demandeurs d'asile.
“Tunisie : Diplomatie : L’Italie règlera la situation à des milliers de ‘’sans papiers’’ tunisiens”
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situation à des milliers de ‘’sans papiers’’ tunisiens on:
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Documentaire à voir absolument, pour mieux comprendre les articulations politiques et économiques de la coopération entre l'Union Européenne et les régimes libyens en matière de lutte contre l'immigration (noire) africaine en Europe.
“Le Piège”, ou l'errance sans fin des migrants africains
"Exploités par Kadhafi, rejetés par l'Europe. Le documentaire exceptionnel “Le Piège” d'Alexandre Dereims montre le tragique destin des migrants africains
«Un convoi perdu dans l'immensité du Ténéré. Les camions surchargés peinent sous un soleil de plomb. Au sommet des remorques, cramponnés aux cordes qui retiennent leurs bagages, des centaines de migrants traversent le désert. Ils rêvent d'Europe, d'une autre vie pleine de promesses. Ils sont prêts à braver la soif et la mort pour y arriver.
En Libye, Kadhafi leur avait promis la fortune. Mais là-bas, ils ont connu l'enfer des centres d'internement. Dans le cadre d'un accord entre la Libye et l'Italie, les migrants, éternels clandestins, vivaient sans cesse dans la peur d'être raflés par la police.
Kadhafi se livrait alors à un odieux chantage avec l'Europe, en organisant en sous-main, l'embarquement des migrants vers l'Italie. Aujourd'hui, leurs vaisseaux de fortune viennent se briser sur les rochers de Lampédusa.
Une fois arrivés en Europe, les migrants errent entre ''jungles'' et centres de rétention, sans jamais obtenir de papiers, perdus dans le labyrinthe des lois européennes. Ils butent contre tout, partout, tout le temps.
Ils sont... pris au piège. Malgré cela, ils se débattent, de toutes leurs forces pour avoir le droit de vivre heureux. A l'heure où l'Europe ferme ses portes, leur rêve ne se réalisera pas, ou alors au prix fort..."
Enquête au Niger, en Libye, en Tunisie, en Grèce et en Italie avec les migrants africains en route vers l'Europe.»
Documentaire
Durée 75’
Auteur-réalisateur Alexandre Dereims
Sur une idée originale de Alexandre Dereims et Claire Beilvert
Production France Télévisions / Première Nouvelle / Maha Productions
Année 2011
Comment est né ce documentaire ? Alexandre Dereims :
En parlant avec Pablo, un jeune Camerounais qui m’a raconté son histoire. Lui, tout comme les autres migrants, est passé par l’enfer avant d’arriver en Europe. Il a vraiment payé le prix fort pour atteindre l’Hexagone. Alors que l’immigration est un sujet d’inquiétude en France, que l’idée d’« invasion » fait depuis quelque temps des ravages dans notre pays, que de nombreux Français ont peur des Africains qui « viennent leur piquer leur boulot et leurs allocs », je voulais, en suivant ces hommes, qu’on comprenne d’où ils viennent, quel périple ils avaient dû faire pour monter jusqu’en Europe, les difficultés qu’ils avaient rencontrées. Je souhaite qu’on sache ce qu’ils ont vécu. Dans le détail.
Quel regard portez-vous aujourd'hui sur ces hommes ? A. D. : Ce sont des hommes qui estiment ne pas avoir le choix. Ils rêvent tous d’une autre vie. Ils se voient comme des aventuriers, pas comme des clandestins ou des mendiants. Aujourd’hui, quand un Français part à Londres pour trouver le boulot qu’il n’a pas chez lui, on le félicite, on salue son esprit d’initiative. Pourquoi un Africain n’aurait pas le droit de vouloir s’en sortir ? Ces hommes ont été pris dans le piège que leur a tendu Kadhafi : ils ont été des outils de chantage pour faire ployer une Union européenne qui ne voulait décidément pas d’eux. Leur histoire est bouleversante.
Vous avez pris beaucoup de risques pour réaliser ce documentaire…
A. D. : Nous avons réussi à obtenir une autorisation de tournage au Niger, mais il nous a malgré tout été difficile, à Claire Beilvert et à moi, de réaliser ce film. Tout d’abord parce que la région n’est pas sûre : quelques mois après notre venue, des salariés d’Areva ont été enlevés, Aqmi a étendu son action au nord d’Agadez. Nous avons dû nous déplacer sous escorte militaire. Ensuite, l’armée nigérienne ne voulait pas que l’on connaisse l’ampleur du trafic que génère le transport des migrants. Elle nous a empêchés de travailler et nous a même menacés de mort. Les chefs de ghetto que nous voulions approcher refusaient pour la plupart de nous parler et montaient les migrants contre nous. Les officiels, la préfecture, la police nous ont rackettés pour que l’on puisse tourner. A Dirkou, on nous a fait dormir dans une décharge pour nous faire renoncer. Nous nous sommes ensuite rendus en Libye quand la guerre a éclaté. Nous étions là au plus fort des affrontements, auprès des rebelles. Là aussi c’était très dangereux.
Quelles conséquences, selon vous, aura la chute du régime de Kadhafi ? A. D. : Je suis très inquiet pour l’Afrique. Les immigrés qui réussissaient à atteindre la Libye et l’Europe envoyaient de l’argent chez eux et dynamisaient ainsi l’économie de leur pays. Sans cet argent, que va-t-il se passer ? Je crains de graves troubles sociaux dans les mois à venir…
Propos recueillis par Isabelle Ducrocq
LE MAG, France 5
Une centaine de migrants tunisiens ont entamé l'occupation du Gymnase de la Rue de la Fontaine au Roi (au numéro 100), dans le onzième arrondissement de Paris, et auront certainement besoin de la solidarité de tou(te)s, afin de leur éviter une expulsion manu militari programmée, à l'image de celle qu'ils ont vécue il y a quelques jours dans le 19éme arrondissement.
A première vue la plupart d'entre eux ont pu prendre leur marque avec le voisinage, semblent apaisés et entourés par un élan de solidarité des habitants du quartier, et disent avoir reçu l'assurance de la Mairie du onzième de rester dans les lieux pendant le week-end.
Qu'adviendra-t-il à partir de lundi 09 mai? devront-ils vivre dans la peur d'une expusion éventuelle, comme celle du 51 avenue Bolivar dans le 19ème? à l'issue de laquelle ils ont rédigé une lettre ouverte à l'attention du, dixit,"Président de la Ville de Paris"?
À l'évidence nous devons veiller à ce qu'un tel incident malheureux ne se reproduise pas. Car visiblement la Mairie de Paris* s'est surtout donné bonne conscience en décaissant 100 000 euros gérés par deux associations , puis de leur proposer des lits dans des centres d'hébergement de nuit pour sans domiciles fixes.
Pourtant, au-delà des risques de dispersion et d'interpellation par la police auxquels ces propositions (bien généreuses de la Ville de Paris) exposaient ces migrants tunisiens, elles entérinaient surtout de manière officielle l'impasse légale dans laquelle se retrouvent aujourd'hui les migrants tunisiens en Europe et en France.
Certains pourraient d'ailleurs objecter, à raison, ne (toujours) pas comprendre pourquoi notre pays devrait faire exception pour ces migrants tunisiens, alors que leur pays vient de vivre une révolution vers la démocratie. Ou pourquoi la France devrait leur offrir un traitement de faveur (vraisemblablement plus décent ), alors qu'ils sont "clandestins" et "illégaux?
Ils auraient la mémoire courte, par rapport aux mouvements migratoires qui succèdent bien souvent la libération des peuples des régimes totalitaires.
Ce serait surtout occulter que beaucoup des migrants tunisiens sont aujourd'hui détenteurs d'un titre de séjour (provisoire) italien, qui leur permet à minima, de séjourner de manière temporaire dans tout autre pays de l'espace Schengen, de ne pas y être retenu ou détenu comme de vulgaires sans-papiers, voire d'être renvoyés de force en Italie, sachant qu'une fois sur place ils encourent le danger d'être éventuellement arrêtés et expulsés vers la Tunisie.
Il s'agit simplement pour la France, l'Europe, de ne pas rater le train de l'Histoire Tunisienne et arabe une seconde fois.
Car se libérer du régime dictatorial de Ben Ali signifie aussi pour nombre de (jeunes) Tunisiens, pouvoir jouir du droit de choisir son destin, de bénéficier de la même mobilité européenne et internationale restreinte (jusqu'à une date récente) à une certaine élite locale, uniquement aux européens séjournant en Tunisie...puis de revenir en Tunisie une fois que ce pays aura conforté son assise démocratique et économique (grâce au soutien sans faille de la France et de l'Union Européenne notamment).
Dit simplement, il est aberrant de refuser un statut légal à des migrants Tunisiens dont on sait pertinemment que nombre d'entre-eux retourneront en Tunisie dans quelques mois ou années, si la France et l'Union Européenne parviennent à accompagner leur émancipation politique par un réel soutien financier. Dans ce contexte particulier, personne ne peut croire que la régularisation temporaire de quelques milliers de Tunisiens ébranlera toutes les fondations de l'édifice européen dans un incontrôlable "appel d'air de toute l'Afrique"; alors que les autres africains (subsahariens notamment) qui transitent par la Tunisie en provenance de Libye y sont bien accueillis et aspirent le plus souvent à rejoindre leurs pays respectifs.
Organisons une mobilisation dans le onzième arrondissement de Paris à la hauteur du soutien que nous avons unanimement témoigné à la révolution tunisienne, en gardant à l'esprit qu'une partie de la relation fraternelle entre la France et la Tunisie de demain se noue aussi dans l'attention que nous porterons au sort digne réservé à ces Migrants Tunisiens du Gymnase de la Fontaine au Roi.